les Turcs. Du reste Mahomet II ne tint aucun compte
des conditions qu’il avait acceptées ; il fit conduire
David et les siens à Constantinople, et les y fit tous
mettre à mort, avec le jeune Alexis-Comnène, fils
de Jean-Comnène (II) de Trebizonde.
On ne connaît aucune monnaie de ce prince.
Le B°” Marchant (lettre xxm) s’est occupé de trois
curieuses monnaies d’argent, qui ont une grande
analogie avec les pièces attribuées par lui à des
empereurs de Trebizonde, connus par l’histoire.
Elles présentent au droit une effigie impériale, bénie
par une main céleste et tenant un long nartex et
un volume roulé ; dans le champ on lit — mniia o
kmn. — au revers, paraît saint Eugène debout et
nimbé, et tenant une longue croix ; il est désigné
par la légende — o Ar io c etjtenioc. — plus ou moins
incorrectement tracée. M. Mionnet (p. 537 e* 538)
décrit neuf pièces à peu près semblables, d’après
Tanini et Kobler.
Ne croyant pouvoir classer ces monnaies ni à
Manuel-Comnène, ni à Manuel-Paleologue, le Baron
Marchant, guidé d’ailleurs par la similitude de style
et de types, a pensé qu’il fallait voir dans le prince
représenté ic i, l’un de ces deux souverains de Trebizonde
, successeurs d’AIexis-le-Grand, dont le nom
n’a pas été transmis par l’histoire, et qui ne prirent
pas le titre d’empereur. L’absence du titre J'iavrornt
lui a servi à corroborer la classification qu’il adoptait.
Je commencerai par faire observer que le travail
du Bon Marchant, tout savant et tout ingénieux qu’il
est, laisse pourtant à désirer, et ne satisfait pas pleinement.
Il doit naturellement paraître singulier que
parmi les souverains de Trebizonde, celui dont on
trouve le plus de monumens numismatiques, le
Manuel-Comnène dont je viens de parler, soit justement
un prince inconnu dans l’histoire, même
de nom, et surtout un de ceux qui n’ont pas pris
le titre d’empereur.
Je serais tout disposé à. adopter l’attribution de
ces pièces aux empereurs de Trebizonde, si le saint
qui paraît constamment au revers, était le patron
de cette ville ; mais il n’en est rien, puisque c’est
sous l’invocation de saint Philippe qu’était placée
la cathédrale de Trebizonde. Il est donc très-difficile
d’expliquer la présence de saint Eugène, à l’exclusion
de tout autre saint, sur des monnaies d’une
ville dans laquelle il n’était pas spécialement en
vénération.
Maintenant que j ’ai cité quelques-unes des principales
difficultés que soulève la classification des
monnaies en question aux empereurs de Trebizonde,
voyons s’il est possible de leur assigner une autre
origine.
Toutes ces monnaies sont découvertes depuis peu
d’années ; jamais il n’en était venu de Constantinople
; c’est par la Russie qu’elles ont été répandues
dans les cabinets ; c’est en Russie qu’elles ont été
presque toutes décrites pour la première fois. Il y
a donc un fait constant qu’il importe de noter : c’est
que ces étranges monnaies, venues par Odessa, ont
été exhumées du territoire de la Crimée, l’ancienne
Khersonèse-Taurique, dont Kherson, la capitale,
avait un atelier monétaire impérial, sous Maurice, et
plus tard sous Basile le Macédonien, Leon-le-Sage,