genre. Tcheng-Tche-Tong a « une belle tête de vieillard » à
longue barbiche blanche, aux pommettes pointues, aux petits
yeux malins et rieurs, s’intéresse à tout, se prête à tout : en
apparence, un petit vieux souriant, bonhomme; mais, qu’y
a-t-il derrière ce masque ingénu ?
Ce n’est pas un vice-roi quelconque : c’est « le vice-roi
réformateur ». Il n’y en a qu’un, depuis que Li-Hung-
Tchang n exerce plus la fonction. Un réformateur, dans ce
pays de 1 immobilité, cela avait de quoi nous surprendre,
et nous désirions vivement faire connaissance avec celui
qui, pour l’instant, tient l’emploi, d'autant plus que les
auteurs qui ont parlé de lui ne sont pas d’accord. J’ai lu
a Shanghaï deux livres qui font entendre là-dessus deux
sons! de cloche bien différents : les Chinois chez eux, de
Bard, et le Tour d Asie, de Marcel Monnier. Bard estime
fort notre vice-roi, surtout pour son intégrité; mais on croit
voir que le Français est flatté d’être le confident du Chinois,
qui lui a communiqué certains mémoires, fruits de ses veilles,
car Tcheng-tche-Tong est un savant, membre du collège
des Han-lin, l’Académie chinoise. Il a publié une E x hortation
à l'étude (i), oeuvre élevée, conciliante surtout,
bien qu’on y sente assez peu d’estime pour les Européens,
qui ont entrepris, dit-il, de partager la Chine « comme un
melon ».
Mais ceux qui ne croient guère à la Chine régénérée
par les Chinois ne voient en lui, comme Marcel Mon-
nier, qu un brouillon qui touche à tout et n’achève rien.
Notre spirituel compatriote ne l’a vu, il est vrai, qu’à Nankin,
ou il a suppléé le vice-roi actuel, des derniers mois
de 1894 aux premiers mois de 1895. Depuis, redevenu vice-
(1) Imprimerie de la Presse orientale, à Shanghaï, traduction Tovar. Ce livre, dont l’épigraphe est « Apprends-», préconised usu Prt.o Juétr ôumnee
• a ÎéÜté™ d,6i. sgraci5é5 peuet dsec °mlaolrise . aLpr’aèus.t eur, nommé en 1902 vlce-rol de Nankin’
roi des deux Hou, il s’est consacré à la double réorganisation
des écoles et de l’armée, car il ne prend au sérieux ni
les mandarins savants ni les mandarins militaires.
Patriote, ce Chinois a droit de l’être; peu enthousiaste
des visées européennes, qui ne le serait à sa place? Mais,
très au courant aussi des choses de l’Europe, il essaie, avec
vice-roi réformateur à bord.
une rare vivacité d’intelligence, de vulgariser dans son pays
nos connaissances, et surtout leurs applications industrielles.
Il suit en cela l’exemple d’un patriote chinois à qui l’on a
dressé un monument non loin d’ici, sur une colline, au-
dessus du Y ang-tse : c’est le marquis Tseng, pèrè d’un
ancien ambassadeur de Chine à Paris (i). A Outchang
(1) « Ce Tseng-Kô-Fan s’est surtout signalé à l’admlratlon et à. la reconnais-
tsaalnec. eL de ed seersn iceorn mteémmpooirrea iQnsu ep, aprr èssa dh'eaxinpeir efar,r oilu cahdere dssea liat àc ilv’eilmispaetiroenu ro, crociudleanitLe