mètres), d’Antonini (400), de Yaulserre (363 kilomètres, jusqu’à
Wu-hu). Eu tout cas, Davis et Jurien de la Gravière paraissent se
tromper quand ils affirment, l’un que la marée ne se fait pas sentir
plus haut que Koua-tcheou,. au-dessous de Nankin ; l’autre, qu’elle
cesse de se faire sentir même à Chin-Kiang. A l’embouchure, selon
le commandant Laurens, les grandes marées donnent une différence de
5 mètres environ entre le niveau des hautes et des basses mers.
Obstacles divers à la navigation. —- Les échouages de navires sont
fréquents sur le fleuve, en dehors de la saison dès crues. Lès bancs
de sable à fleur d’eau, les îles verdoyantes de bambous, vaseuses (le
plus souvent) ou rocheuses, abondent. En 1842, la flotte anglaise de
sir Parker est à peine entrée dans le fleuve que le Belle-Isle et le
Oomwallis s’échouent. En 1854, la frégate Susquehanna, qui portait
lé représentant des Etats-Unis, Mac-Lane, s’échoue par deux fois.
En 1858, au début de l’expédition de lord Elgin, un vaisseau anglais
s’échoue à l’embouchure sur un bas-fond de sable. Quelques mois
après, le F »nous s’échoue sur une roche près de l’île d’Argent.
En 1860, lors de l’expédition de Chine, la frégate la Forte s’échoue de
même dans les premières passes du Yang-tse, et deux navires marchands/
V Alexandre-Balli et VAmélie, se perdent sur les bancs de
l’entrée. (P a lltj, ^Relation de Vexpédition de Chine en 1860 ; 1863,
235 p., impr. impériale). En 1869, quand M de Rocheehouart remonta
le fleuve, le Coëtlogon resta plus d’un mois envasé près de
l’émissaire du lac Poyang. Tout récemment, en 1900, les voyages heureux
des bâtiments anglais Woodcoch, Woodlark et Pioneer, ont eu
pour contre-partie la perte du bateau allemand le Souishiang, de
Brème, sur un écueil des rapides. Plusieurs points sont particulièrement
dangereux en dehors de l’embouchure : ce sont les passes rocheuses
de Chin-Kiang, où le lit du fleuve se resserre et se creuse; surtout
celle de l’île d’Argent (en chinois, Tsiao-chan), qui se prolonge par
des écueils ; les abords de Kiu-Kiang et du lac Poyang, où se dressent
.'es rochers isolés du P etit Orphelin et du Grand Orphelin (le Petit
Orphelin, qui est sur le fleuve, est moins large, mais plus haut que le
Grand Orphelin, qui est à l’entrée du lac) ; enfin, et surtout les
rapides du haut fleuve.
La région des rapides commence au-dessus de Hankéou. De Hankéou
à Sha-se et à Itchang (1,700 kilomètres de la mer), la navigation
n’est pas très difficile encore. (Voir dans le Bulletin de la Société de
g éographie, 1876, la description des gorges, falaises, grottes et cascades
d’Itchang, par l’abbé Arm. David.) Le lieutenant de vaisseau
Coustolle, commandant la canonnière la Vipère (juin-juillet 1891), a
reconnu, dans cette première région, trois barres, celles de Salamis
(5“ ,5 d’eau en remontant, 6 en descendant) ; de l’île Sundey, entrave
très sérieuse à la navigation, excepté à l’époque des hautes eaux, et
de Sha-se, moins périlleuse, exigeant toutefois beaucoup de précautions.
C’est à Itchang que s’arrêtaient jusqu’à ces derniers temps les
bateaux à vapeur, et que les jonques, à 2, 3, 5 mâts leur succédaient.
Aux jonques succèdent bientôt les sampans, et aux sampans, quelquefois,
les radeaux.
D’Itchang à Tchoung-King (2,350 kilomètres de la mer), 5 rapides
ont été décrits par le P. St. Chevalier, dont l’Atlas hydrographique
est le document le plus sérieux que nous ayons actuellement
sur le haut Yang-tse. Ce sont les rapides principaux, car Bonin
en compte 60. L’un présente une vitesse approximative de 12 noeuds
en plein courant. De Tchoung-King à Soui-fou (2,750 kilomètres),
Bonin signale 6 rapides notables. De Soui-fou à Ping-chan (2,939 kilomètres),
la navigation n’est plus possible que par petites jonques.
A 100 kilomètres au delà de Soui-fou, à l’est, elle cesse vraiment au
rapide infranchissable de Tsen-Yao-Han (Y a u lse rre ), vraie chute
de 3 mètres, au-dessus de laquelle il n’y a plus qu’un grand torrent.
Quelle est l’impétuosité du fleuve resserré dans ces gorges, on le
devine. « Son allure est sauvage, bruyante. Tantôt il bondit sur les
roches des rapides, tantôt il bat comme un furieux les dures assises
de la montagne ; il creuse des anses où ses eaux se calment, se reposent,
mais pour repartir, avec une vitesse étonnante. Il se tord, il
se démène dans une prison de pierre. » (B o n v alo t.) Selon Bonin,
près de Li-Kiang, grande ville ouverte et marché très important, le
courant à une vitesse de 4 noeuds à l’heure. Entre le lac Toungting et
Sha-se, aux coudes des replis, le courant atteint 6 et 7 noeuds à la
montée, près de 8 à la descente. (C o u sto lle .) Au-dessous de Hankéou,
dans un lit élargi, le courant se ralentit nécessairement. Toutefois,
en 1866, le lieutenant de vaisseau Trêves signale un courant de 2 à
4 noeuds en moyenne entre Hankéou et Woo-sung. « L’impétuosité du
courant, écrit Davis (1837), est telle que l’ambassade de lord Amherst
éprouva beaucoup de difficultés à le remonter vers le lac Poyang :
elle ne pouvait avancer qu’avec le secours d’une forte brise du nord-
est. » Sous les murs d’Outchang, Barrow, note, ' en été, une vitesse
de 5 à 7 noeuds. Au confluent du Han, aux passes de Chin-Kiang, les
remous sont dangereux.
Cette hydrographie du fleuve'est loin d’être fixée, et sera toujours
assez variable. Sur le haut fleuve, les renseignements sont récents,
mais précis : levé hydrographique des officiers anglais Dawson et
Palmer (1869, jusqu’à Itchang), atlas du P. St. Chevalier (nov. 1897
à mars 1898, jusqu’à Ping-chan, contrôlé et quelquefois rectifié
en 1901-1902 par la mission Hourst). La nature même des lieux, qui
ne peut guère changer, est ici une garantie d’exactitude durable ;
mais, plus on descend vers l’embouchure, plus l’hydrographie devient
incertaine. Les sondages faits et refaits en 1842, 1863, 1880 ont toujours
besoin d’être rectifiés ; les chenaux sont changeants, les balises
et bouées doivent souvent être déplacées. On estime à 180 millions
de mètres cubes par an les alluvions du Yang-tse. C’est la reproduction
en grand des phénomènes qui se produisent dans la région inférieure
de la Loire.