yaülté. C ’eft fort que l’obligation de jurement,
8c de proüefle y Ibuftife. Aimi le répondit feu M.
de Bourbon, comme j ’ay entendu, qui onc nevault
faire confédération, ou alliance par jurement avec
quelconque de fonlignaigc, difantque bien luy fouf-
fifioit l’obligation naturelle. Et c’étoit faigement
fait : Gar dit Caffian in Collât. Patrum. Que a peine
vient bien des amitiez. , qui fe quierent affermer par jurement.
Et nous l’avons veu en Angleterre de noitre
temps, 8c en Italie, & en France, 8c ailleurs. Car
leurs confédérations fouvent n’ont été que déceptions.
2S(ota in Hiftoria. S. fric obi de illo qui non juraverat,
& Joins fervaverat] Fidem. Juramentum a malo ejl, fei-
lie et a fragilitate credendi.
' Non pour quant je me vueil bien peu arrefter à
montrer l’obligation de jurement, quelle elle eft, félon
la Sainte Efcriture , 8c félon tous droits, naturels
, 8c civils. Gar aulîi l’Univerfité ma Mere don-
na darreinement en fes inftr.uctions, que ce point fut
principalement declairé , 8c élevé. Et l’ay aulîi en
mandement. Si difôns , que l’obligation de jurement
eft la plus forte qui puilîe être, entant que
dit l’Apôtre Hebr. vi. 16. Que jurement ejl la fin
de toute controverse & de tout débat. C ’elt-à-dire,
que on ne puet plus demander. Dit outre S. T h o mas,
8c plulieurs autres Docteurs, qne violation de
jurement, c’eft à dire , parjurement eft plus grand
pechié tngenere fuo, que n’eft homicide. Je laide la
déclaration. T e l parjurement > quand il eft folem-
nel, griefue plus la police, 8c feandalife, 8c eft comme
blafpheme contre la vérité de Dieu ■ / car autant
vaut qui fe parjure , comme qui diroit à Dieu : Tu es
un faux temoing. Tu mens.
Parjurement aulîi eft tant mal de loy, que il ne
les puet bien faire pour quelconque difpenlation, ou
pour quelconque bien qui s’en doye enfuir. Qui devrait
fauver une C ité , voire un Royaume, voir tout
un monde pour loy parjurer, il ne le devrait mie foire.
Non funt factenda mala ut eveniant bona. Je ne dy
mietouttefois, que on ne puilîe bien difpenfer erl
aucuns juremens > mais lors ce ne fera mie parjurement.
En apres qui fe parjure publiquement
il eft infome, 8c ne doit point, apres eftre receu en
tefmoignage, linon par avanture en aucun cas. I-
tem : C ’elt l’une des plus grandes folies, 8c mauvail-
tié qui foit à homme, 8c parefpecialà un noble,que
il jure tant que on nelecroye: foy de Gentil-homme
fe doit garder jufques à fouffrir mort. Et encore le
gardent les preux 8c vaiilans nobles : On feule dire que
parole de Roy doit eftre eftable. Nous veons que
marchands, qui font en autres chofes grand pécheurs
fouvent, gardent neanmoins leur foy, que ils appellent
foy de marchandife. Jurement eft tel que il le
doit garder, mefiflement aut Payens, 8c melcreans.
8c à fon ennemy. Fides etiam hofti fervanda eft.
Nous lifons que la deftru&ion 8c tranfmigration de
Jerufalem, ou tant de mil milliers périrent, vint principalement
pource que Sedechias brifo fa foy, 8c fon
ferement, 8c fa loyauté à Nabuchodonofor, qui é-
toit R oy Payen. 1. %eg. ult. & z. Paralip. ult. Et
notés ic y , que Sedechias ne feut point exeufé de fon
pagurement pour le confeil que fon Clergié luy donna
, difont, qu’il n’étoit point tenu à garder fon forment
envers un R o y mefereant, il errait voluntiers.
Si cacus caco ducatum &c. Matth. XV..14. Autrecau-
-fo fut pource qu’il ne vouloir ouïr Jeremie. Non reve-
ritus éji me. 2. Par.xxxni. 23.
