
& les phis félines font chargés de poils couchés
en quantité médiocre.
Ses feuilles font alternes, ovales , un peu pointues
, légèrement dentées * & portées fur des pétioles
courts -, elles font à peu près de la grandeur
de celles du Charme , d’ uh vert g a i , glabres &
luifanres en deffus 8e en defTbus, velues fur les
bords , ainfi que fur leur pétiole, & ftriées par
des nervures latérales obliques , bien parallèles ,
qui font légèrement taillantes en defl'ous. Les fë-
pules font linéaires, canaliculées, leurs bords fe
roulant en défius, uh peu fcarieufes.
I es fleurs de cet arbre font unifexuelles , monoïques
comme celles du Châtaignier, du Chêne,
& c . , c’eft-à-dire que le même arbre porte dès
fleurs mâles & des fleurs femelles. Ces fleurs
naiflènt vers les extrémités des rameaux, &font
muées de manière que les femelles font terminales
h tandis que les mâles viennent un peu au-
deflous.
Lee fleurs mâles font difpoïeesfur des chatons
arrondis du globuleux , pédoncules , pendans ;
elles ont chacune iw. un calice monophylle ,
campanule, & divifé en cinq découpures pointues*,
2°. cinq à neuf étamines , dont les filamens plus
longs que le calice, portent des anthères ovales-
obfongues.
Les fleurs femelles font folkaires fur leurs pédoncules
, qui font un peu courts & preïque
droits ‘ elles ont chacüne, 1°. un calice monophylle,
épais, coriace, vèhi, quadrifide*, 2°. un
ovaire fupérieur , caché dans le calice , -ovale-
ço'nique, trigône, chargé de trois fl y les rougeâtres
, à ftigmates Amples & réfléchis.
Le fru it eftune capltile ovale , un peu poîntuè,
coriace, h’ériïTée de pointes molles , & q u î s\>n-
Vrë en quatre valves *, cè'tte capfiile ( qui a été le
fcalice de la fleur ) contient deux ou trois femen-
ces aifez groflbs , oh longues ou coniques, triangulaires,
ayantx:ne peau doriace, Iifïe , d’un brun
rougeâtre, & une amande blanche, charnue ,
jiuileùfe , bonne à manger.
Obferv, Linïré range le Hêtre dans le même
genre qire le 'ChâtaigTiŸer \ 'voy'e\ ee mot. ). Le
Hêtre a en effet avec le .Châtaignier lès plus
grands rapports par fa fraclîf cation -, cependant,
comme les fleurs mâles d'n 'Châtaignier viennent
fur des chatons linéaires, grêles , fort aîôrtgé's,
& placés da’ns les àifTelTeS des feuilles, tandis
que celles du nêfre foh’t difpofé'es fur des chatons
entièrement fphérrqi/es *, nous avons préféré,
pour ne pas changer fâ'ns une nécefTrté âbfolùe,
les noms reçus dans le public, fuiv’ré Haller ,
hliller, Tournêfo'rt , & les anciens Bôtahiftes
qui ont diflingue ce getite de celui du Châtaignier,
8e qui .y oht éré autorifés par un cara'élè're
‘fort remarquable pris dans fa 'fruéliffcation.
Le Hêtre croît naturellement dans le s ’forêts
de l’Europe . ‘8e dans l’ Amérique feptèntri’onale j
il fe plaît affez fui* le p'énehant des montagnes ,
8e. vient mèmè dans des ttrreins très-pierreiîx o«
parmi les rochers, pourvu que le fol foitun peu
Frais. Il vient aufii fort bien dans des terres gra-
veleufes , & fur-tout dans celles qui ont du fond,
f) .. ( v. v. ) Cet arbre quitte fes feuilles tous les
hivers , ou au moins il les conferve sèches comme
le Charme , & alors elles tombent aù printemps
vers le temps où les nouvelles feuilles fe développent.
Ses fèmences , qu’on nomme flirtes ,
fourniflent, par l’expreffion , une huile douce ,
excellente pour les fritures, mais qui a l’inconvénient
de caulèr des pefantears d’eftomac lorf-
qu’elle sft nouvelle, qualité qu’elle perd en vieil-
lifTant.
