des bâtiments d’école, et un spacieux presbytère, qui étend
sa longue façade au midi, en bordure d’un grand jardin...
de presbytère français.
En chaises à porteur, l’état-major a fait ensuite sa visite
au vice-roi et au tao-taï des affaires étrangères. On les
attendait : rien n’était négligé dans la mise en scène. La
grande porte s’est ouverte et ils ont vu une enfilade de
cours, occupées par une double haie de soldats. Les soldats
étaient propres, ce qui n’est pas commun en Chine;
mais les armes paraissaient mal entretenues. Pétards, effarement
des chevaux, champagne, gâteaux, compliments
divers. Champagne encore chez le tao-taï des affaires étrangères
: la réception y a été modeste, mais assez cordiale.
Je déjeunerai demain chez ce tao-taï.
Ill
NANKIN — LA VILLE VIVANTE
Nous avons quitté le bord à dix heures du matin. Sur
la berge, trois voitures nous attendaient; un mandarin à
bouton de cristal, chef de la gendarmerie et interprète anglais
à la fois, nous en a fait les honneurs : je monte
dans la seconde voiture avec le lieutenant de vaisseau Pa-
qué. Nous sommes précédés d’un cavalier et suivis de deux
hommes montés sur des ânes. C’est imposant à la façon des
cérémonies de don Quichotte.
Un peu après l’endroit où nous nous étions arrêtés dans
notre promenade d’hier, nous trouvons une sorte de grand
arc de triomphe, un peu massif, un arc à trois arceaux. Là,
des chaises à porteurs stationnent; nous y prenons place,
et nous partons pour la Mission à travers de petits sentiers
pavés ou dallés, qui ont été des rues, mais ne sont plus
bordés que par des champs ou des jardins, avec quelques
maisons, par intervalles.
De temps en temps, un ruisseau presque à sec, des flaques
d’eau croupie, des campements faits de paille, d’où
des gens très sales nous dévisagent avec de grands yeux
noirs pleins de stupeur. Le type chinois est ici moins prononcé
qu’à Shanghaï; ou peut-être c’est moi qui m’habitue à
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