T A K O U — L ’É TA T SANITAIRE (juillet-août IÇOI )
Nous partons pour l’infernal Takou. Derrière nous nous
laissons encore un lieutenant de vaisseau malade : sur
treize officiers du carré et six aspirants partis de Brest l’année
dernière, nous ne sommes plus que sept au carré et trois
aspirants. Malgré l’heure matinale (cinq heures), la chaleur
est tellement pesante à Hong-Kong, que la plume me tombe
des mains, A Takou, je gèlerai, au lieu de cuire...
Oui, vraiment, Takou aussitôt après Hong-Kong, c’est un
peu brusque comme transition! Pluie, vent, froid humide,
voilà ce que Takou a offert à des gens qui étouffaient de
chaleur l’autre jour. Cela ne va pas sans quelques indispositions
dans l’équipage. Moi-même, j ’ai payé mon tribut. Inflammation
d’intestins, je crois. Je n’ai souffert que peu de
jours; mais une faiblesse extrême a suivi la souffrance : je
ne digérais même pas du lait concentré coupe d’eau de
Vichy. L ’amiral Pottier, qui est au régime du lait et qui a
quatre vaches à bord du Redoutable, apprenant mon état,
m’a fait envoyer chaque jour, matin et soir, un litre de lait.
Le lait de l’amiral m’a sauvé! Peu à peu je recommence à
me nourrir comme tout le monde.
Maintenant la chaleur a remplacé le froid après un coup
de vent qui avait tout l’air d’être la queue d’un bon typhon;