« Quoique le Hêtre foit un grand & bel arbre,
d'une forme régulière , & d’un afpeék agréable ,
on n’en fait nul ufage pour l’ornement des jardins;
c’eft un arbre commun, on le méprife. Cependant
il y a des terreins qui fe refufent à la Charmille
, & où le Hêtre formeroit les plus belles
& les plus hautes paliiTades : c’eft fur-tout à ce
dernier ufage qu’on pourroit l’appliquer avec le
plus de fuccès. Ces palifTadès brifent les vents,
8e réfifient à leur impétuofité mieux qu’aucun
autre arbre ; il ne faut pas les tailler en été....
» Le bois du Hêtre eft d’une grande utilité;
mais on ne le fait fiervir qu’a de petits ufages qui,
à la vérité , s’étendent à une infinité de chofes.
Nos Charpentiers ne s’en fervent pas -, il eft trop
caffant , trop fujet à la vermoulure. Cependant
les Anglois , qui , par la rareté du bois, font
obligés de -faire ufage de tou t, trouvent moyen
d’employer le Hêtre à de gros ouvrages. » Voici ee
qu’EUis nous apprend à ce fujet. a Le bois du
y> Hêtre eft propre à faire des membrures & des
y> planches dont on peut former des parquets,
planchers d e greniers , & faire des boiferies ;
» l’aubier de ce bois èft celui de tous les arbres
» qui dure le moins , & où les vers font le plus
» grand dommage. 11 faut abfolument l’enlever
avant d’employer ce bois, q u i, fans cela , fe
» tourmenteroit pendant plusieurs années : roais.fi
» on veut rendre les planches 8e lès membrures
» de hon-ne qualité -, il faut les jeter dans l ’eau
>s immédiatement après leur feiage, & les y laifTer
-» pendant quatre ou cinq mois. Plus les plan-
» ches font minces , moins le ver les attaque Si
y> l’on vouloir employer, le Hétr* dans les bâti-
■ » mens , il faudroit foutenir à trois pieds au-deffti*
» de terre des greffes pièces de ce bois, faire du
», feu par^deffous avec des coupeaiix 8e du fagots
tage , jufqu’à ce que les pièces aient pris une
n couleur noire & une croûte ; il faut plonger
» enfuite les extrémités des pièces dans de la
>* poix fondue les employer dans les étage*
* élevés. An lieu de couper cet arbre en hiver,
» 'comme cela fe pratique ordinairement, il faut
» l’abatrre dans le plus grand é t é , & dans la
» force de la sève. Pa*r expériences faites , h*
» arbres coupés eh été ont duré fort long - temps,
j» 8e ceux coupés en hiver ont été percés par les
„ vers , & fe font pourris en fort peu d’années.
» Après que l ’on aura coupé ces arbres en été , il
» faudra les laifler un ah en grume , les retour-
93 ner de temps eh temps , enfuite les façonner,
» puis les jeter dans l’eau. » Les Charrons , les
Menuifiers , les Tourneurs , les Layetiers , les
Gaîniers , les Sabotiers, &c. font grand ufage de
ce bois : on lui donne de la confiftance 8e de la
~ durée, foit en verniflant la menuiferie , ou en
partant à la fumée les autres ouvrages. Ce bois
dure long-temps en lieu feç ; il eft incorruptible
fous l’eau, dans la fange, dans les marécages ;
mais il périt bientôt s’il eft expofé aux alternatives
de la fécherelfe & de l’humidité -, c’eft le meilleur
de tous les bois à brûler & à faire du charbon.
» Ane» EncycL
S Le Hêtre pourpre eft une variété remarquable
8c même très-curieufe par la couleur fingulière
de fon feuillage *, on le cultive au Jardin du R o i,
8e dans les jardins des Amateurs de culture. Ses
; petits rameaux font longs 8e pendans , & ont
i ’écorce brune ; fes feuilles font un peu plus lar-
' g e s , plus molles que celles du Hêtre commun ,
8e ont la fingulière particularité d’être colorées
d’un pourpre brun. I7 . ( v. v. ) Voici ce qu’en dit
le Baron de Tjchoudi, qui melêmble être le premier
Auteur qui en ait fait mention.
