bordée de figures gigantesques, soit de mandarins et de guerriers,
soit d’animaux allégoriques, ici réels, là légendaires.
Mais légendaires ou réels, à part quelques intentions plus ou
moins heureuses de réalisme, ces animaux ne relèvent que
de la fantaisie la moins vraiment artistique.
Qu’importe, après tout? Ce qu’on vient chercher à Chi-
san-ling, ce ne sont pas des chefs-d’oeuvre de Barye ou de
Frémiet, c’est une impression d’ensemble, et elle est d’autant
plus forte peut-être que l’art est plus enfantin. Vous
noteriez, d’ailleurs, si vous suiviez cette avenue, un trait
que déjà vous notiez à Nankin : c’est qu’elle n’est pas en
ligne droite. Les bons esprits aiment la ligne brisée; les
malins esprits, qui ont la bosse de la géométrie, suivent la
ligne droite, et, s’ils ne la rencontrent pas, s’égarent; or, il
faut que les malins esprits n’arrivent pas jusqu’à Young-Lo,
qui dort là-bas, dans la verdure.
Le soleil brûle. Nous quittons ces « funèbres bosquets »
pour aller déjeuner à Tchang-Ping-Tcho, plus au sud. A
Cha-Tang ensuite, nous bifurquons, non plus vers la gauche,
comme à l’aller, mais vers la droite, pour rentrer à Pékin par
le Palais d’Eté.
L A STATION BALNÉAIR E DE CHE-FOTJ (août IÇOl)
Enfin, le bateau-fantôme, le D ’Entrecasteaux, est arrivé.
Nous l’attendions pour partir, et nous avons pris-congé des
amiraux avec une cordialité respectueuse.
Aujourd’hui déjà, à Che-fou, j ’ai l’illusion detre dans
un port français. Ce port, à demi-européen, de la ville chinoise
d’Yen-taï, est creusé dans une baie circulaire, encadré
de verdoyantes collines qui s’élèvent en pente douce. Il y a
un peu plus de quarante et un ans, mon « patron », le vice-
amiral Charner, commandant en chef des forces navales
françaises, abordait ici, et, peu après, emportait les forts du
Peï-Ho. L ’île toute proche de Kong-tong-tao n’est guère
qu’un cimetière français. On est mort beaucoup sur cette cote
charmante (i). A qui ont profité ces sacrifices? Aux Anglais
surtout. En 1876, ils signaient ici la convention qui ouvrait
quatre nouveaux ports, dont Itchang, que j aurais voulu voir,
et Wuhu, que j ’ai vu trop longtemps.
Admirablement située entre Port-Arthur, qui est russe,
et la Corée, que les Japonais convoitent, Che-fou est surtout
(1) « La rade de Chef ou avait été choisie au moment comme le lieu de rendez-vous et la hase d'opérationdse ldae glu'eesrcraed dree Cirhainne- çÜaeinse-w, atannnd, iss uqru ela l 'ersivcea dorep pdoes éne osd ua llgioélsl es. e Nréuul nsisosuaviet ndira ndse lala .b Fairea ndcee ,l as-i ce n’est quelques tombes disséminées sur la greve. » (Francis Garnies,
De paris au Tibet.1