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640 REPTILES SAURIENS.
Les dents des Sauriens ont reçu des noms divers,
d'après la place qu elles occupent dans la bouclie et
suivant les os qui les supportent. On les distingue généralement
en celles de la mâchoire supérieure, de
l'inférieure etdupalaisj et le plus souvent d'après leur
forme ou la manière dont elles sont attachées à ces diverses
régions.
Jamais ces dents ne sont composées; c'est-à-dire
qu'on n'y voit pas des bandes de cément, entremêlées
avec la matière éburnée : c'est un rapport qu'elles ont
avec la plupart de celles des Poissons. La portion osseuse
est toujours recouverte de l'émail, de sorte
qu'on peut énoncer qu'elles sont toujours simples,
quelle que soit la forme conique, ou aplatie, ou comprimée
de la portion visible.
La seule famille des Crocodiles offre des dents coniques
, inégales ^ isolées , implantées comme par
gompliose dans des alvéoles creusées isolément dans
l'une et l'autre mâchoires. Ces dents ont leurs racines
creusées en cône, de sorte qu'elles portent sur une
base circulaire, mince; c'est dans leur cavité qu'est
reçu le germe de la dent qui doit succéder à celle
qui la protège, ou celle qui est destinée à remplacer la
première.
Chez la plupart des autres Sauriens, les dents n'ont
pas de véritables racines : leur couronne semble se
coller, se souder sur le sommet du bord supérieur
d'une rainure creusée dans les os maxillaires ; elles se
lient h leur portion osseuse et souvent entre elles, de
sorte qu'elles paraissent être une portion émaillée et
deniiculéc du tranchant de l'os, ainsi qu'on le remarque
dans les Caméléons. Dans ce cas, les germes des dents
NUTRITION, DIGESTION. 64'!
qui sont destinées à remplacer les premières, naissent
sur le bord interne de chaque rangée et un peu eu
dessous.
Les dents qu'on nomme palatales ou palatines,
parce qu'elles occupent en effet la voiite du palais, ne
sontpas toujours solidement fixées sur les branches des
os ptérygoïdes. Quelquefois elles sont simplement
implantées danslamembrane, etelles se détachentavec
celle-ci par la macération; jamais elles ne servent à
la mastication. Elles semblent plutôt destinées à remplir
l'office d'une herse, qui retiendrait la proie et qui
l'empêcherait de rétrograder, car leurs pointes acérées,
quelquefois à peine sensibles, sont toutes dirigées
en arrière. C'est ce qu'on voit dans les Iguanes,
les Polychres et les Anolis.
Comme on a étudié beaucoup les formes et les dispositions
de ces dents, on a cru nécessaire de désigner
toutes leurs modifications par des dénominations
particulières, dont nous allons faire connaître
quelques unes.
Quoiqu'on ait donné le nom d'incisives et de laniaires
aux dents de la partie antérieure, surtout à celles de
la mâchoire supérieure, ce n'est pas la forme qu'on a
voulu ainsi indiquer, mais bien les os dans lesquels
elles sont implantées, savoir : les premières, dans les
os inter-maxillaires antérieurs, et les autres dans les
branches osseuses des sus-maxillaires. Au reste cellesci
ont quelquefois pour usage de retenir fortement la
proie. Elles sont plus longues, plus pointues , comme
dans les Mammifères carnassiers tels que les Chauve-
Souris : c'est en particulier le cas des Dragons.
D'après leur quantité, on les a dites rares ou nombreuses,
et on les a distinguées en discrètes ou isolées,
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