une croix latine, accompagnée de globules à chacune
de ses extrémités, et de quatre roses, composées
d’un globule central et d’un cercle de globules
beaucoup plus petits; au-dessous de la croix est
placé un croissant. On pourrait voir dans ce type
une allusion à la guerre sainte, Ou au triomphe
de la croix sur le croissant; mais dans ce cas, il
serait assez difficile d’expliquer la présence des deux
croissans qui sont à droite et à gauche de l’effigie
du Christ,
J’ai décrit, au nom d’Àlexis-l’Ange ( III ) , une
charmante monnaie cisaillée, qui offre absolument
au revers le type que je retrouve ici, au droit de
la pièce anonyme; ces deux pièces sont donc très-
voisines d’origine. Or, Alexis-l’Ange (III) a fini
de régner en 12o3, et Henri de Flandre a fait
frapper des monnaies en 12o5 ; il n’y a donc que
deux années d’intervalle entre les deux règnes, et
il est très - vraisemblable que ce type de la croix
cantonnée de croissans, a été imité par Henri de
Flandre, à qui, en résumé, je propose d’attribuer la
pièce anonyme et pieuse que je viens de décrire,
en admettant qu’elle a été frappée avant le couronnement
de ce prince, et pendant la captivité de Baudouin
son frère.
1206 à 1216.
HENRI SEUL.
Une fois couronné, Henri de Flandre a pu faire
frapper des monnaies pour son propre compte et à
son nom ; toutefois on n’en connaît aucune jusqu’ic i,
et celles que Pellerin et le Bon Marchant (lettre vu)
lui ont attribuées, ne peuvent, en aucune façon,
lui convenir; le dernier de ces deux savans a
lui-même renoncé à la classification qu’il avait proposée
d’abord, et a réuni la prétendue monnaie
de Henri de Flandre, à la suite des empereurs de
Trebizonde (lettre xxni).
Il est étrange que les monnaies de ce règne de dix
ans aient, jusqu’à ce jour, complètement échappé à
toutes les recherches. Ne serait-il pas possible que
Henri de Flandre, n’étant pas bien assuré de la mort
de son frère, eût continué à faire frapper des monnaies
anonymes? c’est ce que je laisse à décider au
lecteur, et je me contenterai de faire observer que
jamais la mort de Baudouin ne fut parfaitement constatée
, et que l’obscurité qui enveloppa les derniers
momens de ce prince, était telle, que bien long-temps
après, en 1225, un fourbe, nommé, à ce qu’il paraît,
Bertrand de Rains ou Rais, vint en Flandre et prétendit
être l’empereur Baudouin échappé de sa prison.
11 avait effectivement une telle ressemblance avec le
comte-empereur et les particularités énoncées par lui
semblaient si formelles, que beaucoup de flamands se
montrèrent disposés à reconnaître en lui leur souverain.
Jeanne, fille de Baudouin, alors comtesse
de Flandre, jugea prudent de couper court aux
suites d’une imposture de cette espèce, et en octobre
1225, elle fit brûler vif, à Lille, celui qui se
disait son père. Il est donc bien vrai que personne
n’avait une entière certitude de la mort de Baudouin
de Flandre, et que dans cette position, Henri a
très-bien pu faire continuer la fabrication com