sa couronne et appuya ses prétentions sur une
alliance avec les Turcs ; mais il fut battu par Théodore
, qui le fit prisonnier, lui fit crever les yeux,
et le relégua dans un monastère où H termina ses
jours» Theodore-Lascaris mourut, en 1222, âgé de
quarante-cinq ans , et après avoir régné d’abord
deux ans comme despote, et ensuite seize ans après
son couronnement.
Theodore-Lascaris se maria trois fois, et eut de
ses différens lits deux fils, morts fort jeunes du vivant
même de leur père, et plusieurs filles. Sa première
femme fut, comme je l’ai déjà dit plus haut, Anne-
Comnène, fille d’Alexis-l’Ange (III). La deuxième
fut Philippe, fille de Rupinus, prince d’Arménie.
Après avoir mis au monde un fils, Philippe fut
répudiée et renvoyée pâr son mari, qui épousa alors
Marie, fille de Pierre de Courtenai, comte d’Auxerre
et empereur latin de Gonstantinople ; ce troisième
mariage fut célébré vers 1220.
Il ne peut donc exister que des monnaies de
Theodore-Lascaris seul.
1206 à 1222.
TH E O D O R E -L A S C A R IS SEU L.
Il est impossible qu’un règne aussi long que celui
de ce prince n’ait pas: été signalé par de nombreuses
émissions d’espèces, frappées probablement à Nicée,
siège de l’empire de Theodore-Lascaris.
Qn connaît effectivement plusieurs monnaies diffé-
rentes, offrant l’effigie d’un prince nommé Théodore;
mais trois empereurs de ce nom ayant régné coup
sur coup, il n’est pas aisé de faire la part monétaire
de chacun ; cela n’est pourtant pas impossible.
Eckhel (p. 266), comme l’observe fort justement
le Bon Marchant ( lettre xxrv) s’est montré inférieur
à lui-même, dans la discussion qui suit la liste
des monnaies frappées au nom d’un Théodore. Le
B°" Marchant a entrepris la classification de ces
monnaies et me paraît avoir rempli, avec un rare
bonheur, la tâche difficile qu’il s’était imposée.
Suivant cet habile numismatiste, la pièce concave
de cuivre, décrite par Tanini et offrant au droit
l’empereur debout, avec la légende — eEOAaPoc
ÆcnoTHC. — et au revers ïc xc aux côtés du buste
du Christ, ne peut être attribuée qu’à Theodore-
Lascaris , premier empereur grec de Nicée. Je partage
complètement cette opinion qui est plausible en tout
point.
L’empereur, issu d’une famille qui n’avait pas à
compter d’augustes aïeux, a dû se dispenser d’inscrire
un nom peu connu et dont lui-même devait faire
naître la gloire. Theodore-Lascaris n’était allié qu’à
la famille des hyyihof, par son mariage avec la
fille d’Alexis-l’Ange ( I I I ) ; mais les Grecs qui portaient
à volonté le nom de leurs aïeux maternels,
ne pouvaient prendre celui de leur femme ; Théodore
n’avait donc à signer que le nom Lascaris,
et suivant toute apparence, il aura mieux aimé ne
signer que son nom d’empereur.