diversement sonores, et les soldats d’un camp chinois voisin
qui, bien avant le jour, commencent une cacophonie épouvantable
et la prolongent pendant des heures entières, les
dormeurs les plus intrépides sont vite jetés hors de leur lit.
Mais quelles délicieuses soirées, trop vite écoulées, sous
la fraîche vérandah, et comme nous avons passé là, le
soir du 17 juillet 1901, de douces heures à causer de la
France, que les uns allaient revoir, que les autres, depuis
cinq ans, n’avaient pas revue!
« Il est vrai, me disait Bouteiller en me ramenant au port de
Tu-nié, que l’on peut vivre heureux à Pagoda. Les distractions
n’y sont pas fort nombreuses; mais cet aimable homme,
l’ingénieur en chef Doyère, et sa charmante jeune femme,
singe'nient chaque jour à nous procurer quelques divertissements.
Leur maison est toujours ouverte, et toujours quelques
officiers, reunis a leur table, prolongent la causerie fort avant
dans la soirée. Connaissant admirablement la Chine, et surtout
ce pays où il vit depuis plusieurs années, M. Doyère
sait nous intéresser aux moeurs de ses habitants. On danse,
on joue la comédie, et les midships conquièrent un certain
renom dans L Affaire de la rue de Lour cine. Le 14 juillet
rassemble là tous les Français, comme la veillée de
Noël les y réunit près de l’arbre traditionnel. Pour les
amateurs de tennis, il y a un tennis des mieux installés.
Les fervents du carambolage prennent possession du billard.
Aux techniciens il est loisible de visiter l’Arsenal,
ses ateliers outillés selon les derniers perfectionnements
de la science, ses croiseurs en construction. Mais il faudrait
un jour au moins pour visiter en détail l’île escarpée de
Pagoda-Anchovage, où sont situés le dock et l’Arsenal, et
qui est reliee a la terre ferme par une passerelle. L ’Arsenal
est à un kilomètre d’ici, et la promenade est aussi agréable
que L.cile. Une promenade plus agréable encore, mais pas
aussi aisée, est celle que nous allons faire au monastère
des bonzes de Kushan, dans une gorge presque sauvage
d’une montagne située au-dessous de Fou-Tcheou. »
Il me promit, en me quittant, de me raconter cette excursion.