LES REPAS CHINOIS — L ’INFLUENCE FRANÇAISE
Un bataillon d’infanterie de marine et une batterie
ont débarqué hier, et traversé toute la ville, précédés par
les lanciers hindous, la musique des sikhs et des gourkas.
Vous voyez à quel point les Anglais se font aimables.
Hier, j ’ai dîné dans un restaurant chinois, invité par
un gros commerçant indigène. Dîner au champagne, avec
les plus jolies chanteuses de Shanghaï, les joueurs de
flûte et de violon les plus réputés. Entre les services, on
passait aux convives des linges chauds, imprégnés d’odeurs
fortes. Avec ces linges il est de rigueur de se frotter la
figure et les mains, et cette friction produit, par une
réaction immédiate, une fraîcheur des plus agréables. Va
pour les frictions odorantes! Elles valent bien nos ablutions
à l’eau froide.
Mais je ne me suis pas très bien fait encore à ces
menus étranges, où les desserts les plus sucrés passent
avant le potage, où toute la bonne volonté d’un Européen,
même affamé, se sent .impuissante en face d’innombrables
hors-d'oeuvre, mêlés à d’innombrables poissons ou volailles.
Vraiment, ils sont trop ! c’est le cri de la vaillance découragée.
La curiosité vient alors au secours de l’appétit, pour le