1217 à 1219.
PIERRE SEUL.
Il est fort douteux que jamais il ait été frappé
des monnaies au nom de l’empereur Pierre de
Courtenai, qui n’a pas réussi à mettre le pied dans sa
capitale, mais est mort en route, dans les prisons
de Théodore-l’Ange. La position des régens était
absolument la même que celle de Henri de Flandre,
régent pour son frère Baudouin, captif chez les
Bulgares ; les mêmes raisonnemens qui portent à
croire que Henri fit frapper alors des monnaies
pieuses et anonymes, s’appliquent donc rigoureusement
ici, et je ne doute pas que toutes les espèces
frappées pendant le malheureux règne de Pierre de
Courtenai, n’aient été de ce genre.
Les monnaies de Robert et de Baudouin de Courtenai
se trouvant à peu près déterminées, je crois
qu’il faut décrire ici les pièces anonymes et pieuses
de l’empire latin de Constantinople, pièces dont une
déjà s’est classée, avec beaucoup de vraisemblance,
au nom de Henri de Flandre. Les monnaies suivantes
sont donc ou du même Henri de Flandre,
ou de la régence pour Pierre de Courtenai. Au
droit des unes on lit ïc xc aux côtés du buste du
Christ nimbé et adossé à une croix ; au revers paraît
une croix latine, ornée à chacune de ses extrémités
de trois globules, un gros et deux petits, portant
au centre quatre rayons qui forment une seconde
petite croix et ayant pour base des ornemens fleu-
ronnés ; les deux cantons supérieurs de cette croix
sont occupés par deux croissans.
Les autres présentent le même type au droit,
mais au revers paraît une croix à double croisillon,
connue sous le nom de croix de Lorraine ; à chacune
des cinq extrémités supérieures est placé un globule
et le pied de la croix est garni d’ornemens fleu-
ronnés.
Ce qui rend certaine l’attribution de ces monnaies
aux empereurs latins, c’est leur parfaite analogie
de style et de type avec les pièces nominales de
Baudouin de Flandre.
Telles sont les seules espèces qui peuvent, avec
quelque raison, se classer aux règnes de Henri de
Flandre ou de Pierre de Courtenai, et qui semblent
ne pouvoir appartenir qu’à l’un ou à l’autre de ces
deux règnes.
ROBERT DE COURTENAI.
Robert, fils de Pierre de Courtenai et d’Yolande
de Flandre, fut élu empereur de Constantinople, au
refus de son frère aîné, Philippe,' comte de Namur.
Bien que sa nomination fût datée de 1219, année
de la mort de Pierre de Courtenai, Robert ne partit
de France que vers la fin de 1220, et fut couronné
à Sainte - Sophie, le 25 mars 1221. Après la
cérémonie du sacre, le régent Marin-Michel remit
à Robert tous les soins du gouvernement; mais ce
prince, d’un caractère indolent et faible, mit l’empire
des latins à deux doigts de sa perte ; deux nouveaux
états grecs s’élevèrent sur les ' débris de l’ancien, à
Trebizonde et à Thessalonique. Jean-Ducas-Vatatzes