l’empire. La Thessalie, érigée en royaume, fut
donnée au marquis de Montferrat ; la Bythinie
échut, avec le titre de duché, au comte de Blois;
un gentilhomme bourguignon, nommé Othon-la-
Roche, eut Athènes pour apanage, et Guillaume-
de-Champlite, autre gentilhomme franc-comtois,
eut l’Achaïe.'
Alexis-Ducas-Murtzuphle fut, comme nous l’avons
dit, arrêté près du Bosphore par un croisé nommé
Thierri-de-Loos, ramené à Constantinople et mis
à mort. Baudouin ne jouit pas paisiblement de son
empire ; les Bulgares lui déclarèrent la guerre et
le firent prisonnier près d’Andrinople, le i5 avrili2o5.
Leur roi Joannice ou Jean Ier, eut, suivant Nicetas,
la barbarie de faire couper à Baudouin les bras et
les jambes et de faire jeter son corps mutilé dans
un précipice, où il vécut trois jours encore et devint
la pâture des oiseaux de proie. Les historiens ne
sont pas unanimes sur ces horribles circonstances ;
mais ce qui paraît certain, c’est que Baudouin
mourut en captivité.
Baudouin avait épousé Marie de Champagne,
dont il n’eut que deux filles, Jeanne et Marguerite ,
qui furent successivement comtesses de Flandre.
Il ne peut donc exister que des monnaies de
Baudouin seul.
1204 à 1205.
B A U D O U IN S EU L *
Long-temps l’existence des monnaies des empereurs
latins de Constantinople, est restée problématique.
Le premier numismatiste qui en ait fait connaître,
est feu M. Münter, évêque danois, qui a publié une
pièce d’un Baudouin ; depuis lu i, le Baron Marchant
(lettre vu) a fait graver la même monnaie,
et enfin dans une belle dissertation (lettre xxvm)
a examiné une série assez nombreuse de pièces
byzantines, frappées, sans aucun doute, par les
empereurs latins.
Le Bon Marchant observe d’abord que sous les
•Comnène et leurs successeurs, la plupart des fortes
espèces de cuivre étaient anonymes et à effigies
pieuses ; il en conclut que les empereurs français
ont suivi ce système, et que de là vient l’extrême
rareté de leurs monnaies. Quant à celles des métaux
précieux, ajoute-t-il, nous devons croire, avec
feu M. Cousinery, que la fabrication nombreuse des
monnaies de Venise (opérée peut-être en vertu de
quelque convention au moment de la conquête),
s’est opposée à ce que les empereurs français émissent
de telles monnaies.
Je ne partage pas l’avis du B°” Marchant sur
la fabrication des espèces anonymes et pieuses , dont
il me paraît étendre trop loin l’existence. Je crois,
pour ma part, que cette fabrication, commencée
sous Jean-Zimiscès, a été suspendue sous Constantin-
Ducas, et reprise seulement après la captivité de
Baudouin de Flandre, par les empereurs latins,
dont effectivement les pièces anonymes et pieuses
ne sont pas très-rares. Quant à l’opinion de feu
M. Cousinery, sur les monnaies des métaux précieux,
elle paraît tout-à-fait probable.
Dans la même dissertation, le Bon Marchant cherche
à établir un fait qui serait très - important pour la