j ’ai compté plus de deux cents pas de la première arche à la
dixième. Dans quelques jours, tout cet ensemble de palais et
de jardins sera de nouveau soustrait aux regards profanes.
On va fermer.
A table, j avais près de moi l’agent des postes françaises
de Pékin, M. Ruby, dont la femme est directrice de
l’école normale de Quimper. Il y a quelque distance entre
ces deux époux. Les sujets de conversation ne nous ont pas
manqué. Après déjeuner, le repos s’impose : il serait imprudent
de sortir par cette chaleur intolérable. Comme tout le
monde, je me livre aux douceurs de la sieste; mais, à quatre
heures, bien que médiocre cavalier, je monte à cheval avec
Sicard, et nous gagnons le temple du Ciel, qui est à côté de
la gare, dans lé sud de la ville, à trois kilomètres environ
des légations. L ’intérieur du temple n’offre rien de particulièrement
intéressant, que son immensité; mais le dôme est
peint d’un bleu agréable à l’oeil, et encadré dans de beaux
arbres, au centre d avenues ou l’on peut galoper tout à son
aise, quand on est sûr de ne pas prêter à rire aux Chinois par
une subite rupture d’équilibre. Un trot digne et soutenu suffit
à mon ambition.
Mais le lendemain, samedi, ma modestie équestre a été
mise à une rude épreuve : trente-six kilomètres à cheval ! A
six heures et demie du matin, nous sommes partis pour le
palais d’été, munis d’une autorisation anglaise. Avec Sicard
et M. Ruby, il y avait un médecin, venu de Tien-tsin, un
aspirant du d'Entrecasteaux et M. de Sieyès, élève interprète.
Mais les Italiens étaient établis là en maîtres, et ils
nous ont quelque temps refusé le passage. L ’arrivée d’un
capitaine italien, que connaissait M. Ruby, a enfin permis
à nos coolies d’introduire à l’intérieur du palais le déjeuner
froid que nous avions préparé, et à nous de le suivre.
Nous nous installons dans la jonque de marbre, au pre