Certes qui publie que en aucun cas on puet mentir
, ou parjurer là foy, il détruit toute police humaine,
toute converfotion, 8c toute paix , 8c alliance,
8c demeure le corps de la choie publique comme fons
nerfs, 8c fans connexion.. E t qui eft pis, toute E f criture,
tant foit vraye, par cette alfertion fe deftrui»
roit, félon le dit de S. Auguftin allégué par avant. Et
raifon leconvaint : car on diroit, que Efcripturedit
que Paradis^ eft * non mie que ce foit vérité, mais c’eft
menfonge, pour induire les gens de bien faire Sec. Si di-
fons en outre que un Traittié (ait, & confirmé par ■
ferment fe doit tenir, fuppofé que l’une partie lebri-
fe, voire par éfpecial quand on peut avoir recours à
Juge fouverain. Et quand le Traitté & le jurement
font faits en faveur de la-chofe publique. Et icy
fault cette réglé : - ’
Frangenti fidem, fides frangatter eidem.
Notez la fable des pafleurs, & des loups., comment
ils firent accort, & comment les loups le rompirent.
Adjoutonsàce, que quiconque ju re, oupro-
met à garder aucun Traitié, & il a voulenté contraire
, & fàutè de le non garder, foit pour la défiance
qu’it a de fon adverfaire, foit pofir paour de luy, foit
pour le décevoir. T el eft faulx 8c de loyal & parjur
e , quelcohque.ehofe il lace en apres. Pareillement
qui jure feiemment chofes qu’il fçait, ou doit fçàVoir
eftre illicite.
Adjoutons outre que un tel qui fainétement jure,
& vrayement parjure, fe rend tel que à peine peut-
t-’on jamais .avoir fiance, en parole , ou en jurement
qu’il face,
Fallere qui didicit, ƒallere /imper amat,
P Et iteritm :
Fallere unit hodie f i quafefellit. heri.
Exemple des juremens des femmes folles, & des
fols amqureux , lefquels plus jurent , moins ondes
doit croire, ce dit Ovide ; Exemple d’aucuns lombards.
Nota. Montoigne& c ’eft ce que on dit au proverbe
commun d’un tel: Il nafoy à mentir. Pourquoi
fut Caïn vague, & fuitif fans fe fier à quelconque
perfonne? Ce fut pour la confideration naturelle, &
fraternelle qu’il viola : fi en fut ainfi puni- Nousa-
voiions, que lès Romains dellruifirent toute Carthai-
g e , pource qu’elle, ne tenoit ni fo y , ni loyauté.
Amenons icy par maniéré de récréation Ja fable
du lion, 8t du c e r f , qui eitez-jCroniques de France.
L e lion , qui eft belle finguliere , & incivile,
étoit malade, . . . Renard étoit fon Médecin, . f i lui
confeilla qu’il mangeat du cuer d’un.cerf, dljenpen,
foit bien avoir fa part, comme gens de Court con-
çfeillent faire tailler pour y participer. Et Ariftotedit
que le renard & le loup , & telles belles. enfuivent
le lion pour avoir, part en fa proie. L e lion manda
le cerf fur fa fo y , en confiance, icy vint & s’approcha
près, & le Lion lève fa griffe four étrangler le
cerf. ^ L e cerf gauchift , mais il demeura tout ef-
corné. L e lion le manda la fécondé fois , il y vint
comme fol par l’induétion du renard ; .& par fes
fermera qu’il faifoit. L e lion ne faillit pas , & l’é trangla
: en defàifantce c e r f; le renard avifafoncop,
& happa le cuer en tapinage, & le mangea. Quand le
lion demanda , le foupçon finalement chut lut le renard
; lors en fouriant il dit : ô lire lion , cuidés
vous, que ce cerf eût cuer ? Il ne fût point retourné
la fécondé fois à vous , s’il euft eu cuer. Faites
l’application , & jugiés que le cerf devoit Rire;
il pouvoit bien garder fa foy au lion , mais que fe
gardait dé l’approcher , & que le Lion ne l’appro-
],chaft.
Adjoutons pour cette matière , que s’acun brife
fon jurement publique , & folemnel , l’en doit foire
publique penitence, tant foit confeffé à part,8tc’eft
pour oller l’efclandre des autres. Ce dit eft.contre
l’erreur d ’aucuns ; qui dient que Confeffion fouflk
pour dire après , que on n’a rien fa it , que on n’a
commis,.ou que on n’a point mal foit. E t qui plus
eft , celuy , ou ceux qui violent les Xraittés de paix
confirmes par ferments , ils font.caufe .& coupables
de tous les maux qui s’en enfuivent en guerres , en
pillerjes, en deftruélion de Peuples, & de Pais. C ’eft
une
une dure fontence contre ceux qui ont fait, ou
font injufte guerre par faux engin , ou par mauvais
titre.
