surtout; remarquer par l’imprévu do leurs aspects. Mais, quand on
approche de Wuhu, les montagnes s’éloignent au second plan. Entre
Wuhu et Nankm, pays plat, avec quelques légères ondulations.
( Y a u l s e r r e .) Cependant, à 14 milles au-dessus de Taï-ping, Oliphant
admirait de beaux rochers à travers lesquels le fleuve s’ouvre
un passage, et, comme ils sont surmontés de batteries, il les comparait
a Gibraltar. Nankin s’annnonce d’assez loin par la pointe du
Mont-Samt-Michel ou Tse-kin-chan (445 mètres) ; elle domine au
nord-est 1 enceinte de la ville. Mais les collines avoisinantes manquent '
de majesté. En revanche, les collines plus élevées qui encadrent les
îles voisines de Chm-Kiang, ses passes difficiles et son bund, surtout,
après Chm-Kiang, les hauteurs fortifiées de Kiang-yn, commandent
vraiment l’entrée du fleuve. L’Angleterre, assure le P. Gaillard, tenta
vainement de se faire ouvrir Kiang-yn, « la vraie centrale ». clef de la ’chine
Chin-Kiang s’ouvre près de la bouche méridionale du grand canal
impérial, dont les eaux baignent ses murs sur deux côtés. C’est le
Youn-ho, par lequel, dès le vu« siècle de notre ère, la dynastie des
inang avait commencé à réunir les deux grands fleuves de la Chine,
e Mongol Koubilaï-Khan, et le premier enipereur de la dynastie des
nig, Hong-wou, complétèrent Ce travail gigantesque qui relie d’une
part au Yang-tse la grande ville de Hang-tcheou et le lac Ta-hou •
d autre part, le Yang-tse à Tien-tsin et Pékin, par Kou-teheou et
Yang-tcheou, les Caiju et Jonguy de Marco Polo, qui fut trois ans
gouverneur de cette dernière ville « mult puissante », peuplée, selon
de 1,500,000 ames : Yang-tcheou n’en a plus que 360,000. (V ato -
s e r re .) Ce canal, long de 2,000 kilomètres, large de 20 à 60, s’est obstrue,
et d autre part, depuis que les transports de riz et de sel se
font surtout par bateaux à vapeur, n’est plus aussi nécessaire qu’il
a ete autrefois, mais on travaille à le remettre en état sur certains
points, et il peut rendre encore des services. (Voir Le Canal impérml
par le P. Dominique G an d a r, dans les Variétés sinoloqiques, 1894, m -8°.) * g
Le canal impérial peut être considéré comme un affluent du
ang-tse, mais il n’est pas le dernier, car on doit mentionner, surtout
pour 1 importance de la ville qu’il arrose, le Whang-pou, large à Shanghai
plus que la Seine à Paris et qui, à 12 kilomètres de Shanghaï,
bsea rjreet tde u dna ancsc èl’se sdtiuffaiciriele .du Yang-tse, à Woo-sung, en formant une
IV
EMBOUCHURE ET BASSIN
Cet immense estuaire qui forme l’embouchure du Yang-tse est large
d au moins 4 lieues et le voyageur s’y sent comme perdu 1 « Le
Yang-tse s ouvre comme la mer... Ni le Mékong à son embouchure.
ni le Mississipi à la Nouvelle-Orléans ne donnent une telle impression
d’immensité. » (W e u le rsse.) Sali de sable et de vase, charriant les
terres diluées de ses berges, il se révèle « sous l’aspect d’une masse jaunâtre
démesurément étendue, où l’on distingue à peine, à l’horizon,
une double ligne, de teinte plus sombre, mince comme un fil, indiquant
les rives basses, à demi noyées ». (Marcel M o n n ier.) Vues de
près, ces rives paraissent d’abord infiniment monotones ; comme les
polders de Hollande, elles ont des canaux pour chemins. Mais le puissant
volume des eaux que roule le fleuve étonne. Sur ce volume, les
chiffres donnés ne sont pas tous d’accord. Selon Little, il est, à
Itchang, de 675,800 pieds cubes par seconde ; à Hankéou, de près
d’un million de pieds cubes. (Cf. H.-B. Guppy, Notes on the hydrology
of the Yang-tse, et Hivers of China.) Selon Marcel Monnier, au même
endroit, près du confluent du Han, il est en moyenne de 60,000 pieds
cubes par seconde ; selon Sculfort, membre de la Mission lyonnaise,
de 18,000 mètres cubes par seconde, 36,000 aux grandes eaux.
On admet que son débit moyen, à l’embouchure, est de plus de
20,000 mètres cubes, soit six fois celui du Nil, et dix fois celui du
Rhône : il n’est dépassé, sous ce rapport, que par les Amazones, le
Congo et le Rio de la Plata. (R eclu s.) Il transporte 2 millions de
pieds cubes de terre par heure, soit 496 millions de mètres cubes par
an, près de trois fois l’apport du Gange. (B arro w .) Selon Guppy,
médecin de la marine anglaise, dont les calculs sont de 1877-1878, et
Havret, les vases déposées par le fleuve dans la mer atteignent par
seconde 6 mètres cubes, soit en un an 182 millions de mètres cubes,
quantité suffisante pour recouvrir 100 kilomètres carrés sur près
de 2 mètres d’épaisseur. De là le développement rapide qu’ont pris
plusieurs îles factices, à son embouchure. La principale est l’île
Tsoung-Ming, qui, signalée dès le VIIe siècle, coupait naguère en
deux son estuaire, et qui aujourd’hui est à peu près soudée au continent,
le canal du Nord s’étant obstrué. Cette île de 70 kilomètres
de-longueur sur 4 de largeur moyenne (V a u lse rre , C o tte au) ne
contient pas moins de 1,500,000 habitants, 2,000,000, selon d’autres
évaluations, dont près de 10,000 chrétiens. Protégée contre les raz
de marée par une chaussée .construite en 1762, elle servit d’abord
d’asile ou de lieu de déportation à des fugitifs ou à dès condamnés.
Mais elle est incessamment rongée par le flot, et sa superficie, depuis
dix siècles, a été diminuée de moitié. Comme, par contre, sa population
a doublé, la misère y est extrême. L’île n’a que les maigres
ressources de ses cultures, de ses pêches et de quelques salines. (Le
P. Henri H a v re t.) On l’appelle quelquefois Kiang-chi, langue du
Kiang.
De là aussi ce qu’on peut appeler le Delta du Yang-tse. D’après le
Chon-King, livre sacré des Chinois, 2e partie (Eia-chou), ch. Ier
(Yu-Koung), le fleuve se déversait autrefois en trois larges bras. Celui
du nord subsiste seul. « Les chroniques chinoises nous ont conservé
le souvenir d’un vaste delta, s’étendant depuis le cours de la