chants adieux aux deux jeunes Français exilés dans ce recoin
du Yang-tse. Ils ont pour distraction unique d’aller une
fois par an jusqu’à Hankéou, et ils y causent, au cercle
français, pour tout le reste de l’année; puis, ils viennent reprendre
ici leur duo mélancolique.
Et pourtant, ce n’est pas laid, leur retraite de Kiu-Kiang.
Dans l’ouest de la ville chinoise et adossée à elle, s’est bâtie
une petite ville anglaise qu’habitent quelques négociants, les
représentants des douanes impériales et les missionnaires
lazaristes, qui possèdent là un grand établissement épiscopal.
Le quai, lorsque nous l’avons abordé, était plein d’ombre;
une verdure folle montait aux pignons des trop rares maisons
européennes, encadrées de jardins. Aux flancs des coteaux
voisins, des maisons moins clairsemées, aux formes
bizarrement variées, s’accrochent, comme si elles avaient peur
de tomber. Tout au fond, se dessinent de hautes montagnes,
les plus hautes que nous ayons encore rencontrées.
Non loin du quai planté, j ’ai reconnu un terrain excellent
pour le tennis. Mais que voulez-vous ? 'on n’est pas maître de
ses impressions : Kiu-Kiang est gentil, mais trop anglais à
mon goût. Je parle de la ville européenne, dont les. murs et
les quais, au nord, sont baignés par lë. fleuve, et non ,du faubourg
populeux qui se porte, comme instinctivement, de
l’autre côté, vers le grand lac Poyang, sur un promontoire
escarpé, trait d’union ou plutôt de séparation entre; le l£e et
le fleuve. Le faubourg est chinois, mais la ville est britannique,
et c’est peut-être pour cçla que la population indigène
s’en est évadée. - ■ - • .
A première vue, cette station sur le fleuve paraît bien
déchue de l’importance que les anciens géographes, dit-on,
lui attribuent (i). On donne pourtant à Kiu-Kiang une
soixantaine de mille âmes. C’est, paraît-il, un grand marché,
fi) Le P. Martin Martini appelle Kiu-Kiang « grande ville et marché très
non pas de thé — le colossal Hankéou, trop peu éloigné,
défie à cet égard, écrase toute concurrence sur le Yang-tse — ,
mais de tabac. C’est aussi le grand dépôt des porcelaines du
Kiang-si. Les potiers habitent, dans le sud, Nantchang,
la capitale du Kiang-si, et King-te-tchin, l’énorme manufacture
impériale, vieille de huit à neuf siècles, ou longtemps a
été centralisée la fabrication de la célèbre porcelaine à personnages
et à fleurs. Ils apportent leurs produits à Kiu--
Kiang, dont la grande rue, voisine de la porte qui ouvre
sur le fleuve, est très intéressante à parcourir, trop intéressante,
chaque magasin étalant des tentations nouvelles.
D’ailleurs, il ne faudrait pas se fier à la bonhomie chinoise
: tel Européen qui emporterait amoureusement telle
pièce dite de Thang (i), précieuse entre toutes, en laissant au
marchand le fond de sa bourse, n’aurait conquis que du
vieux-neuf, ingénieusement truqué. Les belles porcelaines
réservées pour les palais impériaux sont reçues par des mandarins
commissionnés à ce service. Par leur intermédiaire,
on peut se procurer des échantillons de l’industrie régionale.
A y regarder de près, il semble bien que cette industrie soit
en décadence. A Sèvres, nous faisons « mieux et moins
cher ». Cette réflexion, fortifiée par l’état de mes finances,
m’a cuirassé contre les tentations de la grande rue.
On dit Kiu-Kiang un séjour salubre. Peut-être le dit-on
surtout des hauteurs qui l’avoisinent, car j ’ai peine a croire
que ce climat ne soit pas humide avant tout. Il y pleut soucélèbre
». Il ajoute qu’on aurait peine à ftnaginer, sans l’avoir des navires qui constamment y stationnent. Il signale aussi comvum, el et rnèos mdbarne
ge(r1e) uCse’e, stm uunltea mruamrq unea vciuélmèb rnea udfur axgvioiu ien fsaièmcliee., Vlao ifra lSatiasnei sdlaes MJualtulinegn. , HisPtoairries
etM faalblreitc-Bataicohne ldieer ,l a1 8p5o6r, cienl-a8i°n.e Cc’hesint odisee ,l ao udvyrnagaset iter addeusi tH daun , cmhionnotiés e; psuorr cleél atirnôen ech 1in85o isaen;s —av . J.-G, qu’on lait dater la grande renommée de la — La Porcelaine en Chine, par dü S artel, 1881, m-101.; Chlnese porcelain, by B ushell, Pélting, 1886, in-8»; — G randidier, la
Céramique chinoise, 1894, in-fol. ; — W.-G. G alland, Chinese^porcelain, 485 illustrations, London, Chapmann, 1898, in-8».