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522 TORTUES MARINES
jaune est surtout très estimé : lorsqu'il est trop durci,
il devient huileux et translucide ; mais en général ces
oeufs ont une excellente saveur, même dans les espèces
dont la cliair est musquée, comme dans la Tuilée et la
Caouane.
La carapace et le plastron de la plupart des Chéloniens
sont protégés par des lames d'une substance
cornée qui peuvent en être facilement détachées,
comme des plaques. Quoiqu'elles soient courLes et d'inégale
épaisseur , il est facile de les redresser et de les
faire solidement adhérer ou se coller intimement les
unes aux autres. Chez le plus grand nombre des espèces
elles sont trop minces pour être employées avec
avantage. On recueille principalement cette matière,
qu'on nomme I ' é c a i l l e par excellence, sur les espèces
de la race des Thalassites qu'on appelle les Carets ou
les Tuilées , parce que ces lames sont placées en recouvrement
les unes sur les autres, comme les tuiles
d'un toit, et surtout parce qu'elles ont beaucoup plus
d'épaisseur. C'est une substance précieuse, employée
dans les arts de luxe, à cause de sa dureté et du beau
poli qu'elle peut recevoir et conserver. C'est ce qui la
fait estimer beaucoup et par cela même rechercher
dans le commerce. Cette matière semble différer essentiellement
de la corne, parce qu'elle n'est pas formée
de fibres ou de lames parallèles; qu'elle paraît
plutôt une exsudation de matière muqueuse et albumineuse
solidifiée, dont le tissu est homogène et qui peut
être coupé et poli dans tous les sens comme la corne ; au
reste, elle est susceptible d'être ramollie par l'action
de la chaleur, et on peut alors lui donner les formes
les plus variées, qu'elle conserve après qu'elle a été
refroidie.
o u CHÉLOIVlEWS XEîALÀSSITES. 525
L'industrie a tiré de ces propriétés de l'écaillé de
la Tortue le parti le plus avantageux, en l'employant
pour les arts par des procédés divers que nous ferons
connaître avec plus de détails à la fin de ce chapitre,
cette matière première étant un des produits les plus
remarquables que fournit la classe des Pieptiles et
ayant donné, par cela même, occasion de faille plus de
recherches sur cette portion de leurs tégumens.
On emploie différens procédés afin de se procurer
les Tortues marines. Dans certains parages on profite
de l'époque où les femelles ont l'habitude immémoriale
de se rendre sur la terre vers quelques rivages
d'îles à peu près désertes, pour y déposer leurs oeufs
pendant la nuit ; les matelots , qui se sont transportés
exprèssur les lieux, attendent en silence qu'ellessoient
sorties de l'eau. Pour couper la retraite à celles qu'ils
trouvent sur leur chemin, ils se contentent de les renverser
sur le dos soit directement, soit avec des leviers
dont ils se sont munis à cet effet. Ces animaux, ainsi retournés
sur un sable mobile , ont beau faire agir leurs
nageoires, ils ne rencontrent aucun point d'appui et ne
peuvent se redresser. On les retrouve le lendemain à
la place où on les avait renversés : on les transporte
alors avec des civières sur les navires; on les laisse là
sur le pont dans la même position pendant une
vingtaine de jours, en ayant seulement le soin de les
arroser d'eau de mer plusieurs fois dans la journée ;
on les dépose ensuite dans des parcs pour les retrouver
au besoin.
En pleine mer, et lorsque les Chélonées viennent à
la surface de l'eau, soit pour y respirer, soit pour y
dormir, on fait en sorte de s'en emparer en se servant
du harpon. C'est une sorte de javelot à pointe acérée,
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