Au m e siecle, Kiang-khang fut la capitale du royaume des Ou ;
puis, au IV e siècle, des Tsin orientaux (Tartares) ; au V e, des Tsi ; elle
fut alors prise d’assaut et brûlée en partie. Au V I e, sous les Liang,
c’était une ville déjà considérable, puisqu’un nouveau siège détermina
l’incendie de la bibliothèque, riche de plus de 140,000 volumes.
Elle fut de nouveau prise aux Xe et X I I e siècles sous les Soung, et
au xm e, sous les Mongols. Sa grande période de splendeur fut
aux xiv6 et xve siècles, sous la dynastie des Ming. Le fondateur de
cette dynastie, Hong-wou, fils de paysan et domestique de bonzes,
établit sa résidence dans cette ville, d’où il était, dit-on, originaire.
Mais, presque au début du xve, après un nouveau siège, la capitale
fut transférée à Pékin (1421). C’est alors que l’ancienne capitale
reçut le nom de Nan-King, cour du Sud, par opposition à Pe-King,
cour du Nord. Mais Nankin, la ville des sciences et des arts, garda■
longtemps encore sa supériorité sur la capitale nouvelle,du centre civilisé de la Chine. trop éloignée
Du xvie au xvm e siècle, l’histoire de Nankin se confond presque
pour nous avec celle des missionnaires européens, de leurs établissements
e t des persécutions qu’ils ont subies. C’est le 31 mai 1595 qu’y
arriva sur une barque, de Canton et de Nan-tchang, où les Jésuites
avaient une résidence, le fameux P. Matteo Ricci, qui y séjourna'
cinq ans ; mais, dès 1616, les premiers établissements chrétiens sont
détruits. Au x v i i 6 siècle,les historiens ecclésiastiques parlent surtout
de Nankin. Le P. Trigault (1616) admire cette ville d’une étendue
prodigieuse, mais qui contient « de grands entre-deux dé jardins,
montagnes, bois e t lacs ». Il la dit très peuplée : la garnison n’est pas
de moins de 40,000 hommes. Le P. Alvarez Semedo (1667) n’est pas
moins-^ enthousiaste. Le P . Louis Lecomte, membre d’une mission
envoyée par Louis XIV (1688-1690) est charmé surtout de découvrir
en Nankin une ville savante, où lé langage est plus pur et l’accent
meilleur que nulle part ailleurs. (Nouveaux mémoires, t. Ier, p. 120
1697, Amsterdam.) Le P. Gaillard constate qu’encore aujourd’hui
on vient à Nankin pour apprendre le chinois. (Il cite, d’après les
Etudes chinoises de G a i l l a r d et C o r d i e r , - les ouvrages spéciaux
du Dr Franz K u h n e r t , privat-docent à l’Université de Vienne • Die
lOehctiense siscahme mStp rVaocchaeb u*la r.N) anking, et Syllabar der Nankings 'DiaCependant
Nankin avait traversé trop de vicissitudes pour n’en
être pas affaiblie. En 1645, les Tartares mandchoux l’avaient saccagée.
Au temps où écrit le P. du Halde (1735), un tiers de l’étendue
comprise dans son enceinte était désert. Un siècle après (1837) Davis
la trouve encore populeuse en certaines de ses parties, et commerçante.
En 1842, c’est sous les murs de Nankin que la flotte anglaise
commandée par l’amiral Parker dicta aux Chinois le traité dit de
ankm, qui cédait Hong-Kong à l’Angleterre et ouvrait 5 ports au
commerce européen. Le 29 mars 1853, c’est à Nankin, prise d’assaut
et devenue Tien-Kin (cour céleste) que des insurgés dont la religion
était un mélange de traditions chinoises e t de croyances vaguement
chrétiennes, proclamèrent le règne de la Grande Paix, Taï-ping, d’où
ils prirent leur nom. Le Roi céleste y régna onze ans. Enfin, le 19 juillet
1864, Nankin est reprise par les troupes impériales qui, à leur
tour, mirent tout à feu et à sang. L’année suivante, les Français et
les Anglais annoncèrent l’intention do s’établir à Nankin. Le Français
Viguier choisit même, pour la concession française, l’emplacement
de Hia-Koan, qui commande l’entrée du canal dit Tsauhia
Creek. Mais les Chinois traînèrent en longueur les pourparlers, et
encore aujourd’hui il n’y a pas de concession européenne à Nankin.
La vice-royauté de Li-Hung-Tchang rendit à Nankin quelque vie.
Il y transporta 1 arsenal de Sou-tcheou (1866) et l’établit sur l’ernpla-
cernent du monastère- bouddhique où se dressait jadis la tour de
porcelaine. Son successeur Lieou-Koen-i fonda l’Ecole navale (1890)
sous la direction des professeurs anglais. Tcheng-tche-tong, vice-roi
intérimaire, fonda l’Ecole militaire et l’Ecole des langues (1896).
Après avoir repris possession de la vice-royauté, Lieou-Koen-i fonda
1 hôtel des Monnaies (1898). On voit que cette dernière moitié
du X IX e siècle a été féconde pour Nankin. Nankin n’a été effectivement
ouverte aux étrangers que le 1er mai 1899. Elle a une Université
protestante, inaugurée én 1893, et 3 hôpitaux protestants, une Mission
catholique, ancienne et importante, et trois cimetières catholiques.
Mais les étrangers n’ont droit de circuler sans passeport hors
de ses murs que dans un périmètre de 60 kilomètres environ. Le
P. Gaillard, qui l’a longtemps habitée, évalue sa population à
300,000 âmes et non à 450,000, chiffre généralement donné en 1891
et depuis. Ï1 Almanach Gotha ne lui accorde même que 227,000 âmes.
En dépit de sa décadence, c’est le deuxième port de la Chine pour
l’importation des marchandises. Quoiqu’il exporte une notable quantité
de papier de riz, de soieries e t satins, il est surtout célèbre en
France par le « nankin », tissu de coton jaune, dont on a fait autrefois
un "grand usage en Europe. La ligne de chemin de fer qui va
relier Nankin à Shanghaï par Lou-tcheou ranimera peut-être l’ancienne
vitalité de la capitale du Sud.
NgCa’nehsto edie elta lvei cKe-iaronyga-suit.é de Nankin que relèvent le Kiang-sou, le
V I
LE NGAN-HOEÏ ET LE KIANG-SI — WÏÏHü, NGANKING, KIL'-KIANG
La province du Ngan-Hoeï, que le Yang-tse traverse sur un parcours
de 310 kilomètres, du S.-O au N.-E., a pour capitale Ngan-
king, et pour principal hien Wuhu (Ou-hou). Mais la capitale et le
chef-lieu de district sont sur deux rives différentes, et c’est Wuhu
qu’on rencontre d’abord, si l’on continue à suivre la rive Sud, à
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