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6§0 REPTILES SAURIENS.
interrompue par la lenteur ou la suspension de l'acte
respiratoire. Quand le sang n'est pas admis dans les
vaisseaux pulmonaires, ou quand il n'en revient pas
modifié comme il doit l'être pour servir à la nutrition
et à l'exercice des fonctions, il prend alors une autre
route , et la vie ne fait que se ralentir dans ses phénomènes.
En dernière analyse, et pour le physiologiste, ce
mode de circulation rappelle et retrace réellement
par ses effets ce qui a lieu chez les foetus des Mammifères,
au moment où ils sont assez développés pour
respirer par eux-mêmes dans l'air atmosphérique. On
retrouve en effet chez ces jeunes animaux une double
communication du sang pour les deux systèmes veineux
et artériel. D'une part, au moyen du canal dit
artériel, le sang veineux qui avait été poussé par la
contraction du ventricule droit dans les artères pulmonaires
qui se trouvent obstruées, est obligé de
passer dans l'aorte. On sait que les poumons ne peuvent
admettre ce sang que lorsque l'air atmosphérique
y a déjà pénétré pour développer leurs cellules,
et par conséquent étendre les canaux de distribution.
Jusque là la respiration n'a pas lieu et le sang ne peut
se vivifier que par l'emprunt qui est fait à la mère
d'une petite quantité de celui qui a été puisé dans le
tissu du placenta. On sait en outre que cette portion
de sang ainsi vivifié est apportée par la veine-cave
inférieure qui, au lieu de se terminer uniquement dans
l'oreillette droite, permet à ce fluide vivifiant de passer
dans l'oreillette gauche par le trou pratiqué provisoirement
à cet effet dans la cloison qui sépare les deux
oreillettes adossées, et que l'on nomme le trou de
botal.
NUTRITION, CIRCULATION. 651
Ainsi dans les Sauriens la structure du coeur , la
disposition des vaisseaux et de tous les agens de la
circulation, présentent d'une manière permanente
un arrangement tel que la respiration peut être suspendue
, arrêtée même pendant un assez long temps,
sans que le cours du sang soit interrompu dans les canaux
qui sont destinés à le diriger vers tousles organes;
et le résultat de ce mode de circulation est analogue à
celui qui n'est que primitif et transitoire chez les foetus
des Mammifères ; ceux-ci se trouvent en effet dans
le sein de leur mère, momentanément privés de la
iaculté de respirer, et leur sang doit extraire ailleurs
que dans l'air, le principal excitateur de la vie,
que l'on suppose être le gaz oxygène.
Le système des vaisseaux veineux et lymphatiques
est très développé dans les Sauriens : il présente
même des particularités que nous ne pouvons passer
sous silence. Ainsi les veines des membres postérieurs,
celles de la queue, et généralement toutes
celles de l'abdomen, telles que les rénales, qui en
particulier sont excessivement nombreuses, celles des
organes générateurs dans les deux sexes, enfin
celles des muscles et de la peau aboutissent toutes à
deux ou à plusieurs troncs principaux qui se dirigent
vers le foiè et s'y terminent comme le fait la veineporte
dans les Mammifères. Ceci est un fait anatomique
très important pour la physiologie. M. Jacobson
de Copenhague, qui l'a observé le premier dans les
Picptilcs (i), a décrit en même temps un organe particulier
auquel il attribue une fonction accessoire à
(1) Nouveau Bulletin de la Société Pliilomatique ; tome o, 1813,
page 256.
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