
lier. Ses racines végètent avec tant de force
qu’ elles foui évent les pavés & percent les murs :
il n'exige aucun foin ; il réuflit dans toutes les
exportions ; tous les terreins lui conviennent, a
l’exception pourtant de ceux qui font trop fecs &
trop luperficielsi il ne craint pas l’humidité lorl-
qu’elle n’eft portée qu’à un point médiocre. Il
lait les plus grands progrès dans un fol marneux
& fablonneux.Cet arbre n’eft jamais plus beau,
& l’on n’en jouit complètement que ioriqu’ il eft
ifelé. On le placera avantageufement dans les
places vuides d’ un parc. L’individu, qu on tranl-
plante, & dont on écourte les racines , eft conf-
tamment moins vigoureux que celui qu’ on a
feraé dans l’endroit qu’on deftine à fon entier développement.
Plusieurs Auteurs blâment avec raifpn la frivolité
dès motifs qui ont fait tomber le Marronier !
d’ Inde en une forte dë diferédit dans ces.derniers
temps. Voici comment on s’exprime à cet égard
dans le Cours complet d’Agriculture , rédigé par
M. l’Abbé Rozier ( vol- 6. pag. 43^. ) '• « Tout
eft mode en France , & par conféquent de peu
de durée. Dans le fiècle dernier, chacun cherchoit
avec empreffement à fé procurer des Marroniers
d’Inde. L’ on admiroit fa crbifTafice rapide , 1a
beauté de fa tige , fâ maniéré; ë-égante ‘dans ,)â
difpoütion de les branchés , le volume & la multiplicité
de fes feuilles ; ia bé iutë pictorelque & |
le nombre de fes fleurs en lupërbes pyramides ,
enfin l’ombre délicieule qu’il prdeuroit. Il n y a
pas long-temps encore' que l’on s’extalïoir avec
raifon fur la portée des arbres de l’allée du Palais
royal à Paris, qui fembloit plant'é &: conduite
par la maiB des Fées. Aujourd'hui tdut le
mérite de cet arbre eft cclipfe , parce que là cbûië
de fes fleurs falic lès allées -, & celle deTes fruits ,
lors dè leur maturité , eft , dit - on , dangereufë'.^
Enfin, on le fupplée par le T illeu l, & fùr-tout
par celui appelé de Hollande , qui eft aufti, il
eft vrai, un fort bel arbre. Tel eft l’empiré, de
la mode. On pourroit cependant demander fi,
dans l’eipace de plus d’un fiècle que la grande
alh ë du Palais-royal a fubfifté , & qu elle a fait
l ’admiration de tous les amateurs & de tous les
curieux, quelqu’un a été ëftropié par la chute
des marrons, 8c fi un-autre arbre , fans excepter
le Tilleul de Hollande , procure une ombre
plus délicieufe ? . . . . Quel eft 1 arbre dont là
dépouille des fleurs, de leurs calices & deTeurs
fruits, ne faliflè pas, dans un temps donné,,
le fol des allées ? Chacun a fa manière de voir :
je ne bl âme pas celle des autres ; mais, à mon
avis, le Marronier d’Inde1. ' . . . , en fleurs, eft
le plus bel arbre que je connoifle , celui. qui
flatte le plt.s agréablement ma vue, & à l’ombre
duquel je bravé plus sûrement les rayons
brûlans du Soleil. Enfin, t ’èft l’arbre dont la
rapide végétation s’accorde le plus avec notre
impatiente envie de jouir. Il eft prefque de tous
les climats & de tous les pays , tandis que le
Tilleul fouflre , languit & périt dans nos pro-
vince’s méridionales. Il y a peu d’exceptions à
cëtte loi. »
« Les reproches que l’on fait au Marronier font
bien foibles j & quant à la chûte des fleurs , elle
s'étend également aux Ormeaux & aux Tilleuls :
quelques coups de rateaux & de balais fuffifent
pour les faire diiparoître'. La durée de la chûte
des fruits e~ft de quinze jours environ , 8c dans
une faiion où l’on recherche peu un ombrage
qui a été fi ncceflàire pendant l’été. »
Les bourgeons des Marroniers font gros , d’un
brun jaunâtre : ceux de l’année lui vante font formés
aullitôt ia chûte deS~ fleurs , & continuent
à fé gonfler jufqu’à l’automne. Alors les écailles ,
qui les couvrent, s’étendent 8c' le trouvent enduites
d’un lue épais, gluant, peut - êtreJ réfi-
neux , qui les prélërve, durant l’hiver , des gelées
8c de l’humidité : mais aufiitôt que la chaleur du
printemps commence à fé faire fentir , ce fuc
fond , s’écoule, & laifl'e aux boutons la liberté de
le développer.
