la force de propulsion est minime, ne saurait l’être pour un
bateau rapide.
Tels sont les cinq rapides principaux, les seuls pouvant
offrir quelque danger pour un vapeur.
Du Sin-t’an à Tchoung-King, le Yang-tse traverse un certain
nombre de villes qui ne sont pas encore ouvertes au
commerce. Tchoung-King est une grande ville, un « fou » ;
il y a une importante colonie européenne et un consul français.
Au delà de Tchoung-King, le Yang-tse continue son
cours à travers le Setchouen, et jusqu’à Ping-chan-hien on
trouve des profondeurs d’environ cinq mètres. Les deux
canonnières anglaises Woodcock et Woodlark ont fait une
exploration dans la région comprise entre Tchoung-King et
Soui-fou, point considéré jusqu’à nouvel ordre comme le
terminus utile de la navigation à vapeur. La distance qui
sépare Tchoung-King de Soui-fou, par le fleuve, est de
250 milles; une grande ville, Lou-tcheou, marque à peu près
le milieu du trajet. Le lit du fleuve, d’après les commandants
de ces navires, ne présente pas d’obstacles bien dangereux;
mais il se rétrécit sensiblement, devenant en même temps
plus sinueux.
De Soui-fou à Ping-chan-hien, nous ne connaissons le
fleuve que par Y Atlas du P Chevalier. Au delà, c’est l’inconnu;
mais, si un bateau à vapeur de quelque importance
n’y peut plus naviguer, il faudrait savoir s’il ne serait pas
possible d’y faire circuler des chalands remorqués. Un
monde nouveau serait ainsi ouvert à l’activité commerciale...
En résumé, la France a le droit de considérer la vallée du
Yang-tse comme un domaine dans lequel il lui est permis
d’exercer son activité sous toutes les formes. Par notre éloignement
fatal des entreprises de navigation, nous avons
laissé aux autres puissances une situation qui n’est pas justifiée,
sauf pour l’Allemagne, par leur activité commerciale.
Mais l’étude de la partie du fleuve comprise entre Shanghaï
et Itchang prouve qu’il y a placé encore pour des activités
nouvelles. Si une compagnie française se fondait pour la
navigation sur le bas Yang-tse, nos nationaux y trouveraient
une juste rémunération pour les capitaux engagés, en même
temps que l’influence de notre pays en serait grandie, car rien
ne montre plus aux yeux des Chinois l’importance d’une
nation que son expansion maritime...
Lorsque la Sur-prise est remontée à Hankéou, en septembre
1900, il y avait deux ans et demi que le pavillon
français n’avait paru dans cette région. Aussi l’opinion était-
elle généralement reçue chez les Chinois que seule la nation
anglaise avait le droit de naviguer librement sur-le Yang-tse.
La présence de la Surprise, bientôt suivie du Lion, de la
Décidée, et même de YAmiral-Charner, a enlevé désormais
toute base à cette croyance.