matière première des fonderies de Hanyang, entreprise commanditée
par le vice-roi (et qui le ruine), dirigée par un ingénieur
belge qui a quatorze Belges sous ses ordres.
On parle encore d’une fabrique d’armes dirigée par des
Allemands, où l’on n’emploie que poudres allemandes et
produits allemands. Mais j ’ai très peu vu la ville métallurgique;
je me hâtais, en compagnie d’un officier du bord,
vers une montagne isolée qui la domine et d’où la vue, nous
a-t-on assuré, vaut toutes les promenades le long du buncL
de Hankéou avec tous ses bars et de la grande rue d’Out-
chang avec toutes ses boutiques.
On ne nous a pas trompés. Le relief du pays, vu de là-
haut, est beaucoup plus nettement accusé, et la plaine d’ai-
luvions où s’allonge Hankéou paraît encore plus plate, par
comparaison avec les hauteurs voisines. La ville indigène
qui s’étend sur les bords du Han reprend aussi son importance
proportionnelle, aux dépens des concessions, dont la
plus vaste manque de profondeur (i). Sur l’autre rive du
Han, Hanyang, qu’on surplombe, attire peu les regards.
En revanche, l’oeil est retenu, de l’autre côté du Yang-tse,
par la masse des murs crénelés d’Outchang, trop larges pour
la ville, qui a des espaces vides, mais bien imposants dans
leur attitude toute droite au-dessus du fleuve; par le petit
lac voisin; par la bizarre tour octogone, à quatre étages, du
Dragon Vert, vieille de treize cents ans, dit-on, quand les
Taïpings l’ont détruite, et réédiflée depuis, fièrement campée
au-dessus d’un fourmillement de toits couverts en tuiles
grises ( i) ; par les bâtiments de la Mission catholique et par
(1) « La ville nouvelle, très peu profonde, n'est en quelque façade édifiée le long du fleuve, sur une longueur d’environ 8s0o0r tme èqtrue’su.n e» p(Maratriece dl eM Hoannnkiéeoru, sl ’’Eesmt pfiorret ddéuv eMloiplipeéue..) Il est vrai que,, depuis 1899, cette
fo(r2m) Eémn e1n87t 4f, tllea nvcofiyeasg eetu rc oruusvseer tPesia dssee ttuskilye sr egmriasrâqtrueasi,t lceess b« omrdasi sdoensn teotittess pulnuis
relevés que dans les villes visitées jusqu’ici par nous ».
d’autres encore, entre lesquels j ’ai cru distinguer les longues
lignes régulièrement combinées du palais régional des examens.
J’aurais voulu le voir, ce palais, pour le comparer à
celui de Nankin, mais je sais, du moins, que le vice-roi réformateur
y fait dicter aux candidats ahuris des sujets ultra-
modernes. N’ose-t-il pas leur demander de connaître les institutions
militaires, financières, agricoles de l’étranger?
Il semble que le sévère Outchang, ce soit la Chine qui
attend et se réserve, tandis que, de l’autre côté du Yang-tse,
le remuant Hankéou est l’Europe qui sans cesse empiète et
s’avance.
Quand on porte les yeux au delà, on découvre une partie
du cours inférieur du Han, que de forts bateaux peuvent remonter
jusqu’à trente-cinq ou quarante lieues, malgré les premiers
rapides. On soupçonne, peut-être avec les yeux de la
foi, les collines qui succèdent à la plaine coupée de canaux
et de marécages, et qui se relèvent peu à peu jusqu’aux montagnes
du Chen-si, où le Han prend sa source, ligne de séparation
entre les bassins du fleuve Bleu et du fleuve Jaune.
Inévitablement, alors, on songe aux deux grands fleuves parallèles
de la Chine, au Yang-tse, au Hoang-ho, sortis tous
deux des mêmes montagnes tibétaines, et les regards se reportent
vers l’ouest, région des grands lacs et des grandes
montagnes. A qui cette région sera-t-elle? La question est
vitale pour l’influence franco-russe dans cette vallée du
Yang-tse qui est le grand déversoir des productions de la
Chine centrale; mais elle est aussi fort compliquée.
A la saison des grandes eaux (printemps et été), les plus
gros navires peuvent remonter jusqu’à Hankéou. Les difficultés
qu’ils rencontrent consistent en certaines manoeuvres
délicates à effectuer dans les tournants brusques ou sur
les barres. De plus, lorsque les eaux sont très hautes, les
prairies environnantes sont inondées, de sorte qu’il devient