qu’il ait fallu y regarder à deux fois, avant de se
décider en faveur de l’un, à l’exclusion des deux
autres. Pour n’être point soumis à l’influence des
opinions admises jusqu’à ce jour par les maîtres de
la science, les Sestini, les Eckhel et les Mionnet y
j ’ai pris le parti de clore leurs livres et de ne m’en
rapporter qu’à l’examen des pièces elles-mêmes. En
agissant ainsi, je me suis malheureusemènt trouvé
souvent en désaccord avec mes devanciers ; mais
j ’espère cependant pouvoir établir d’une manière
satisfaisante, que ma classification des monnaies de
la famille de Léon ITsaurien, est, sinon irrévocable,
du moins conforme aux documens historiques. J’entre
donc en matière :
Sur leurs monnaies, Léon l’Isaurien et Constan-
tin-Copronyme, qui paraissent au revers l’un de
l’autre, ne peuvent avoir la même apparence de
virilité ; en effet, Copronyme empereur à l’âge
d’un an , a dû paraître enfant, au revers de l’effigie
d’homme fait de son père, et de même a dû paraître
long-temps avec une figure imberbe, ou du moins
fort jeune, comparativement à celle de son père,
puisqu’il n’avait que vingt et un ans, quand Léon
mourut. Donc les monnaies sur lesquelles se trouveraient
un Léon imberbe et un Constantin avec
de la barbe, ne peuvent en aucune façon, convenir à
Léon l’Isaurien et à son fils Constantin-Copronyme.
Voilà déjà une considération qui exclut probablement
bon nombre de pièces, du domaine numismatique
de Léon l’Isaurien.
Léon, chef d’une dynastie nouvelle, n’avait plus
à copier les types anciens, auxquels les princes de la
famille d’Heraclius s’étaient attachés, et qu’ils avaient
reproduits, avec peu de changemens. L’avènement
de Léon, devait donc donner un autre caractère
aux monnaies de l’état. Quand bien même la raison
que je viens d’alléguer ne serait pas admise, il n’en
demeurerait pas moins constant, puisque Léon était
pour ainsi dire, le plus ardent fauteur de l’hérésie
des iconoclastes, que ses espèces ne pouvaient continuer
le système introduit par Justinien-Rhinotmète,
qui avait décidé que les siennes porteraient l’image
du Christ.
Léon l’Isaurien dut profiter de ce qu’il avait un
collègue en son fils, pour bannir des monnaies toute
image pieuse; aussi les deux princes occupent-ils,
presque toujours, chacun leur face de la pièce, et
paraissent-ils fort rarement du même côté.
Sur les monnaies de Léon, la date du règne disparut
, le plus souvent, avec les légendes et les
différens. La raison de ce dernier fait, est sans doute
la perte successive des anciens ateliers monétaires
de l’empire, enlevés coup sur coup par les Sarrazins.
Il fut donc désormais à peu près inutile d’inscrire
le différent de Constantinople et ceux des rares
hôtels monétaires, qui fabriquèrent des monnaies
impériales, jusqu’à une époque plus rapprochée de
nous. L’atelier de Constantinople continua d’émettre
des monnaies bien distinctes, de cuivre rouge, constamment
pur, à flans régulièrement arrondis, et
d’un style infiniment meilleur que celui des pièces
nombreuses, frappées dans les ateliérs provinciaux,
et qui, taillées carrément, offrent généralement un
dessin d’une inconcevable barbarie.