il est très-vrai que les officiers monétaires ont tenu
rigoureusement compte des caractères physionomi-
ques des princes qu’ils avaient à représenter, et que
sur toutes les espèces du même individu, ils ont su
lui conserver un faciès constant. C’est là un fait
très - heureux pour la classification des monnaies
byzantines, et un fait dont on se convainct rapidement
en étudiant avec soin ces précieux monumens.
C’est par suite de cette observation, qu’on ne peut
se refuser à donner au même prince, la pièce que j ’ai
citée plus haut et celle qui a été attribuée à Constantin-
Ducas, par M. Mionnet. En voici la description:
au droit on lit — KamsTAnmos bAsiiEvs un. —
autour de l’effigie de face de Monomaque, portant
de la main droite le globe crucigère, et de la main
gauche une épée qu’il tient au-dessous de la garde ;
à droite et à gauche de la tête, paraissent dans le
champ deux étoiles ; au revers, la légende *— ihs xps
rex REGnAnTihm. — entoure le buste du Christ.
11 est inutile, je pense, de faire remarquer la
ressemblance des légendes et des types de cette pièce,
avec les légendes et les types des pièces classées
par tout le monde à Monomaque.
Ce prince ayant accordé le titre d’auguste à sa
concubine Sclerena, on pourrait croire que cette
femme a joui des honneurs monétaires. Observons
toutefois que jusqu’ici l’on ne connaît aucune monnaie
de Monomaque et de l’impératrice légitime
Zoë, et que par suite, si ces monnaies n’existent
pas, comme cela paraît probable, il y a bien moins
de chance encore de rencontrer des pièces frappées
au nom d’une femme que l’empereur pouvait faire
asseoir à ses côtés, sans oser pour cela lui donner
le droit de paraître sur les espèces courantes, que
ce fait seul eût peut-être fait rejeter avec mépris. Il
ne faut pas oublier que le peuple était extrêmement
attaché à Zoë et à sa soeur Theodora, et qu’il devait,
par conséquent, supporter avec impatience l’injure
faite à leur nom, par l’élévation de Sclerena à la
dignité des augustes.
ZOE.
Zoë, fille de Constantin XI et d’Helene, était
née en 978 ; trois jours avant de mourir , son père
lui fit épouser le patrice Romain-Argyre, auquel
cette alliance valut la dignité d’auguste et l’empire.
En 1 o3 4 , Zoë qui s’était livrée à un commerce
adultère avec Michel le PaphIagonien% M fit assassiner
son mari et l’épousa pour prix de son crime.
Michel cédant à ses remords, sè retira dans un monastère
et y mourut en 1041. Ce prince avait
entouré Zoë d’affidés qui lui dévoilaient les actions
les plus secrètes de cette femme, dont lui-même
redoutait la perfidie. A sa mort, Zoë redevint toute
puissante, et se sentant incapable de supporter à
elle seule le poids de la couronne, elle adopta le césar
Michel-Calaphates, neveu de Michel le Paphlagonien.
Elle avait exigé de lui le serment d’agir toujours à son
égard comme un fils et un sujet ; mais Calaphates
espérant usurper la couronne, oublia bientôt ce qu’il
avait promis, et voulut se débarrasser de Zoë ; ses
intrigues furent promptement déjouées, et le 21
avril 1042 il eut les yeux crevés. A partir de ce
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