A la par fin je trouve par la recitation de Tulle in
lib. DeOfficiis. Que entre les Romains n’y avoit chofe
tant bien , 8c diligemment gardée comme étoit jurement,
mêmement quand il étoit fait aux ennemis.
L ’Univerfité a plus d’yeux que Argus, plus de cent
regard, voir de mil. Elle oit aucunes remeurs que
on veut empefchierla paix, 8cnourrirpartialitezpar
moyens bien eftranges. On découvrira tout, on dira
tout, 8c ne faut point menacier, ne occire aucuns,
les autres cent 8c cent en foraient plus animez à garder
l’authorité Roya lle, 8c vérité , comme au fait
Et foit Tulle à ce propos unequeftion: Pourquoi on -eft apparu. Donnez que on occira un pour direve-
loiie tant Regu lus, qui retourna à Carthaige de fo rite, quoy de cela, il en venra plûtôten gloire, 8c
voulenté, 8c fut là crueufement occis. Aucuns, dit- fera delivre de grande mefchance. Exemple d’un Mai-
Ü, veulent que (à louange eft pour ce qu’il garda ftre en Theologie, qui n’a guerres étoit menaciéde
fon jurement jufques à la mort. Mais Tulle a autre mourir pour foutenir vérité , il eft de prefont mort
opinion . 8c dit que pour ce temps fo Regulus euft A par naturelle neceflîté. Sieuft efté la première mort
plus glorieufe que la fécondé, s’il euft donne fa vie
a vérité : Continuons ce qui eft commencié pour le
,bit Regulu:
voulu foire le contraire, c’eft à fçavoir, qu’il n’euft
voulu garder fon jurement, les Romains l’euflent
contraint. Et de ce il recite plufieurs exemples. L ’un
eft entre les autres, que.enla Bataille de Cannes un
Chevalier Romain jura à Annibal, qu’il retournerait.
Annibal le creut fur fa foy. L e Chevalier foignit
qu’il euft aucune chofe oublié ez tentes de Annibal -,
retourna, puis qu’il étoit parti j puis cuidaeftre qui-
te de fon jurement, qui par art jure , par art fe parjure:
Les Romains feeurent cette fraude, ils leren-
voierent lié 8c emprifonné à Annibal. Pourquoy con-
clud T u lle , que la louange de Regulus ne fut point
pour ce temps de ce qu’il avoit feulement garde fon
forment, mais pour ce qu’il avoitjoyallement confeil-
le , que on ne le rcndill point, qui eftoit ja vieillard
pour le change des prifonniers que les Romains a-
voit de Carthages, qui etoient jofnes, 8c en plus
grand nombre. . g
Nous veons mêmement en un enfont, que c’eft
l’une des pires tanches 8c condition que enfant pueft
avoir , quand il eft conftumier à mentir. Et dit le
Saige. Potioreftfur qu'am afftduitas viri mendacis. Eccli.
xx. 27. Exemple d’un Archidiacre, qui avoit un nep-
veu à l’hôtel, on lui dit qu’il étoit glout 5 il n’en
fit conte j on dit qu’il embloit, il le paflaj on dit
que on ne pouvoit tirer vérité de fo bouche, lors dit
que jamais ne ferait bon fruit. Tulle à la parfin recommande
Jules Cefar en ce qu’il avoit fa dextre
main plus forte, 8c confiant à garder fes promeflês,
8c la foy, que en battaille.
Si concluons icy. Vous nos très redoutés, 8ctres-
nobles Seigneurs,, concluons, prions, 8c requérons,
puifque le Traittié, 8c accort a efté fi folemnellement
juré, tant pour la foy , que vous devez à Dieu , 8c
fur peine de parduraole damnation, comme par la
foy de Noblefie , 8c de Gentil Seigneur , vueilliés
deuxième point principal, 8c trop plus briefque par-
avant, 8c comme en coulant, ou en courant.
Je dis que nous avons à parler de trois Eftats figurez
par les trois parties principales de la ftatue de N abuchodonofor.
