sants : ce sont les feux de mouillage de l’escadre chinoise,
qui, après le bombardement de Takou, la capture de ses
trois grands contre-torpilleurs, et la mise sous séquestre,
chez les Anglais, à Weï-haï-weï, d un de ses croiseurs
neufs (qui le croirait? les Anglais l’ont rendu!) est venue
se réfugier sous le canon des batteries qui couvrent les pentes
et les sommets des collines de Kiang-Yn. L ’Angleterre,
dit-on, a convoité Kiang-Yn. Je le crois sans peine : cest la
clef du Yang-tse, c’est-à-dire de la Chine.
Ceci devenait intéressant; je me suis donc levé avec l’aurore
pour l’appareillage. Froid de canard : 2° au-dessous
de o; de la glace dans les embarcations. On passe tout près
des forts, ensemble défensif vraiment formidable, organisé
sous la direction d’Allemands et d’Anglais; on prend les
croquis et les relèvements qu’on peut prendre (i). Au haut
de collines escarpées, peu boisées, mais vertes, il y a des
canons; on voit nettement les pièces entourées d’artilleurs.
Ce n’est peut-être qu’une grande représentation à notre
adresse. Le soleil apparaît, très rouge, derrière les collines,
et donne un relief étrange aux silhouettes des hommes, des
pièces, des forts; forts imprenables, dit-on, peut-être parce
qu’ils n’ont jamais été pris. Pour moi, a demi reveillé, je
m’eil souviens comme d’une apparition a demi reelle.
Mais c’est une vision très réelle que nous avons eue aussitôt
les forts dépassés : la flotte chinoise, la flotte chimérique
dont on a tant parlé, s’est tout à coup révélée. Je vous
fais grâce des plaisanteries faciles sur cet amiral chinois
qui craint la mer. Entre nous, elle pourrait fort bien, quelque
jour, cette flotte .qu’on raillerait volontiers, descendre sour(
1) « Quatre mois plus tard, nous écrit le lieutenant je devais visiter en détail ce camp retranché, cette positdioen v eati scseesa uo uPvaraqgueés, vdies Klài,a negn- Yconm (priavgen ide rodi’taeu),t reest omffoinci eirms pdree smsiaorni nleu te t fdor’otifffiiéceie rpsa dr uc eg éqnuiee djue
corps’expéditionnaire. Rive gauche, rien de sérieux. »
noisement le large courant du Yang-tse, et jouer quelque
mauvais tour aux navires européens. Il est heureux que la
guerre ne soit pas officiellement déclarée. Nous hissons le
pavillon chinois, et nous l’appuyons de quinze coups de
canon, en 1 honneur du vice-amiral chinois, qui nous répond
avec une correction parfaite. Et nous pouvons regarder de
près cette flotte oisive.
Il y a là quatre ou cinq croiseurs de style moderne,
plusieurs croiseurs plus anciens, un destroyer du type récent
et dont les longues cheminées trahissent l’origine américaine.
Sur chacun des bateaux chinois la garde est rassemblée;
les officiers se tiennent à l’arrière, près du pavillon,
et cela, en vérité, n’a pas l’air trop chinois, quand on ne
regarde pas individuellement les hommes groupés sur le
pont, bien habillés, d’ailleurs. Pendant que le Charner traversait
la flotte, les musiques chinoises, à l’européenne, nous
ont joué un petit air qui rappelait vaguement la Marseillaise.
Toute la journée, c’est un défilé de petites maisons cachées
dans la verdure, de camps chinois aux enseignes flamboyantes.
Tous les drapeaux des compagnies — et Dieu sait
s’ils en ont ! — sont rangés le long de la rive. Quelquefois
le pavillon du commandant chinois disparaît à notre arrivée,
et j ai vu de mes yeux un Chinois, après avoir amené son
pavillon, s’asseoir dessus pour nous le cacher. Maintenant
le soleil brille. Les rives du fleuve, très plates dans le nord,
s étendent en plaine verte immense; à gauche, de hautes
collines boisées, aux contours bizarres. Deux lignes de forts
encore, moins redoutables que les premiers; mais on semble
y faire de gros travaux. ...
La derniere ligne est à la hauteur d’une île charmante,
1 île Silver, dont nous franchissons vers midi l’étroit chenal.
Ce quon y distingue d’abord, c’est une espèce de terrasse,
avec un pêle-mêle de maisons. Puis, une tache*rouge se