.communique par une rivière, les lacs Hoangtse et Kaoyeou, plus
• éloignés et plus grands, reliés à l’ancien lit du Hoang-ho et au
Yang-tse par la branche nord du canal impérial; mais eelui-ci se
piolonge aussi sur la rive droite, où nous le rencontrerons.
La rive droite est plus accidentée : du côté sud, en effet, le bassin
du Yang-tse est limité assez nettement par la suite des monts Mailing,
Nan-ling, Ou-yi-Chan. En réalité, c’est la chaîne des Yun-Iing
qui, partant du Setchouen, Vient aboutir en face de l’archipel Chusan,
.après avoir projeté deux bras vers le Yang-tse. (C o crcy .) Elle formé
•la limite de partage des eaux entre le bassin du Yang-tse et celui du
Si-Kiang. On ne trouve pas sur cette rive d’affluents à comparer au
Mm et au Han. Mais deux grands lacs, le Toungting et le Poyang,
sont, de ce côté, en communication avec le fleuve par des émissaires.
Le Toungting se présente le premier et est moins connu. Il a pourtant
été visité, en 1873, par Francis Garnier (de Paris au Tibet), exploré,
de Yo-tcheou à Tchang-cha, par le navire anglais Woodlark (juillet à
septembre 1899), dont les officiers devaient relever ensuite la carte
hydrographique du Poyang. Le canal qui conduit du Yang-tse au Ton-
ting s ouvre entre Hankéou e t Sha^se ; les rivières principales qui
forment ce lac sont le Siang et le Yuen, venus des montagnes du
Koeï-tcheou et du Hounan. L’hiver, elles ont 7 à 800 mètres de largeur
a leur embouchure, avec une profondeur moyenne de lm,50 à l m,80.
•Mais, l’été, elles débordent et forment un lac de 100 kilomètres de îar-
geur et de plus de 520 kilomètres de longueur. (B a rc la y ) . Le lac Toungting
est donc un lac à demi factice, tantôt profond, tantôt presque à
sec. Ce n est plus en hiver qu’une vaste dépression, selon l’expression
de Garnier, qui, à l’embouchure du Yuen-Kiang, relève 2 à 3 pieds
aux endroits les plus profonds. Les Annales du commerce extérieur
(nov. 1863) assurent qu’une île de ce lac renferme un cru de thé uniquement
destiné à l’empereur (sur le Toungting, voir la première des
Lettres de Richthofen). A quelque distance de ce lac, vers Test, commence
la chaîne de montagnes qui va vers Kiu-Kiang et le Poyang.
„r L£; Tégion du Poyang est une des plus pittoresques de la Chine.
M. de Rochechouart, en 1869, venant du fleuve sur une chaloupe à
vapeur, Ta parcourue. Les eaux étaient basses : il' fut obligé de passer
la nuit en panne dans un étroit chenal entouré de marais. Enfin, il
parvint à Nan-tchang, où les autorités chinoises ne purent se dispenser
de le recevoir; mais, la nuit, la corde qui rattachait sa chaloupe à la
terre fut coupée, et la chaloupe p artit à la dérive. Une série
dechouages suivit. Le lac Poyang n’en laisse pas moins à M de
Rochechouart une impression profonde : « Ce-lac immense semble
avoir creusé son lit dans un bloc de montagnes bleues et roses,
presque entièrement couvertes de plantations de thé. » On extrait
de ces montagnes des blocs de granit (B la n c h a rd ) et près de Kao-
ling, vers les frontières du Ngan-hoeï, un kaolin particulièrement
délicat. Ce lac semble appelé à un grand avenir, car il est la voie la
plus directe entre Hankéou et Canton. Le Kia-Kiang, une des rivières
dont les eaüx l’alimentent, prend, en effet, sa source dans la chaîne
des Mei-ling, et de l’autre côté, sur le versant sud, coule le Pe-Kiang,
. principal affluent du Si-Kiang, la rivière de Canton. La chaîne peu
-élevée des Mei-ling (environ 2,000 mètres), qui sépare, dit Richthofen,
■ deux mondes différents, gorges sauvages au nord, plaines e t collines
- de verdure au sud, est aisément franchie par le col des Pruniers, que
suivent les voyageurs et les marchandises pour aller de Canton à Hankéou,
en rejoignant par le goulet des Mei-ling la navigation du
Pe-Kiang à la navigation du Kia-Kiang.
Actuellement, au commerce du thé le lac joint celui de la porcelaine
: à Test, les fourneaux de King-te-tchin, construits, selon Davis,
vers Tan 1000 de Jésus-Christ, occupaient autrefois un million d’ouvriers
et sont encore actifs, malgré la décadence de cette industrie.
Au-dessus, se dressent les monts du Liu-chan ou de la Mule, dont
certainès cimes sont hautes de 5,000 pieds. (O lip h a n t.) Ç est là que
les Européens ont établi, à plus de 1,000 mètres d’altitude, le sanatorium
de Kou-ling, à 25 kilomètres sud-est de Kiu-Kiang. Le P. Gaillard
fait un tableau enchanteur de ces vallées de Kou-ling, abondamment
pourvues d’eau et séparées par des collines boisées : c’est une
république minuscule (1 kilom. de largeur sur 2 de longueur), dont
la fondation a suscité des difficultés de plus d’une nature, comme
en témoigne le livre du Bév. Little, The history of Ku-ling, mais qui
tend de plus en plus à devenir autonome. Les Anglais et les Américains
y sont en grande majorité; depuis peu, les Busses y ont obtenu
aussi une concession. En 1899, un millier de visiteurs européens,
pendant la saison chaude, y vint chercher la fraîcheur qu’auparavant
•il fallait demander au Japon. A la fin de Tété de 1898, en effet, la température
à Kou-ling était de 18° centigrades, alors qu’elle était de 38°
sur les rives du Yang-tse.
De forme irrégulière, le Poyang est beaucoup plus long que large :
45 milles de longueur sur 15 de large (Marcel M o n n ier) ; 150 kilomètres
de longueur sur 8 à 35 kilomètres de largeur. (V iv ien de
S a in t-M a rtin .) Vivien de Saint-Martin et Reclus évaluent son bassin
à 4,500 kilomètres carrés; O. Girard lui donne 100 lieues de circuit.
Les chiffres sont incertains, parce que le Poyang, formé par la réunion
du Kin-Kiang (S.-E.) et du Kia-Kiang (S.-O.), grossis d’autres
rivières, varie extrêmement d’étendue comme de profondeur, selon les
saisons. Au début de Tété, après des crues de 9 à 10 mètres, c’est une
petite mer qui a ses îles et ses orages. En général, la partie nord
est la plus profonde. Le rocher du Grand Orphelin ou Takoo-shan,
garde l’entrée de l’émissaire, qui a 3 milles de long sur 1 mille de
large. (O lip h a n t.) Eh aval de cet émissaire, on rencontre le Petit
Orphelin, rocher de 300 pieds ; en amont, à un peu plus de 5 lieues,
sur la côte, la ville de Kiu-Kiang.
Entre Kiu-Kiang et Nankin s’étendent ou se resserrent tour à tour
des rives accidentées, une chaîne de montagnes, des rochers à pic, que
Ton côtoie. Les environs de Kiu-Kiang et du P etit Orphelin se font