Toutefois, il est probable que le changement
complet du style monétaire, ne s’effectua pas rapidement
et d’un seul coup ; il fut nécessairement
progressif, et c’est effectivement ce que témoignent
les monnaies. Examinons les premières pièces d’or
de Léon l’Isaurien, celles à son effigie isolée, et
nous y reconnaîtrons l'analogie la plus saillante,
avec les sous et triens de ses prédécesseurs. Il est
de toute évidence que les mêmes officiers et les
mêmes graveurs ont présidé à la fabrication des unes
et des autres.
Dès que Copronyme fut mis en possession des
honneurs monétaires, c’est-à-dire quatre ans environ
après l’avènement de Léon, il n’en fut plus de
même ; le style et les types furent modifiés notablement
, et l’on acheva d’y introduire les caractères
qui distinguent les monnaies de Léon l’Isaurien et
de sa dynastie. Avant Léon, on ne voit paraître
aucune monnaie du style et de la fabrique des pièces
frappées par ce prince et ses successeurs, bien que
la même irrégularité de flans et la même barbarie
de dessin, se remarquent sur les espèces siciliennes
d’Heraclius et de ses enfans. Après Léon, au contraire,
commence une époque bien tranchée, pendant laquelle
les coins restent les mêmes, et ne diffèrent
absolument que par les légendes, ou du moins par le
petit nombre des lettres qui en tiennent lieu.
Je crois, sauf meilleur avis, que ce mode étrange
de fabrication des monnaies à flans cisaillés, à légendes
grecques et à dessin barbare, n’a été bien établi
que vers le règne de Copronyme, sous lequel il a
été réellement en vigueur, et que, depuis lu i, il
s’est conservé jusque sous Théophile et son fils
Michel. En partant de cette supposition, j ’ai dû
reléguer, à Leon-Chazare et à Constantin, les pièces
ainsi frappées, qu’on aurait pu revendiquer en faveur
de Léon l’Isaurien et de Copronyme ; on verra
d’ailleurs que leur parfaite ressemblance avec les
pièces indubitables de Nicephore et Stauracius, de
Michel-Rhangabé et Theophylactus, confirme pleinement
cette attribution. Je ne prétends pas dire
qu’il ne peut pas se rencontrer des monnaies analogues
de Léon l’Isaurien et de Constantin-Copronyme ;
mais jusqu’à présent, je n’en ai point encore reconnu
qui m’aient fait changer d’avis.
Quant à l’existence de monnaies de ce genre,
frappées par Constantin-Copronyme, il n’est pas
possible de la révoquer en doute, comme j ’espère le
prouver, en décrivant les monnaies de ce prince.
En résumé, Léon l’Isaurien, ayant occupé le trône
pendant vingt et un ans avec son fils Constantin-
Copronyme, il doit se rencontrer des monnaies
de ces deux princes offrant : ,
Léon avec de la barbe et Copronyme imberbe,
Léon et Copronyme, tous deux avec de la barbe, puisque Copronyme
avait vingt ,et un ans avant la mort de son père.
Léon - Cha-zare, ayant occupé le trône pendant
quatre ans avec son fils Constantin qui n’avait que
neuf ans à la mort de son père, aucune monnaie à
deux effigies avec de la barbe, ne peut leur convenir.
Toute monnaie, offrant un Constantin avec de la
barbe et un Léon imberbe, ne peut appartenir qu’à
Constantin-Copronyme et à son fils Leon-Chazare.