aujourd’hui une très agréable station balnéaire, chère à la
colonie européenne pour la douceur de son climat. L ’eau n’y
gèle point, même au moment où le golfe du Petchili se
couvre de glace. Au bord de cette eau très claire est une
large plage de sable, avec des hôtels propres, des cabines de
baigneurs, des baigneuses en quantité. Rien d’extraordinaire
en tout cela, semble-t-il. En Chine, c’est absolument inattendu.....
Nous ferons route pour Toulon vers le 15 septembre. Qui
le croirait? Si heureux que nous soyons de revoir bientôt
la France, nous ne nous détachons pas sans regret des pays
de l’Extrême-Orient. Che-fou avait ses charmes. Le soleil
y était gai, pas trop chaud, tempéré qu’il était par la brise du
large; des fruits excellents, tous les fruits d’Europe, raisins,
pêches, poires, prunes, s’y vendaient partout pour un prix
très modique. Volontiers nous eussions passé là le temps
d’une saison de bains, assurés de pouvoir comparer ensuite
à la plage chinoise les plages françaises.
LES ESCALES DU RETOUR — AMOY ET LES
PESCADORES (septembre iç o i )
Le voyage de retour sera moins fiévreux que le voyage
improvisé d’il y a deux ans; nous regarderons plus à notre
aise Ceylan et l’Egypte. Combien d’escales avant la dernière
!Amoy, les Pescadores, Hong-Kong, Saigon, Poulo-We,
Colombo, Djibouti, Suez, Port-Saïd. Ici, nous sommes opprimés,
annihilés par une chaleur intolérable. Que l’on couche
à l’hôtel, à bord, sur le pont, nulle part on ne peut dormir...
Amoy, 12 septembre. — Belle traversée jusqu’au port
d’Àmoy, Emouy, disaient les anciens géographes, Hia-men,
disent les Chinois. C’est un des plus anciens ports ouverts de
la Chine, un double port correspondant à une double ville,
dans un beau décor montagneux, entre Fou-tcheou et Canton,
sur le canal de Formose. Très açcidenté, très peuplé, ce
pays n’attire pas. C’est ici que résident quelques-uns des banquiers
chinois les plus riches, et c’est ici que s’étale la misère
la plus effroyable peut-être. Bêtes et gens fraternisent au
milieu d’une saleté indescriptible, dans les quartiers pauvres ;
mais, pas très loin, les somptueux hôtels abondent. L île ou
est située Amoy contient peu d’étrangers : ils habitent surtout
l’île plus petite de Koulang-su, sur les hauteurs. L ’en