Quoique le bois du Marronier brûle mal 8c ne
foie pas d’ailleurs d:une grande utilité, on peut
cependant ën tirer queiquè' pa’ ti II eft blaric
tendre , nVollafle 8c filandreux. 1 lire aux Menui-
lierS , auxTourn urs , aux Boifl'eliers, aux Sculpteurs
, même aux Èbémftes pour des ouvrages
i greffiers , & couverts <oit par du placage ou par^
la peinture. Ce bois n’eft fojet à aucune vermoulure,
il reçoir un beau póli, il prend aiféuient le
vernis -, il a p;us de fermeté & il fe coupe plus
net que le T illeu l, 8c par conféqyën't il eft de
h meilleur1 lërvjcé pour là gravure. Ses cendres,
| ainfi que’ cellës' «Te; :lès .fruits , ’font"recherchées
! pour lei lëffiTéé On à propofe en Italie de fubfti-
I tuer Ion écorce àu quinquina pour la guérifon des
i fièvres'intéfmit'tentës •, & "les tentatives , qu’on a I faites dans Ces vues , paroiftent avoir eu quelques
fuccès. En Turquie', on fait moi dre les fruits
pour en mêler enfuite la farine au fourrage dèf-
tîné aux chevaux attaqués déstoux Ou de colique ,
8c on y regarde ces marrons comme iin excellent
rémètie comte ;• tes 'deux maladies. C’eft même
delà qu’eft venu Içur nom Hippoccfionum 3 Cafla-
nea equina. Qutkmes ob'fèrvations femblent annoncer
que leur ufagè a été utile a certains épileptiques.
Cerfruits font un peu âcres , fternuta-
toires , aftringens/ Ils renferment un principe
amer., qui par oit dt nature réfino-gotfimeufe ,; &
leur être aufti efterinel que là faveur lu cirée. 1 eft a
la. châtaigne. On a ^ herché , par des lotions , des
macérations dans dès .leffives alkalines , 8cc . , à
leur faire perdre cette infunpôr table amertume :
mais, jufqu’ â préfent, on n’eft parvenu qu’à en
diminuer l’ intenfité. Aufti n’en tire-t-on pas pour
la nourriture , foit des beftiaux , foit de la vola
ille , tout le parti qu’on pourroit en elpérer fa
l ’on paryenoit à leur donner une faveur plus agréable.
L e s bêtes fauves les recherchent beaucoup.
On. fait avec eux une pâte çofmctique , qui dé-
crafle la peau & lui donne du luftre. Leur fubf-
tançe , râpée dans l’eau , lui communique une
vertu fa von n eu le , & .la rend propre à blanchir le
linge , à dégraifteir, les étoffes de laine. On indiqué
aufti , d’après quelques ‘expériences, cette !
eau comme très - bonne pour le roui du chanvre.
Enfin, on peut retirer du Marron d Inde , en ,
ufant de procédés analogues à ceux donc fe fer- ‘
vent les Américains pour retirer la caflave du Manioc
, la partie nùtritive & farineufe qu’il, renferme,
En effet, la râpe & lès lotions en feparent
unë véritable fécule ou amidori, qui , incorporé ,
foit avec la Pomme-de-terre , ;;foit avec d’âütreé
farineux , peut devenir un pain falutaîre & nour-
riftànt, fans amertume. Mais jùfqu’à préfènt on
n’en vient à bout que par des moyens difficiles 8c
coûteux.
( Par M. Desroüsseaux ) .
MARRUBE -, Ma r r u b iu m . Genre de plantes
à 'fleurs monopëtâlées , de la famille des Labiées
, qui paroît avoir des rapports avec les Bal-
lotes & les Agripâumes, 8c qui comprend des
herbes vivaces , la plupart i-ndigènes de l’Europé,
àf-feuilles fvmples, oppofées , & à fleurs dilpo-
fées p ar: ve r tic i'Ue s ax i 11 à i res.
-■ C e Caraâére éfTentiël dè- ce’ genre eft d’avoir
,
Un calice à dix fines 3 6c la lèvre fupérievre de
Iç. corolle droite ou prefque droite , linéaire, bifide.
G a r a c. t è r e g e n e r i q u e .
