û TOIITUIÎS FLUVIALES
habitent spécialement les grands fleuves.Quoique leurs
pattes soient également en nageoires, elles diffèrent
beaucoup les unes des autres; car dans les Tlialassites,
les membres antérieurs sont, respectivement aux postérieurs,
d'une longueur double, et leurs doigts sont
ainsi confondus en une masse dont tous les os aplatis
semblent se touclier comme les pièces d'une mosaïque,
maintenues serrées entre elles par une peau coriace
; tandis que cliez les Potamites, les os des pattes
ne sont pas déformés. Les pièces sont susceptibles d'un
assez grand nombre de mouvemens les unes sur les autres,
car la peau qui les recouvre est lâcbe, molle et mobile,
bien que ces pattes n'aient que trois ongles allongés,
les deux autres doigts quoique complels , restent
caclîés sous la peau.
Le cou des Thalassites est généralement très court,
et leur grosse tête est munie de mâchoires épaisses,
garnies d'un bec de corne tout-à-fait nu. Dans les
Potamites, le cou est généraient ent très allongé etprotractile,
la tête étroite en devant et pointue, les os
presque à nu ; les mâchoires sont tranchantes et recouvertes
d'une saillie de la peau qui forme, pour l'une
et l'autre pièce, un repli qui simule des lèvres. Les
narines sont aussi fort différentes ; car chez les Tortues
de mer, elles sont simples, et leur orifice se voit dans
la troncature antérieure du bec, tandis que dans celles
des fleuves, le canal nasal est prolongé en un tuyau
court, en forme depetite trompe mobile, qui fait l'office
d'une sorte de boutoir. Enfin, comme nous le disions
d'abord, la manière de vivre, le genre de nourriture
et les habitudes qui en dépendent sont tout-à-fait différens
dans ces deux familles : les Tortues marines se
nourrissent presque exclusivement de racines et au-
OU CHlîLONÏEA'S P0TA.MIÏES. 4fi5
très productions végétales, tandis que les fluviales font
leur pâture des poissons, des reptiles et des mollus^
ques, auxquelles elles font une chasse continue.
Les différences sont moins tranchées entre les Tortues
paludines et les fluviales ; le passage est même ,
jusqu'à un certain point , établi par quelques espèces
de l'un ou de l'autre groupe. Cependant au premier
aspect, les Potamites diffèrent de toutes les Élodites ,
parce que, parmi celles-ci, il n'en est aucune dont la
carapace soit entièrement dénuée d'écaillés, et dont
toutes les pattes ne soient munies seulement que de
trois ongles presque droits. Il n'en est pas non plus
dont le bord des mâchoires soit garni de ces replis de
la peau que l'on a regardés comme des sortes de lèvres.
D'ailleurs ces deux familles de Tortues ont entre elles
beaucoup d'analogie pour les moeurs et les habitudes;
car quelques genres, parmi les Pleurodères, vivent
presque constamment dans l'eau et s'y nourrissent de
proies vivantes qu elles poursuiven t avec acharnemen t,
mais la forme de leurs mâchoires est autre tout-à-fait.
Les ongles de leurs pattes sont au nombre de quatre
au moins, recourbés, crochus ; leur cou est déprimé
et se replie latéralement par des mouvemens de sinuosités
qui se rapprochent des ondulations que les Serpens
impriment à leur échine. La Chélyde Matamata
a seule quelques rapports avec les Potamites et lie ainsi
les deux familles. Ses moeurs sont les mêmes ; sa carapace
est large et mince ; les écailles qui la recouvrent,
quoique bombées, ont peu d'épaisseur et sont très
flexibles ; les narines seprolongent également en tube,
mais la forme du cou, de la tête et des mâchoires est
tout-à-fait différente. Le cou est aplati et frangé sur
les côtés; la tête, excessivement déprimée en avant,
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