dans cette région centrale de la Chine, ouverte depuis les
événements de i8çq-i8çg et de içoo à la concurrence commerciale
et économique de l'univers. Il n'a pas manqué de
relever, comme marin, l'initiative qui a été la nôtre dans les
premier essais de navigation à vapeur sur le Yang-tse supérieur.
Mais il a compris, en outre, il a pressenti l'essor et
l'avenir d'un port tel que Hankéou, et il s’est réjoui de penser
que la prévoyance de notre politique avait su, dans cet avenir,
réserver une part qui peut, qui doit être belle, à l'activité
économique comme à l'influence civilisatrice de la France.
La description faite dans ce livre du port de Hankéou, des
concessions étrangères, des quais, de la vie commerciale et
industrielle qui fermente sur les deux rives du fleuve et de
son affluent, la relation de la visite rendue par le contre-
amiral Bayle au vice-roi Tcheng-tche-tong, et le jugement
porté par le jeune officier sur le vieillard qui est assurément
aujourd’hui le premier des hommes d'Ftat de la Chine, sont,
à cet égard, des pages utiles à méditer.
J’ai souvent fait, à plus d’une étape de ma carrière, l’expérience
et l'épreuve du concours que nous prêtent, à l ’étranger,
au profit de la cause commune, les diverses branches de
notre service public, et plus particulièrement notre marine.
Huile part, peut-être, ce concours ne s'est montré plus harmonieux
et plus efficace qrien Extrême-Orient, tant en i8çq-
i8çg que lors de la crise de içoo. Aussi m!est-ce en ce jour
un devoir qui m'est cher et une occasion propice entre toutes
de payer ici, pour ma part, à la marine française, en la personne
d'un de ses plus jeunes, de ses plus dévoués serviteurs,
prématurément enlevé, ma dette de sincère et affectueuse
gratitude.
A. GÉRARD
Ministre de France à Bruxelles, ancien
Ministre de France en Chine.
Bruxelles, le 15 avril 1904.
INTRODUCTION $
Le 20 juin 1900, l’ordre d’armer rapidement le croiseur
cuirassé Amiral-Charner fut envoyé au port de Brest. Ce
bâtiment devait, avec quatre croiseurs protégés, aller immédiatement
renforcer la division navale de l’Extrême-Orient,
placée sous les ordres du contre-amiral Courrejolles.
Toutes les puissances européennes, très inquiètes des événements
de Chine, qui s’aggravaient de jour en jour, augmentaient
précipitamment le nombre de leurs navires dans
ces parages, et s’efforçaient de se tenir prêtes à toute éventualité.
La France ne pouvait rester en arrière.
L 'Amiral-Charner quitta la France le 26 juin et fit route
pour Saigon, où il arriva le I er août, après une traversée
rendue très pénible par la mauvaise saison. Au moment ou
il redescendait la rivière de Saigon, dix jours après, pour
rejoindre l’amiral dans le golfe du Petchili, a Takou, un
télégramme du ministre de la Marine vint lui prescrire de se
rendre à Shanghaï avec toute la célérité possible.
A ce moment, les troupes alliées n’étaient pas encore entrées
dans Pékin. On ignorait toujours quel était le sort
de nos représentants dans la capitale de l’Empire chinois,
et à quels excès avaient pu se porter, là et ailleurs, non seulement
les Boxers, mais la partie du peuple qui était le
(1) P ar le capitaine de vaisseau Baëhme, commandant cien commandant du du Guichen, an- Charner pendant la campagne de Chine.