d affronter les coups de vent du détroit de Formose. Le
courant, très rapide, retardait notre marche ; c’est à une
vitesse modérée que nous franchissons successivement la
passe de Kimpaë, goulet de trois cents mètres très bien défendu,
et le fort Mingam, où l’on distingue les Fils du Ciel
ranges sur la berge autour de leurs différentes bannières.
Enfin, après trois heures de navigation en rivière, nous mouillons
devant Pagoda.
Ce ne sont pas les sampans qut manquent : ils encombrent
même le débarcadère. Il y a, sur ces côtes, de véritables villages
flottants, où naît, vit, meurt une notable partie de la
population du Fo-Kien. Les règlements lui interdisent de
vivre à terre : c’est une sorte de caste de parias; leurs enfants
nont même pas le droit de se présenter aux examens. Ma
foi, ils s’en passent, s’accumulent et se multiplient dans ces
sampans ou une cloison transversale forme deux appartements
non meublés, mal protégés contre la pluie par quelques
bambous qui supportent une natte grossière. De là se précipite
une tribu hurlante, à l’odeur nauséabonde, quand l’Européen,
sa proie, est en vue. Il faut jouer des coudes; mais
alors on ne peut se boucher le nez.
Heureusement, des chaises à porteur sont là, et l’on gravit
la colline au pas rapide et sûr des.« pa-ka-oué ». Bientôt le
bruit du port ne nous poursuit plus. On voit se succéder les
maisons occupées par les membres de la Mission française,
maisons avenantes et solides, entourées de grands jardins
où se mêlent avec harmonie toutes les variétés de fleurs.
Quelques jeunes élèves de l’Arsenal passent, vêtus de belles
robes bleu de ciel, chaussés de bottes en satin noir, maniant
l’eventail avec distinction. Un cri soudain des porteurs avertit
qu’on est arrivé.
Ce pays n’est pas seulement un des plus beaux de la
Chine • c’est, à coup sûr, comme le remarquait M. Doyère,
celui où un officier de marine se retrouve le plus en famille,
car l’élément français, nombreux, qui existe à Fou-tcheou,
appartient presque tout entier à l’Arsenal et le personnel de
l’Arsenal presque tout entier à la marine. Cette tradition
est vieille, puisque c’est en 1869 que le lieutenant de
vaisseau Giquel et son compagnon d’Aiguebelle fondèrent
cet arsenal (1). Les bateaux de guerre français qui
visitent ces bords du Min où les hautes cheminées d’usines
font contraste avec les petites villas enfouies dans les arbres,
sont là' comme dans un port français, sous l’oeil
bienveillant des autorités chinoises, heureuses de témoigner
leurs sympathies aux amis de leurs amis. de 1 Arsenal.
Le voisin de M. Gourlaouen est un certain Pere Gonzalez,
qui fume force cigares, et en a toujours les poches, les manches
bourrées. Consommé dans la science du jeu de dominos,
mais mauvais joueur, il invective, avec une verve espagnole,
son partenaire, qu’il rend toujours responsable des
parties perdues par lui. Chassé des Philippines par 1 insurrection,
il est devenu l’aumônier (?) de la Mission française :
il parle, du moins, le français avec aisance. Des voisines
encore, ce sont les religieuses de Saint-Paul de Chartres
(décidément, ce coin de Pagoda est bien nommé le Mont
Sacré), soeur Louise et soeur Alphonsine, toujours occupées
à recueillir les nouveau-nés, à soigner les malades, a distribuer
aux adultes des travaux à leur portée. Tout ce monde
est de bonne heure sur pied, car, entre les veilleurs de nuit,
qui, pour manifester leur activité, ne cessent de frapper à
tour de bras sur des instruments de métal ou de bambou
(1) Voir P. G i q u e l , L'arsenal de Fou-tcheou, ses résultats,1874 in-8° (né en 1835, Giquel mourut en 1886) et, dans la Changhaï, Chine nouvelle, Fcirtaéne càe ,l aa Bveibc lidoegurxa pahritei,c lne»s 4d, eL eL poourist dSec Fuoltuo-rttc hseuoru ,l ’parasre Cnal al uddee Fl ,o cuo-tncshuelo due. I Ltrea i8t éo rcetolabtrief à19 0l3’a,, rsMen. aDl edlec aFssoéu -atcnhneoonuç aéitta iat ur ecnoonusveeillé dpeos umr iqnuisattrrees aqnus.e le