800,000 âmes,.malgré son animation extraordinaire, malgré
sa cité indigène murée, chinoisement tortueuse et patriotiquement
sale, en face du quartier européen rectiligne et d’une
propreté relative, ne m’est plus apparue que comme une ville
de garnison quelconque; j ’en ai vite assez. Enfin, je suis
parti, lundi, à deux heures, de Tien-Tsin, avec l’amiral
Bayle. A Tong-ku, l’aviso Alouette nous attendait, et nous
réintégrions le Chaîner pour dîner.
Je garderai un long souvenir de ce voyage, que, sans
doute, je ne referai plus.
RÉCITS DE PÉKIN ( i ) LE SIÈGE DES LÉGATIONS
Oui, de la fin de mai 1900 au milieu d’août, nous avons
passé ici un long moment assez agité. Nous savions quels
progrès faisaient les Boxers, cette société secrete, dont le
but était de chasser les étrangers de Chine, et aussi de
substituer à l’empereur régnant le fils du prince Toan. Partis
du Chan-tong, ils étaient remontés par Tien-tsin et la
rivière de Pao-ting-fou jusqu’à Pékin, en détruisant tout
sur leur passage. Mais c’est le 28 mai que nous les sentîmes
tout près de nous. Ils venaient de frapper un grand
coup en incendiant un village situé à vingt-cinq kilomètres
de nos murs, Tchang-sin-tien, où résidaient les agents de ce
chemin de fer franco-belge dont vous avez vu le point terminus
à Han-Keou. Tous les Européens de ce village se
réfugiaient à Pékin, et le trouble s’y répandit avec eux.
Mais nos inquiétudes n’étaient pas alors bien vives. Le
31 mai et le 3 juin, les premiers détachements ^ de marins
et les hommes qui devaient former la garde des légations,
nous étaient arrivés. A la tête des cinquante marins du d j g -
trecasteaux et du Descartes étaient l’enseigne Henry, celui
qui tomba héroïquement en défendant le Peï-tang, 1 en-
(1) D’après les récits et les