colline tourné vers le sud, des maisons très propres, aux couleurs
vives, aux grandes fenêtres, aux larges ouvertures, ce
qui est rare ici; des camps encore, dans les arbres, car il y
a partout des arbres. Il y en a de très beaux sur le quai où
viennent accoster les vapeurs fluviaux et les jonques.
En septembre 1900, ce quai a entendu, dit-on, une conversation
amusante. Les émotions de l’été commençaient à se
calmer, et les Européens, en se promenant, discutaient de la
suite probable des événements. L ’un d’eux faisait remarquer
que la présence des canonnières anglaises dans la vallée
du Yang-tse avait seule garanti la sécurité dont y avaient
joui les étrangers; il ajoutait que, du reste, le pavillon anglais
continuerait à y assurer seul la protection des Européens;
qu’on savait que les négociations engagées pour interdire
l’accès du fleuve à tous navires autres que les navires
anglais, avaient réussi; qu’en particulier plus jamais on n’y
verrait de canonnières françaises. « Qu’èst-ce donc que ce bâtiment?
» dit un auditeur, en montrant, vers l’est, une canonnière
blanche qui arrivait au mouillage. — « C’est un français
» ! C’était la Surprise. Six semaines après, ce fut le
Charrier. Les paroles vantardes sont attribuées à un « officiel
» de marque.
Il y a toujours, mouillés à Chin-Kiang, quelques navires
de guerre et d’assez nombreux vapeurs de commerce; mais
l’animation de la rade est due principalement à l’énorme
quantité de jonques qui viennent, par le grand canal impérial,
apporter aux provinces centrales les produits de la
Chine du nord. Chin-Kiang est à la croisée de ce fameux
canal avec le Yang-tse, sur la rive droite du fleuve, et à cheval
sur le canal qui vient des environs de Sou-tcheou. Sur
la rive gauche du fleuve, le tronçon septentrional du canal,
le plus long, qui ne finira qu’à Tien-tsin dans le Peï-ho,
s’amorce à deux kilomètres en amont de Chin-Kiang.
Pauvre vieux canal, achevé seulement au XIIIe siècle ! Il a
bien le droit d’être usé, obstrué de marécages (i), d’autant
plus qu’il sert beaucoup moins, depuis que le transport du
riz se fait par voie maritime. Plusieurs centaines de jonques,
pourtant, sont au mouillage dans ses eaux, qui baignent,
d’un côté, les murs de la ville. Au reste, à partir de Chin-
Kiang, c’est par centaines, par milliers, qu’on peut compter
les jonques, dont un certain nombre sont des jonques de
guerre. Nous avons failli en couler une, qui montrait à
l’avant un petit canon se chargeant par la bouche, et déployait
une grande voile à raies blanches et bleues, quelque
chose comme de la toile pour matelas. Si j ’ai note ce détail,
c’est que les voiles en toile sont rares dans ce pays : la
plupart sont tressées en paille ou en jonc.
Les canards sauvages s’envolent par longues troupes;
mais les hérons qui méditent sur la rive ne paraissent pas
effrayés ni même étonnés de notre passage. Ils sont considérés,
dit-on, comme des oiseaux sacrés, et vivent là, tout à
côté des habitants, en famille. Tout ce pays est fort peuplé :
dans certains villages, ce sont des milliers de Chinois qui
se pressent sur la berge et nous suivent longuement des
yeux. C’est peut-être, en quelques endroits, jour de marché;
c’est assurément pour tous, grâce à nous, jour de fête. La
Surprise remonte le fleuve aussi, mais à distance, et n atteindra
Nankin que trois quarts d’heure après nous.
De Chin-Kiang à Nankin, la distance, par le fleuve,
est d’environ 80 kilomètres; à vol d’oiseau, de 40 à 50. Le
fleuve décrit des sinuosités notables, et l’une de ses boucles,
(1) -« cette voie de navigation, n ’est pas, comme nos une tranchée de versant à "versant, s’élevant par degcraénsa usxu cdcee sls’iEtsu rpoopue,r redescendre de la même manière ; ce n’est qu’une série de lits fluviaux et
pabuarensd done npéesu, dde’i mlapcosr,t adnec em. a»r é(Ecaligseées Rréeucnluiss .l)e s— u «n sC haiunx-K aiuantrge-sfo pu acro mdems acnodue
llaac ebsr alnec phiee dm déeri dseios nmaluer sd. uA G Crahnind--KCiaannagl-,l oduo, nlté lYesa nega-utsxe -bKaiiagnnge nat 3s0u mr dèteruexs
de profondeur. » (Juriee de la Gravière.)