qui, dans leur lourdeur exagérée peut-être, n’en sont pas
moins saisissants de vérité, i
- Après ces bêtes, des guerriers pétrifiés et armés, porteurs
d’épées ou de massues, des colonnes, plusieurs enceintes réunies
par de petits escaliers, un grand pont jeté sur un ravin,
une porte pratiquée sous une grande masse rectangulaire, et,
sous cette masse, une voûte; un escalier montant; enfin, au
sommet de cet immense cube, les vestiges d’une pagode. Tous
ces détails d’un ensemble monstrueux sont fort inégalement
pittoresques; mais lès animaux en pierre, dressés presque à
perte de vue à travers la campagne aride, laissent une impression
de grandeur mystérieuse qui me domine encore. Ils sont
seulement un peu trop rapprochés : l’allée, dallee de marbre,
n’est pas assez large proportionnellement à sa longueur.
Elle fait des coudes à angle droit, pour dérouter les mauvais
esprits qui auraient été tentes de suivre le cercueil.
De la terrasse du monument on domine Nankin et le
fleuve. Le paysage est grandiose à force de solitude. Mais'
les montagnes sont peu imposantes. Ce sont moins des
montagnes que des ondulations modestes, qui donnent au
pays l’aspect de certaines régions du nord de l’Afrique. C’est
au pied d’une de ces collines, dont il couronne un contrefort,
qu’est élevé ce monument haut d une dizaine de métrés.
Nous sommes revenus par le Kong-Youen et le Nan-Men,
et nous avons marchandé divers petits objets dans ces
boutiques qui rassemblent autour de leurs devantures des
centaines de badauds chinois. Vers quatre heures, nous avons
accepté à la Mission un goûter copieux, que nous avions
vraiment bien gagné : le beurre de conserve, les cacaouettes
au sucre, les oranges confites, arrosées d’un excellent muscat,
ont paru tour à tour et disparu. A six heures, nous étions de
retour à bord. Mais ces animaux en pierre m’étaient restés
dans l’oeil, et, la nuit, ils m’ont dansé dans le cerveau. Tous