Là s’ouvre la grande route européenne, le Ma-lou, construite
par ordre du vice-roi Tcheng-Tche-Tong, depuis lors
vice-roi des deux Hou (Hou-pe et Hou-nan), et longue de
douze kilomètres. Bien entretenue, relativement droite, elle
conduit au yamen du vice-roi, Lieou-Koen-I, le long d’une
colline couronnée de canons. Une triple rangée de faux ébé-
niers la borde de chaque côté; les branches se rejoignent
par-dessus la route et forment une voûte continue. C’est le
centre d’un mouvement assez important de piétons, de
pousse - pousse, d’ânes, et même de chevaux, chevaux
chinois ou poneys mongols, à longue queue et longue crinière,
peu soignés, pas très vifs, quoiqu’ils aient une certaine
réputation d’impétuosité. Les maisons sont rares : ce
sont des maisons de cultivateurs et d’artisans (velours et
soie). Aucun soupçon de ville.
Au bout d’une demi-heure de marche, nous commençons
à nous repentir d’avoir dédaigné tous les moyens de locomotion.
Au bout d’une heure, nous nous persuadons que
nous nous sommes égarés, et que nous tournons autour de
la ville. Le fait est que la muraille était devenue parallèle
à la route, dont elle suivait tous les détours. Résignés
à ne pas voir Nankin, nous n’en cherchions même plus la
direction; mais nous croisons deux aspirants du bord, partis,
eux, à midi, et nous apprenons d’eux, avec surprise, que
nous suivons la bonne, la seule route. Oui, nous étions
bien dans Nankin. Seulement, pour contempler des maisons
un peu moins clairsemées, il fallait marcher encore une petite
demi-heure, à travers la partie nord de la vaste étendue
qui fut Nankin (i), ville ruinée, mais où les cultures en
bien des endroits ont effacé les ruines.
(1) Dès 1735, le P. du Halde écrit : « Il y a environ le tiers qui est tout à fait désert; le reste est fort habité,.» Mais il est cudrei esuoxn dtee rcroamin
parer la description que le P. Martin Martini taisait de Nankin au xvii* siècle :