D’après la durée du règne qui lui est assigné par
l’auteur du catalogue manuscrit des empereurs de
Constantinople, il parait qu’Alexis-Ducas-Murtzuphle
n’a pris le diadème que le 22 février 1204 V
Les croisés, jugeant de leur côté qu’ils avaient
une chance admirable pour s’emparer de l’empire
grec, se concertèrent et se partagèrent à l’avance
la conquête projetée; le 12 avril 1204 ils prirent
Constantinople par escalade. Alexis-Ducas parvint
a fuir, mais bientôt après il fut arrêté et ramené à
Constantinople, où il expia ses crimes par une mort
affreuse ; il fut précipité du haut d’une colonne
extrêmement élevée, qui décorait une place de la
ville.
Les monnaies d’Alexis-Ducas doivent donc être
frappées à son nom seul.
*204.
ALEXIS-DUCAS SEUL.
On ne connaît aucune monnaie qui appartienne
légitimement à cet empereur, et pour ma part je
n’en cite qu’une seule qu’on puisse, en quelque
façon, lui attribuer ; c’est la petite pièce de cuivre
classée, par Ducange et Banduri, à l’empereur
Alexis-l’Ange (III). Toutefois je serai le premier à
remarquer que l’absence du nom a™**, que tous
les empereurs congénères d’Alexis n’ont pas manqué
d’inscrire sur leurs monnaies, doit faire douter de
la légitimité de cette attribution. Au droit, on voit
l’empereur debout avec la légende — aaexioc aec-
noTHC. — au revers, paraît le buste nimbé de saint
1 Ducange, Fam. aug. byz. ; addenda, p. 242.
Georges tenant une lance. L’empereur a l’air assez
âgé, ce qui convient à Alexis-Ducas, puisqu’il exerçait
une charge importante dans le palais d’Alexis-l’Ange
(IV). Le type de saint Georges paraissant, pour la
première fois, sous Manuel-Comnène, la monnaie
ne peut être d’Alexis - Comnène ; elle ne peut être
d’Alexis I I , ni d’Alexis IV qui n’a pas régné seul,
à cause de la physionomie âgée de l’empereur ;
restent donc Alexis-l’Ange (III) et Alexis-Ducas. J’ai
fait connaître plusieurs espèces de cuivre d’Alexis-
l’Ange (III), sur lesquelles ce prince paraît toujours
en buste, ce qui n’a pas lieu ici. Enfin cette monnaie
a de grands rapports avec celles de même module,
frappées par Jean-Ducas-Vatatzes, empereur de Nicée,
dix-huit ans après le renversement d’Alexis-Ducas ;
mais Jean ayant signé son nom a , je le répète,
l’attribution de la monnaie en question est fort douteuse.
Elle peut être également d’Alexis-l’Ange (III),
puisqu’on connaît des pièces de cuivre et du même
module de Manuel-Comnène, offrant soit l’effigie
en pied, soit le buste de ce prince. Le seul caractère
qui semblerait séparer cette monnaie de celles d’Alexis-
l’Ange (III), est la forme de tête de l’empereur
qu’elle représente ; mais cette différence est assez peu
tranchée, pour qu’il soit impossible d’en rien tirer
qu’une raison de plus de douter.
M. Faure a eu la bonté de me communiquer une
petite pièce de cuivre cisaillée, peu lisible, mais sur
laquelle on démêle pourtant la légende — aaexi«. —
autour d’une effigie semblable à celle que porte la
monnaie dont il vient d’être question plus haut;