aurait eu qu’infiniment peu de monnaies de cuivre
mises en circulation. Une semblable hypothèse n’est
pas soutenable.
Il est réellement fâcheux, en fermant une lacune,
d’être contraint d’en ouvrir une autre ; mais il
faut avant tout, observer les monumens, l’histoire
à la main, ne jamais décider sans avoir pesé les
circonstances pour et contre, et n’adopter une attribution,
que lorsque tout concourt à la confirmer.
Certes, la terre n’a pas restitué tous les trésors
numismatiques qu’elle renferme dans son sein. Il est
donc permis d’espérer que les monnaies encore inconnues
de Pogonat et de son fils , viendront quelque
jour orner les suites byzantines; si tant est
qu’elles ne gisent pas ignorées dans quelque cabinet
où les monumens de l’empire grec sont méprisés ,
à cause de leur style disgracieux.
JUSTINIANUS (flavius) ,
Surnomme R iiin o tm e tu s , connu vulgairement sous le nom de J u s t in ie n II.
THÉODORA.
TIBERE y connu sous le nom de T ib e r e IV.
. Justinien, fils de Constantin-Pogonat et d’Anastasie
, n’était âgé que de douze ans, Iorsqu’en 681,
son père, après avoir expulsé du trône Heraclius
et Tibere, le prit pour collègue en lui conférant
le titre d’auguste. A seize ans Justinien se trouva
seul maître delà couronne. Avare, cruel, incapable
d’aucun sentiment généreux, Justinien se fut bientôt
attiré la haine de ses sujets; son impéritie lui ayant
en outre valu coup sur coup nombre de défaites, de la
part des Bulgares et des Sarrâzins, le patrice Leonce,
général des armées, profita de la disposition des
esprits, fut proclamé empereur par les troupes, se
saisit de Justinien, lui fit couper le nez et l’exila
à Kherson. Ces faits se passèrent en 6g5 , et c’est
à la mutilation infligée par Leonce, que Justinien
dut son surnom de Rhinotmetus. Pendant les dix
ans que dura l’exil de Justinien, Constantinople vit
éclater une nouvelle révolution qui renversa Leonce,
pour donner la pourpre à Tibere-Absimare.
Terbel, roi des Bulgares, ayant aidé Justinien
à recouvrer l’empire, la restauration eut lieu en 7o5,
et fut sanctionnée par le supplice de Leonce et
d’Absimare, qui eurent la tête tranchée dans l’hippodrome.
A peine remonté sur son trône, Justinien
n’écoutant que sa fureur sanguinaire, se livra à tous
les actes de la plus effroyable barbarie ; ainsi, la
population entière de Kherson fut massacrée par ses
ordres; mais enfin la flotte elle-même, instrument
de la vengeance de Justinien, se souleva contre ce
monstre, et proclama empereur, sous le nom de
Filepicus, un arménien nommé Bardanes; celui-ci
réunissant sous ses drapeaux les nombreux ennemis
de Justinien, accourut à Constantinople et fit mettre à
mort le tyran et son fils Tibere ; leur supplice eut lieu
à la fin de 7 1 1 , ou au commencement de 712.
Justinien eut deux femmes ; la première dont on
ignore le nom, ne lui donna qu’une fille ; la deuxième,
nommée Theodora, fille de Busirus Chagan
ou prince des Chazares, qu’il épousa pendant son exil,
lui donna, en 701, un fils nommé Tibere.