plus ancienne. Elle date de 1861, année où le Yang-tse, de
Chin-Kiang à Hankéou, fut ouvert au seul commerce anglais;
postérieure de deux ans, notre concession ne s’est vraiment
développée que dans ces dernières années.
Le bund anglais, quai-promenade, est assurément celui
qui offre le spectacle le plus imposant et le plus animé. Sur
la berge du fleuve, on charge et l’on décharge les jonques,
vapeurs ou sampans. Sur le quai-promenade, des plantes,
des pelouses, des bancs, une vue étendue, sinon pittoresque,
des maisons pas toujours aussi avenantes qu’on voudrait,
mais d’aspect cossu. Cette prospérité, la concession anglaise
la doit moins au commerce anglais qu’au nombre et au
succès des négociants d’autres nations qui l’habitent.
C’est une erreur de croire ce qu’en 1900 les Anglais ont
voulu faire croire à l’Europe : que le commerce de la vallée
du Yang-tse-Kiang est entre leurs mains. Ils sont courtiers,
bateliers, rabatteurs, employés des douanes impériales ou des
banques; mais, si l’on excepte les employés des maisons de
Shanghaï, ils ne font pas le commerce. Leurs magasins, ici,
étalent en devantures les derniers produits à bon marché
de l’industrie allemande ou les boîtes de conserves et les
vins de France. Ce sônt les maisons commerciales de la
vallée, allemandes, américaines, belges, françaises, suisses,
japonaises, italiennes, qui engagent et mettent en mouvement
les capitaux : les Anglais ne sont que des instruments
intelligents et actifs, mais laissent volontiers croire qu’ils
sont à la fois les têtes et les bras qui dirigent et réalisent
les entreprises. L ’Europe a été assez longtemps la dupe de
ce bluff. Il a fallu les événements récents pour faire avorter
cette tentative d’accaparement de la vallée du Yang-tse,
si industrieusement préparée, sous main, par les hommes
d’affaires et les officiers de Sa Gracieuse Majesté.
Si je porte les yeux à ma droite, du côté des concessions
anglaise et russe, il me semble que j ’y vois deux races et
deux civilisations différentes. Ici, des matelots du station-
naire anglais boivent des alcools polychromes dans les bars
qui s’ouvrent un peu partout. Là, passent des géants aux
yeux bridés, sortes de Kalmouks, qui portent l’uniforme
cosaque, sombre et coupé de bandes jaunes. Ces Sibériens
protègent le consulat de la sainte Russie.
Sur cette concession russe se dresse une énorme usine de
thé comprimé en briquettes, en galettes, si vous voulez;
c’est sous cette forme que le thé destiné aux classes populaires
de la Russie s’expédiait jadis, par les caravanes mongoles,
au delà de l’Oural et du Caucase. Aujourd’hui, de
grands vapeurs russes de la flotte volontaire, la plupart
venant d’Odessa, vers la fin de mai ou le commencement de
juin, chargent ces briquettes, rangées au pied du quai russe
qui, comme celui de France, donnerait facilement le vertige,
tant il est vertical et élevé au-dessus du fleuve. C’est
dans la première quinzaine de mai que se fait la récolte du
thé. La « tea season » dure trois mois au plus. Mais, sur les
concessions, c’est un thé aristocratique qui se débite. Quelquefois
on le coupe avec du thé de Fou-tcheou. Presque
tout ce commerce du thé est entre les mains des Russes, et
leur rapporte de 50 à 60 millions par an.
Le czarevitch Nicolas, actuellement l’empereur Nicolas II,
a séjourné ici lors de son voyage en Extrême-Orient (i),<
au printemps de 1891, et à l’église russe, petite, mais coquette,
le pope fait admirer de très belles icônes données
par la famille impériale, peut-être en souvenir de l’heu-
(1) Sur lës visites faites alors à l’église et aux maisons de le thé russes, voyez Voyage en Orient, cité à la Bibliographie, du prince Ouktomsky, t. II, p. 240
ceet t2t4e4 c. oUllni nbea dneq uHeatn fyuatn ogf fdeortn at uil cszearrae pviatrclhé, ppluasr lleo ivni.c Le-er onia drreas tedueur xr uHssoeu ,é csruirt eknéosuui t:e l e: s« nNaévainrems onien sp, elue vceonmt mpaesr cdeé rbeaprrqoucehre lueunr gs rmavaer cdhéafnaudtis aeus pào qrut adie. H» aOnn
a vu ce que sont aujourd’hui le quai russe et le quai français.