s’ouvre et nous laisse voir un grand jardin tranquille, aux
allées droites. À gauche, le porche d’une église dont nous
remarquons le style bizarre : « C’est, nous dit le Père, qu’on
a voulu flatter le goût chinois. » En revanche, près de là,
une grande bâtisse à un étage présente tout à fait 1 extérieur
d’un presbytère de nos pays.
Un repas simple, mais copieux, est servi : oeufs fer-
mentés, soigneusement conservés depuis plus de six mois,’
petits gâteaux chinois qui remplacent ici le pain; tout cela
fade encore. Ne nous plaignons pas, car, a notre grande
surprise, nous trouvons ici de la bière. Le Père en fabrique :
ce n’est pas un brasseur irréprochable; mais, pour nous,
c’est un bienfaiteur. Avertis de l’arrivée d’un bâtiment français
devant Nganking, les missionnaires des districts voisins
sont accourus. Assis dans le jardin, par une soirée
admirable, ils causent un peu de la Chine, beaucoup de
la France. C’est pour eux une heure exquise, et en voilà
pour plusieurs années.
Le lendemain, de très bonne heure, en chasse ! Les uns
à cheval, les autres à dos d’âne, sortent de la ville, et
traversent une vaste plaine couverte de roseaux verts d’une
hauteur d’environ un mètre. Ils longent une chaussée destinée
à servir de route quand la crue du fleuve inonde
toute la plaine. La route, assez large, fut peut-être belle
autrefois, mais est maintenant défoncée, coupée de monticules
imprévus et d’effroyables ornières, que les brouettes
mettent un soin scrupuleux à suivre. De temps en temps,
on fait la rencontre d’un chariot aux grosses roues, horriblement
grinçantes, qui risquent de s’embourber là pour
l’éternité, ou d’un vieux laboureur qui s’en va doucement
au trot de son petit âne.
Les rizières succèdent aux roseaux; puis les terres s’élèvent
: dans cette région les céréales et les patates sont