timiste sur la Chine (i), M*r Reynaud, nous avait tous invités
à déjeuner, à dîner et à coucher : nous étions douze.
Il nous mettait ainsi à notre aise pour visiter sans hâte la
ville chinoise, la plus propre que j ’aie encore vue. Ses
grandes dalles de pierre sont constamment balayées par des
boys; ses boutiques dorées exposent d’immenses lits en bois
scuîptéi divers ouvrages très élégants, de laque et de marqueterie,
des tapis, des jades, car Ning-po, qui est une
ville savante, presque aussi renommée par là que Nankin,
est aussi une ville industrielle et artistique, et l’on ne vante
pas moins ses brodeurs, ses incrustateurs et ses ébénistes
que ses libraires.
Digère-t-on à Ning-po plus qu’ailleurs? Du moins les
chalets de nécessité y abondent, chalets en plein veut,
ouverts du côté de la rue.
C’est dans l’intérieur de la ville chinoise qu’habitent les
soeurs : elles font du satin, des broderies chinoises et européennes,
qu’elles envoient surtout à Londres. Leur établissement
est immense. J y ai vu un système de bambous, permettant
de bercer dix-huit bébés à la fois. Sur sept soeurs, il y
a six Françaises et une Anglaise, nièce de l’amiral Seymour.
Notre invasion a mis en joie — joie discrète — les Françaises.
Le reste de la journée consacrée à Ning-Po a été pris
par une visite, en corps, aux tombes des Français morts dans
cette ville en 1863-1864, et par l’ascension d’une tour hexagonale
de cent soixante pieds, assez peu originale, quoique
legerement penchee : tout au sommet des sept étages, éclaires
chacun par une fenêtre, on découvre un large horizon de
IImÉShB aut1y CMne, Abbeville, Paillard, 1897, in-Su,r Ning-Po, TOlr le livre de Jü rien de 8l»a, Garreacv idèer ec cuirtiée uàs elsa BGirbalvioiegrrea pah éieté, cshu.r txovuiti ,i reat plpesé Advee lnat ulraersg edue rR eotb deer tl aF orrétguunlea, r1it1é1. dJeu rqieunel qduee lsa- cuonmesm dee as uru ceosr,d deea ula d esp clehnaqdueue rc Iôntéu sditeé ece ds uv odioesu brloem raainnge sd. e boutiques alignées
plaines ou de montagnes, celles-ci assez rapprochées de la
ville, vers le sud-ouest, et d’un aspect très pittoresque. Ce
sont les gorges de la Vallée Neigeuse; où. il n’y a de neigeux,
d’ailleurs, que la blancheur des roches et l’écume des'
cascades. Nous avons inscrit tout au haut de cette tour
le nom de 1 ’Amiral-Charner; parmi un certain nombre de
noms européens, mais point français. C’est le Tien-foung-
tah (Présent de la faveur céleste, ou Temple des vents du
ciel, selon les traducteurs), vieux de onze siècles, souvent
ruiné, toujours relevé, car c’est le talisman auquel est attachée
la fortune de Ning-po. On voit ce monument de fort
loin.
Les deux repas ont été ce qu’ils devaient être, vraiment
épiscopaux. Au premier, j’ai fait l’expérience des fameux
oeufs fermentés, si appréciés dans ce pays. La main sur
l’estomac, ce n’est pas mauvais; mais on est dominé par
une telle appréhension qu’on est incapable d’en manger beaucoup.
Au reste, personne n’a été incommodé, peut-être grâce
au thé final, que nous avons fait à un riche indigène chrétien
le très grand honneur de prendre chez lui. Ces braves
gens se sont mis en quatre pour nous offrir toutes sortes
de douceurs. Après audition des meilleurs morceaux d’un
phonographe ecclésiastique, j ’ai dormi dans un lit chinois,
c’est-à-dire très dur.
Mais, le lendemain matin, le retour a été plus pénible, par
une pluie battante. Le petit carré du torpilleur ne pouvant
nous contenir tous, quelques-uns, dont votre serviteur, ont
été trempés à fond. Une charmante compensation m’était
réservée. Jeudi dernier, V Amiral-C harner a appareille de
Ting-Haï pour aller, en traversant la « mer des lis d’eau »,
mouiller, à l’est des îles Chusan, devant Pu-tu (prononcez
Pou-tou), île réservée aux bonzes et gouvernée par leur chef,
sans contrôle de l’Etat. Elle leur fut donnée jadis, dit-on,