ce type; mais j ’ai rencontré de vieilles femmes à cheveux
blancs qui n’avaient pas l’air chinois pour deux sous.
A mesure que nous avançons se multiplient les maisons
presque européennes, entourées de grands murs, demeùres
des Chinois riches. Nos porteurs (ils sont quatre par chaise)
marchent d’un pas saccadé; celui de devant avertit, par des
interjections brèves, ceux de derrière des accidents de terrain
ou des changements de direction. Quelquefois ils s arrêtent
et changent d’épaule. J’avais une injuste défiance
des chaises à porteurs : on y est moins cahoté que dans
un fiacre parisien.
Le P. Chevalier nous reçoit à la Mission. C’est un grand-
et vieux couvent qui a l’apparence d’un désert: Les établissements
chrétiens datent ici de 1595* et ^eur histoire, dans
sa première phase surtout, est bien tourmentee, souvent bien
sanglante. Nos chaises nous portent jusqu’à 1 entree des
appartements particuliers, à travers le beau petit jardin de
curé. Comme le déjeuner est fixé à une heure, le commandant
demande à voir une rue de Nankin, une vraie rue, où il y ait
du monde et des boutiques, car Nankin, quoique dechue, est
ville commerçante encore et surtout ville savante, riche en
bibliothèques et en écoles, renommée pour son papier de riz
et ses bâtons d’encre de Chine. On fait chercher des anes.
Nous voici dans une rue, où une cohue de Chinois authentiques
grouille.
Dans tous les coins, des tas d’ordures. Cette rue est
de moitié moins large que la rue Saint-Jacques, dans les
endroits où elle n’a pas été élargie, quelque chose comme
la rue Zacharie, au bas de mon vieux quartier latin. Des
porteurs de toute espèce de choses bousculent nos anes et
salissent nos pantalons. Autour de nous retentissent les cris
des marchands ambulants, sensiblement pareils a ceux qu on
entend à Paris. Beaucoup de Chinois (le sentiment de la
pudeur semble manquer à cette race) satisfont leurs besoins
naturels à droite, à gauche, au milieu, partout, et personne
ne songe à s’en étonner.
Nous reprenons les chaises à porteurs qui nous attendent,
et nous repartons pour le logis du tao-taï. Plus de curieux
que de soldats dans la cour extérieure. A la porte nous
sommes accueillis par un mandarin à bouton de cristal,
et nous lui remettons nos lettres d’invitation, comme l’exige
l’étiquette. Nos cartes de visite, accommodées à la chinoise,
nous avaient précédés. Alors le tao-taï s’avance à notre
rencontre. Nous pénétrons dans un salon meublé sans luxe.
Un autre tao-taï, dont je renonce à vous définir les fonctions
précises, nous y attend. Celui-ci connaît Paris, Londres,
Berlin, Saint-Pétersbourg, comprend un peu le français,
mais parle assez bien l’allemand. La salle à manger n’est
pas plus élégante que le salon. Je suis placé entre le mandarin
a bouton de cristal et M. Andrieux, mécanicien principal,
en chinois An-té-li. Moi, je suis Che-men. Il faut
prononcer le ch dur, et cela veut dire : porte de la mer (i).
Le déjeuner dure deux heures et demie. Il est sans ailerons
de requins, sans pattes de canard, au champagne, avec
quelques bonnes petites choses chinoises cependant : entre
autres, des terrines de crabes en compote, de l’eau d’amande
amère. Quelquefois, la conversation languit, surtout à l’heure
tardive où les faisans rôtis apparaissent. A ces moments
critiques, le tao-taï des affaires étrangères nous fait dire par
(1) L’auteur écrit, dans une autre lettre, en envoyant a la chinoise : « Yous remarquerez que Haimen ou Che-mesna ecsta rdteev edneu v Hisaitie- sMuaisn ,d onne cp poluuvsa «n tp oêtrrtee Hdeé mlao mn,e cr a%r mlea sisig bniee nm «o nm ner’e pxliesitne ep a».s Eesnt -cceh iunno isa.v Jaen cnee
Mm.e nJt. oLuu ucnhea idreé,c hséoann csea?v.a..n »t Ccoolnlèsguulteé sduer ll’’Uexnaivcetirtsuidtée ddee cLeyso inn,d iMca. tiMonasu rpicaer mCoaunrdaanrti nae . répondu ; « La syllabe mon n ’existe pas, en effet, en langue peu usité comHami-em neonm, pdo’rhtoem dme el. a mer,, aura semblé trop géographique et un certain point là tournure d’unH naoi-mm atenl, qpuléen lietus dMe adnet clhao umxe re,n ap rjeunsnqeun’àt en chinois ; mais ce ne saurait être un nom en langue mantehoue. »