« Ce Hêtre a l'écorce unie 8c d’un rouge brun ;
les feuilles en font plus larges que celles du Hêtre
L-commun■ Lorfque les bourgeons fe développent,
| ils font couleur de rofe*, les jeunes feuilles, au
[• mois de Mai, fontd’unrouge qui tire fur la cerife ;
[ quand la feuille a pris fa grandeur , elle eft d’un
i brun-pourpre ; a-t-elle toute fa confiftance, elle eft
j prefque noire & très-Juifante par-deflus, & more-
iaorée par-deffous. En Oétobre , les feuilles de
{certains arbres rougiflent, celles-ci fe nuancent
[de vert ; elles font alors vert-canard. Le tiflu
(cellulaire, lcrfqu’on a enlevé l’épiderme., fe trouve
|étre d’une couleur fanguine. Ce Hêtre fingülier
[fait un contrafte piquant , mêlé avec d’autres
jarbres , dont il fait valoir l’éclat. J’aimerois à en
[planter quelque part une marte confidérable , on
jeroirpit habiter les régions du feu , les bords du
IThlegéron ; la méditation y prendroitun caraélère
ifbmbrequine pourroit qu’éveiller les idées graves
neuves. Lorfque le vent agite les touffes de cès
;arbres , on croit voir ondoyer des flammes/ Je le
regarde'comme précieux dans la partie pittoref-
ique & poétique des jardins ; il y produit des
lefrets qui contribuent à celui de l’enfemble : ainfi
il a un mérite de plus que celui de la Angularité.
ILés jardins bien entendus ferment des tableaux ; ;
[les arbres & les plabtes féroient lés couleurs. Ce j
B f e r multiplie par les marcottes & par les
Igreftes en approche , & en écurton fur le Houx
jcommun. »
I HEUCHÈRE j H e u c h e r a ; genre de plante
h fleurs polypétalées , de la famille des Saxifrages
, & qui comprend des herbes exotiques*, d me
les feuilles , foit radicales, foit caulinaires , font
Amples , entières ou lobées ; 8e donc les fleurs ,
foie en grappes terminales, foit axillaires, font
quinquefides , pentandriques, & produifent des
capfules biloculaires terminées par deux cornes.
C a r a c t è r e g é n é r i q u e .
La fleur a 1°. un calice monophylle,, campanule,
fémi-quinquefide , à découpures obtufes.
a®. Cinq pétales lancéolés, i/n peu étroits,
failians médiocrement hors, du calice , & attachés
en fon bord alternativement avec fes découpures.
30. Cinq étamines, dont les filamens fétaeés ,
plus longs que le calice & que les pétales , por-,
tent des anthères arrondies.
40. Un ovaire' demi-fupérieur , un peu cxnlque ,
: bifide à fon fommet, fe terminant en deux ftyle*
! droits , de la longueur des! étamines , àftigmaites
. obtus.
Le fruit eft. une capfule ovale-pointue, bifide
fupérieurement , terminée par deux pointes ou
cornes réfléchies , & divifée intérieurement en
deux loges polyfpermes.
E s p e c e s .
T. Heuchère d’Amérique, Heuchera Amerl■ »
cana. L. Heuchera feapis midis , vhyrfo elongato ,
foliis radicalibus longé petiolaùs fcptcmlobis bis
acutè crenads. Mûri*, in Comin. Gott. 1772. p. 66,
Cortufa Americana , flore fquallidè purpureo.
Henri. ÎParad. 131. t. 130. Raj. Suppl, p. 509.
Sanicula f , cortufa Americana fpicata , floribus
fquallidè purpureis. Pluk. Alm. 332. t. 58. f. 3.
Heuchera. L. Hort. Cliff. 82. Gron. Virg. 2. p. 39.
Mill. Diâ. Kniph. Cent 5. n°. 41.
Cette plante refTemble un peu à la Cortufe de
Matthio!e par fon feuillage , mais fes fleurs &
leur difpofition font très-diflcrentes. Sa racine
pouffe quantité de feuilles en coeur , prefqu’ar-
rondies , légèrement inciféesen cinq ou fept lobes
obtus, mucronés , ciliés , Sc un peu dentés : ces
feuilles font larges d’environ deux pouces 8e demi,
verdâtres & comme veineufes en deffus , chargées
de quelques poils Fort courts en defibus » portées
fur de longs pétioles, 8e d-ifpofées en touffe. Il
naît entre ces feuilles plufieurs tiges droites ,
grêles, nues, chargées de poils courts, hautes
d’un pied ou un peu plus, 8e terminées par une
grappe compofée , pyramidale , longue de fix ou
lept pouces. Les pédoncules communs 8e particuliers
font légèrement velus , & ont chacun à leur
bafe une foliole ou bradée~érroite. Les fleurs font
nombreufes , affez petites, d’une couleur prefque
herbacée ou d’un vert rougeâtre, ont leur calice
un peu velu, & les étamines (aillantes. Les capfules
font fort petites , font corps avec le calice dans