Constantin-Porphyrogenète et Nieephore-Focas. J’ai
fait connaître de singulières monnaies de cuivre,
du style le plus étrange, le plus barbare, et qui,
déterrées également dans les ruines des anciennes
villes de la Crimée, ont été sans doute émises par
l ’atelier de Kherson. Je ne puis me défendre de croire
que les espèces d’argent, attribuées aux empereurs
de Trebizonde, sont des monnaies impériales byzantines
, frappées également à Kherson.
Avec cette hypothèse, la présence de saint Eugène
jette un grand poids dans la balance. Je m’explique :
dans la Ménologie des Grecs, on trouve , cités ensemble
à la date du 7 mars, comme ayant souffert le
martyre à Kherson, dont ils étaient évêques, les
saints Ephrem, Basile, Eugène, Agathodore, Elpi-
dius, OEtherius et Capiton. Les Bollandistes, dans
leur immense recueil, discutent, à la date du 7 mars,
les faits relatifs aux saints que je viens de nommer et
je trouve (p. 640, seconde colonne, F ) , parmi les
passages extraits et traduits par eux, de l’anthologie
grecque d’Arcudius ou des menoea ou martyrologes,
les deux fragmens d’oraison suivans :
« Concordi voce Eugenium, ô fideles, et Agatho-
dorum, Ephroem, Elpidium cum OEtherione, cana-
mus Basilea et Capitonem, ut exturbatores inimici,
ac hierarchas Christi, cui clamamus : omnia opera
laudate Dominum.---------Hodiè civitas Chërsonis
vestri memoriam célébrât : illius enim fuistis turres
et divinæ columnæ, munitiones, pastores et magistri,
et legati divino munere beatissimi. »
Il n’y a donc pas à en douter, saint Eugène était
vénéré à Kherson dont il fut évêque, et il était
nommé le premier des saints martyrs, patrons de
cette ville.
En résumé, nous trouvons des monnaies d’un
style tout-à-fait différent de celui des monnaies de
Constantinople, offrant des noms d’empereurs bien
connus, et l’effigie du patron de Kherson ; l’atelier
monétaire établi dans cette ville, frappait des espèces
d’un style particulier ; il n’y a donc rien de
plus simple que de regarder les monnaies en question
comme des pièces impériales, fabriquées à
Kherson. De cette manière, il n’est plus besoin de
faire des suppositions peu naturelles ; tout s’accorde
et s’interprète avee la plus grande facilité.
Je pense donc qu’il faut de toute nécessité, laisser
les monnaies décrites par le Bon Marchant (lettre xxm)
et par M> Mionnet, d’après le numismatiste russe
Kohler, aux empereurs suivans :
De 1118 à 1145, Jean-Gotnnêne, fils d’Alexis-Comnène Ier, -
1143 à 1180, Manuel-Comnène,
1180 à 1183, Alexis-Comnène I I , ou de 1195 à 12 0 3 , Alexis-
l’Ange-Comnène (III), suivant que l’effigie impériale
est ou n’est pas barbue.
J’ajouterai aux monnaies d’argent en question
une monnaie d’or de Jean-Comnène, qui pourrait
peut-être avoir la même origine. Au droit paraît
l’empereur, béni par une main céleste et portant un
volume roulé et une longue double croix que tient
égalément la vierge placée à sa gauche ; la légende
est ng|ia» AEcn et mp. — La lettre m de ce dernier
mot affecte la forme bizarre des m que présentent
les monnaies d’argent, frappées à Kherson par Manuel
Comnène. Au revers paraît le Christ assis et