n’est pas banal. De grands arbres nous abritent contre le
soleil déjà haut. Une foule de sentiers, où poussent en liberté
les plantes et les arbustes, coupent la voie principale.
L ’air est parfumé. De riches Chinois nous croisent; ils viennent
de terminer là-haut une villégiature presque nécessaire
en cette saison. Mais point de pèlerins.
« Halte ! Les porteurs se rafraîchissent avec une tasse de
thé brûlant, et s’épongent avec une serviette très chaude
qu’ils se passent sans façon de main en main. Puis, nous
reprenons notre ascension. Maintenant se déroule à nos
pieds un admirable panorama des îles du fleuve, de la cité
chinoise, et, dans le lointain, de Pagoda. Et toujours la
même végétation luxuriante, toujours les mêmes vallées qui
s’ouvrent, profondes, à nos pieds. La sept centième marche
est gravie : nous touchons au but. Il y a quatre heures que
nous avons quitté Pagoda.
« Une large allée, bordée de grands arbres, nous conduit
à l’intérieur du monastère. Différents autres bâtiments sont
disséminés autour du temple central, cachés souvent dans
les replis de terrain de la montagne, et charment la vue par
leur aspect de propreté (il vaut mieux n’y pas entrer, d’ailleurs,
si l’on veut garder ses illusions), par la verdure des
parcs ou des bosquets qui les entourent. Tout est calme.
Seuls, nos éclats de voix, répercutés par les échos, et de
temps à autre le gong ou le bruit d’une cloche, prière qui
monte à Bouddha, troublent cette quiétude. Un étang sacré,
rempli de poissons rouges ou noirs, retient notre attention.
Moyennant quelques sapèqueS nous nous procurons des
gâteaux et nous les prodiguons aux nombreuses bouches
avides qui se les disputent à la surface. D’autres bataillons
serrés montent du fond et prennent une part active à la
curée.
« La cloche d’airain résonne plus vite. Une longue théorie
de bonzes, à la tête rasée, uniformément vêtus de robe couleur
cendrée, aux longues et larges manches, se rend au
temple. Il en sort de partout ! Eux et nous, nous nous dévisageons
avec curiosité.
« Le soleil est bien haut, les estomacs crient famine. Nous
remettons à l’après-midi la visite des temples. Notre aimable
amphitryon nous conduit dans une gorge pleine d’ombre,
où nous jouirons en paix du paysage. Déjà « Number one »
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a dressé la table. En attendant qu’il mette la dernière main
au repas, nous descendons au fond de la gorge où une
cascade tombe des hauteurs et nous inonde de sa poussière
rafraîchissante. Mais la trompette alimentaire a sonné.
Chacun rallie en toute hâte et fait honneur à l’excellent
repas qui nous est servi. Les conversations s’entre-croi-
sent; l’écho répète nos joyèux éclats de rire, pendant qu’au
loin le gong résonne. Attirés par le bruit, car nous en faisons
plus qu’eux, les bonzes viennent se disputer les reliefs de
notre repas, les quelques pièces de menue monnaie que nous
leur jetons. Avec force « tchin-tchin », ils nous témoignent
leur gratitude.