Celle-ci avait été destinée , par Jean-Paleologue, à
son fils Manuel ; mais lorsqu’elle fut arrivée à
Constantinople, Jean, vieillard podagre et décrépit,
en devint éperdument amoureux, et prit le parti
de l’épouser lui-même. Il n’eut d’enfans que du
premier lit. Les deux fils aînés sont Andronic et
Manuel-Paleologue, qui tous deux furent empereurs.
Le premier revêtu d’abord du titre de despote , reçut
ensuite celui d’empereur. Après avoir été forcé de
restituer la couronne qu’il avait usurpée, il céda
tous ses droits à son frère Manuel , qui fut couronné
le 25 septembre r3 y3 .
Il peut donc exister des monnaies de ce règne,
de toutes les séries suivantes :
De 1341 à 1347, Jean-Paleologue seul,
1347 à 1354, Jean-Pàleologue et Jean-Cantacüzêne
1355 à 1371, Jean-Paleologue seul',
Vers 1370, Jean et Andronic-Paleologue,
1373 à 1391, Jean et Manuel-Paleologue ,
1341 à et 1355 à 1371.
JEAN-PALEOLOGUE SEUL.
Jean-Paleologue avait quinze ans, à la fin de la
première partie de son règne, pendant laquelle il s’est
trouvé sans collègue sur le trône; il en avait trente-
neuf lorsqu’il prit pour collègue son fils Manuel.
Les monnaies de ces deux périodes doivent donc
être bi«n distinguées les unes des autres, par les
caractères physionomiques de l’empereur. Sur les
premières il doit paraître jeune et imberbe, et sur les
dernières il doit se montrer homme fait. Observons
que Jean-Comnène avait trente ans à la mort de
son père Alexis-Comnène (I ), et que par suite, toute
monnaie à effigie isolée et imberbe ne peut lui
convenir. Jean-Ducas-Vatatzes avait vingt-sept ans
quand il monta sur le trône de Nicée ; il est donc
exclu pareillement de la possession de toute monnaie
à effigie imberbe. Jean de Thessalonique paraît enfin
avec de la barbe sur ses monnaies ; force est donc
d’attribuer à Jean-Paleologue toute pièce offrant un
prinfce imberbe du nom de Jean.
Je possède une charmante monnaie de cuivre
concave et de très-petit module, qui présente cette
condition et qui a , de plus, une analogie de
types très-remarquable avec la pièce de cuivre que
j ’ai décrite au nom d’Andronic le jeune , père de
Jean-Paleologue. Au droit paraît un empereur imberbe
debout, tenant le labarum et un rouleau
de la main gauche; la légende qui l’accompagne
est — iwANHC AEcnorac. — au revers est placé saint
Demetrius debout et nimbé, tenant une lance et
appuyé sur un bouclier ; il est en tunique courte
et couvert d’un manteau ; la légende est — o ArHoc
AHMHTPIOC.
Il est difficile de ne pas reconnaître une ressemblance
très-grande entre ce revers et celui de la pièce
d’Andronic le jeune, et par suite, de ne pas assigner
une origine très-voisine aux deux monnaies qui les
portent. L’empereur Jean qui paraît ici étant imberbe
, ne peut être que Jean-Paleologue, et la pièce en
question a nécessairement été frappée avant l’usurpation
de Jean-Cantacuzène. On voit que cette attribution
donne beaucoup de certitude à la classification
que j ’ai adoptée pour les monnaies citées au nom