Nous avons dit par l’Etat de Chevalerie,
qui eft fignifié parla poitrine, 8c parle bras d’argent,
que cet Etat doit avoir vigueur,8c ftrenuité.Si prens icy
La Premitre Confideration.
P T dis, que l’Ë tat de Chevalerie doit avoir loyer,
8c gaiges publiques pour défendre le R oy 8c tout
fon Royaume par vigueur, 8c par force. Cete Confideration
prouvoit l’Apôtre, quand il dit : Ntmo te-
netur propriis ftipendiis militare. i.C o r ix .7 .
La 'Deuxième Confideration.
T ’ E s t â t de'Chevalerie doit eftre content de fes
, gaiges fons foire gre vance aux autres Eftats. C ’eft:
la doétrine de S. Jean Baptifte. Neminem concutiatis9
& contenti eftotc ftipendiis veftris. Luc. III. 14. Et for
cette matière on propofo autrefois contre aucunes
erreurs de ceux qui dient, que les Gens d’armes
peuvent prendre vivres 8c autres chofes fans payer,
8c reftituer. Contre cecy eft que chacun membre
doit eftre content de fon nourriflement fonsufurper,
ou attraire violentement la nourriflon de l’autre membre.
On déclara lorS cette vérité en monftrant que
le R o y même ne puet donner le congié en tous cas
8c félon fon plaifir. Car le Roy eft lubjet à raifon,
8c à la L o y de Dieu, 8c à Juftice : Et dit S. Auguftin
Lib. de civ. Dei. TSfihil infelicius felicitate peccantium.
Nul n’eft plus malheurex que celui, qui peut pechier
ce ditTraittié perfeveramment,5c conftamment main- C *ans punition. Si foit pis un pillart qui prétend l’authorité
Royalle , que un autre qui pille fons au-
thorité, 8c eft plus à punir. Car il encoulpe le Roy,
8c peche plus franchement 8c hardiment, fans refif-
tance, 8c fons correction, 8c repetance.
La Troifiéme Confideration.
T ’ E s t â t de Chevalerie eft très à loiier, s?il foit
justement fon devoir. Car Gendarmes qui expo-
fent leur vie pour jufte titre, 8c defenfe de juftice
& ,dç vérité, par droite intention, font comme Martyrs
de-Dieu. Mais fe ils font le contraire, ils font
martyrs d’enfer , quand ils foutiennent injufte que-
rele, ou par mauvaife intention, 8c perverfe operation.
La Quatrième Confideration.
tenir fons enfraindre en tou t , où en partie. Et
s’aucune occalion venoit au contraire, que on deuft
rompre le Traittié de paix, que Dieu ne vueille, foit
tout foit par bon confeil de gens qui redoutent
Dieu $ de gens qui ne quierent que bien commun,
Sc du Royaume * de gens qui garderont bien de donner
confeil, qui foit à la perdition du pauvre peuple
innocent, ou contre le R oy , 8c fon authorité.
Trop ayons eu de depielchief à cette occafion : fi
autrement fe foifoit, vous perdriés vous, 8c nous tous
en la jufte fureur 8c indignation de Dieu qui tellement
aurait efté méprifé en fes Commandemens. Et
nous avons tous bonne elperance , que ainfi fe tendra,
8c Dieu le doint pour l’accompliflement de ce
folut, Rex in fempiternum vive.
Icy ferait à parler du bon gouvernement de très
rfoble , 8c très Souveraine Dame la Reyne , 8c de
Monfeigneur de Guyenne, qui appartiennent au chiefD y ’ E s t â t de Chevalerie doit telle obeïflànce, 8c
d’or. Entre les autres, choies je vueil bien dire pour defenfe au R o y , que pour quelconque mandement
fond ce que baille juvenal. de Seigneur delîbus lequél un Chevalier eft , il ne
Secretum divitis ullum, doit foire guerre à fon R o y , qui fe porte juftement.
Effe put as? &c. . L e Roy va toujours devant, 8c fon commandement rai-
On fçait tout, rien n’eft fecret entre les grands fonnable palfo les autres. Si ne peuvent eftre exeufez
Seigneurs 8c Dames. Chevalliers, de tenir, ou nourrir partis au préjudice
'Obi majo/fortuna, ibi minor licentia, dit Sallufte. du Roy , ou de for} authorité Royale. Et notam-
TomilP'. Par s. I I V v ment