Chaque fleur mâle offre Io. un calice mono-
phylle, tubuleux , à dixftries-, à bords réguliers,
plus ou moins évafés, ayant cinq ou dix dents.
l a . Une corolle monopctale, à tube cylindrique
& à limbe partagé en deux lèvres : la lèvre
fupérieure droite, linéaire , bifide -, la lèvre inférieure
réfléchie, plus large, à trois lobes.
30. Quatre étamines didynàmiques, plus courtes
que ia corolle, placées lous la lèvre fupérieure,
à anthères didymes,
40. Un ovaire fupérieur, à quatre divifions;
duquel s’ élève un ftyle filiforme , de la longueur
des étamines , fitué comme elles , 8c à ftigmate
bifide.
Le fruit confifte en quatre graines nues , un
peu oblongues , fi tuées au fond du calice dont
l ’orifice eft alors prefque ferme par des poils,
E s p e c e s .
* Calices à cinq den£$.
Utep erenatis , fubplicatis ; verdeittis involucro
dtftitutis.
I . M a r r u b e c u n é i f o r m e ; Marfilbium alyffum.
L . Marrubium foliis cuneiformibus t apice in&qua+
Alyffion verdcillatum foliis profitait incifis.
Bauh.‘Pin. a p . Raj. Hift. p. 557- Marrubium
album foins prpfuniius incijîs , flore CAruleo -,
nobis. Mo ri 0 Hift- 3. p- 377* n°* l2,‘ ^ l0 *
f. Ta. Marrubium hifpaniacum , fupinwn , calyce
flellato & aculeato. Tournef. 19a. Alyffon Gcleni.
Cluf. Hift. l. p- 3f • Dod, Pempt. 88. Lob. U. p.
514. Mirrubium. Kniph, Cent. 9. no. 63. Alyjfum
Galtm hifpanicum. Tabern. Icon. 54°-
Il eft facile de le-diftinguer de fes congénères ,
fur-tout par fes feuilles en éventail. Toute la
plan te-eft couverte d’un duvet incane. Elle a des
tiges droites, quadrangulaires, branchues inférieurement
, & hautes d’environ un jfied. Ses
feuilles font oppofées-, cunéiformes , crénelées
inégalement au fommet , où elles font quelquefois
comme incifées.t Elles font ridees, comme
pliftées 8c fi rétrécies à la baie qu’elles femblent
p étiolées. Lès ver-dcilles font difpofés le long des
tiges & des rameaux , & compofés de fleurs feftï-
les , qui ne font point accompagnées de bradées.
Les dents du calice font ouvertes, aiguës , piquâmes.
Les corolles font petites & purpurines.
Cette efpècé croît naturellement en Efpagne. On
la cultive au Jardin du Roi. Tp. ( v, v. ).
1. Marrube d’Aftracan ; Marrubium aflrdèa-
TÜcurïu Marrubium foliis ovatis | erenatis , tomen-
tnfls,, rugoflfjimis ; denttbus calycinis fubulaeis '
laciniis corplla fuperidribus acutis. Jacq. Mifc,
v. a . p. 306. îc. Rar. v. I.
Les tiges de cette efpèce font couchées a leuy
bafe, où elles fe divifent en rameaux droits , té-
■ tragones , longs d’environ un pied , à peine bran*
chus, couverts d’un duvet épais & incane. Les
feuilles font oppofées, pétiolées, blanchâtres,
très - rugueufes , tomenteufes des deux côtés ,
molles, ovales, obtufes, dentées en foie, amères,
prefqu’inodores. Les verticilles font compofés
de beaucoup de fleurs feftiles & ferrees 1 une
contre l’autre. Ils font environnes de oractecs fu-
bulées & laineufes. Le calice eft incane, lanugineux
fur les bords , roide, à cinq dents aiguës &
droites* Le tube de la corolle eft cylindrique &
blanc. Son limbe eft purpurin. Elle eft une fois
plus longue que le calice. Sa levre lu perle ure eft
linéaire, droite , velue , & diviièe jnfqu a fa
partie moyenne. L’inférieure eft auifi longue que
la fupérieure , & partagée en trois lobes dont le
moyen eft arrondi, plus grand que les autres, &
échancré. Les filamens font cachés dans la partie
fupérieure du tube. Cette plante fleurit au. mois
de Mai. Elle croît vfaifemblablement dans laTar*
tarie, aux environs d’Aftracan. 7p .
3 . M a r r u b e à feuilles d’Agripaumej Marri*-
• bium leonuroides. Marrubium foliis inferioribus
X * x x ij