frottées d'huile. Les fleurs viennent en petits
bouquets latéraux , au-défions des feuilles, fur
la partie nue des branches & des rameaux. Il
leur fticcède des drupes oblongs, ombiliqués,
rougeâtres lorfqu’ ils l'ont mûrs, ayant quelquefois
la forme d’une olive, 8c renfermant, fous
une pulpe laâefçente, purpurine, de peu d’épail-
feur, une noix dure & ridée qui contient une
amande vifqueufe, de couleur cendrée.
Cet arbre croît naturellement à Amboine. f> •
Rumph en indique une variété à feuilles plus
petites.
Quand on entame l'écorce, il en découle une
liqueur épaifie, vifqueufe, blanchâtre, peu abondante,
qui jaunit en. fe defiechant, & qui a une
faveur aftringente, défagréable. Le bois eft tendre,
blanc, de nul ufàge. Les jeunes feuilles
fervent à purger les enfans.
(P a r M, Desrousseaux. )
MANÂBO Ç Ma n Ab e a . }. Aubl. Guian.. vol.
•I. pag. 61. & Sequent. vol. 3. Tab. 23. 24 & 2. J.
Aublet décrit fous ce nom plufieurs plantes
de la famille des Gattiliers, que M. de la Marck
croit devoir être rapportées au genre des Ægi-
phila avec lefquels elles paroifletit avoir les plus
grands rapports dans les parties de la fra&ifica-
tion.. M. de la Marck, qui vient de mentionner
ces plantes dans l ’ouvrage qui a pour titre Illustration
des genres, &c«.(; Tab. 70,.), ne les a
pas décrites à l'article Ægîphila de ce;. Di&ion-
naire, parce que ce n’eft que poftérieurement à
la publication de cet article qu'il en a eu con-
noifiance, & qu’il s’eû apperçu des rapports
dont je viens de parler. Ainfi c’eft dans le fup-
pîément de notre Di&ionnaire qu’on en. trouvera
la. defcription.
( Par M. Desrousseaux. J
MANAGUIER de la Guiane ; Ma NA.GA gu ta*
nenjîs. Aubl.. Guian. vol. 2. Suppl, p. a. vol. 4.
Tab. 369.
Arbre peu connu dont le bois eft blanc , caf-
fan t, peu. compa&e, & dont le tronc eft revêtu
d'une écorce blanchâtre. Ge tronc s’élève à dix ou
douze pieds de hauteur fur un pied de diamètre.
Il p o u ffe à fon fommer, plufieurs branches ra-
meufes,1 les unes droites, les autres inclinées1 &
fe répandant en tout fens. Les rameaux-font garnis
de feuilles alternes, ovales ou ovales - albnge.es.,
acuminées par une longue pointe , entières , vertes
, épaiffes , caduques , portées-fur de courts
pétioles. Ces feuilles, ftiivant Aublet, n’ont que
deux à trois pouces delongueur.
L e s f le u r s n’ont pas été obfervées..
Les fruits naiffent, communément trois à cinq
©nfemble aux aiffelles des feuilles a l'extrémité
des branches. Ils font fupérieurs, fphériques,
a peu près de la grofieur d'une noix-, & portés,
■ chacun, fur un petit pédoncule qui fe; termine en.
un calice â cinq divifions étroites , linéaires ,
pointues. Ce font des baies molles , jaunes , panachées
de rouge. Leur écorce eft épaifie, fpon-
gieufe , blanchâtre. Elles font partagées en deux
loges par une cloifbn mitoyenne , à laquelle font
attachés plufieurs rangs d'offelets enveloppés
d'une fubftance gélatineufe , tranfpa rente , de
couleur jaune pâle. Ces ofielets l’ont de forme
ovale, aplatis , chagrinés : ils contiennent une
amande à deux cotylédons.
On trouve cet arbre à la Guiane, dans les forêts
qui avoifinent la fource de la rivière de Cou-
rou. I7.
( Par M. Dessous seaux ).
MANCENILLIER vénéneux -, Hip p om a k e
Ma n c in e z z a , Lin. Spec.. Plant. n°. 1.
Malus amcricana , laurocerajifolios venenata.
Mancinello arbor feu Mafjinilia dida. Comme!,.
H o r t . v o l. I . p a g. 13:1. T a b . 68. Arborvenenata ,
Mancinello dida.Rdi). v o l. 2. p. 1 6 4 6 . Juglandi
affinis arbor iuhfera , ladefcens, venenata, pyn-
foUa, M an c an illo hifpanis dida. S lo an . Jam. 12 9 .
H i ft . 2 . p. 3. T a b . 1 5 9 . Mancanillct pyrifaci•,
P lum . G en . p, 4 9 . T a b . 30. M lf. v o l. 6. T a b . 1O9.
C a te lb . C a r . 2. p. 9 5 . T a b . 9 $ . Arbor americana
M a n c in e llo dicia , frudu. pomi venenato , nucleis
feptenis & pluribus, in ojjiculo muricato r totidem
loculis difpe/tito , inclufes. P lu k n . A lm . p. 4 4 . P h y -
to g r . T a b ,. 1 4 2 , F ig . .4 . Hippomane arboreuth lac-
tejcens, ramulis ternaùs, pedolis glandulâ nota-
tisjfloribusfpicatis , mixtis. B row n . Jam. p . 351,
Hippomane-MancineUa. A u b l, Guian. v o l. 2, psg»
88y . Hippomane Mancanilla. Jacq. Amer. p. 250.
Tab. 159. Ed. 2, Eiéh p. 122. Tab. 2,38. Mill.
| Diâ. no. 1. Hippomane. Juif. Gener. p. 391 •-
Arbre très-vénéneux , à fleurs incomplètes , de
la famille, des Euphorbes , qui fe^uble avoir , par
fes fleurs des rapports avec les, GJutiers & les
Tragies* & qui conftitue un genre .particulier
dont le caractère effenriel eft d'avoir,
Des fleurs monoïques. V ans les fleurs mâles : ,un.
calice bifide j un feuL filament chargé de quatre^
anihens. Dans les fleurs femelles : un calice a trois.
. divifions ÿ plufieurs Jligmates ,* un drupe rétifei-
| matit une noix multiloculaire , à. loges mono f i
germes,. . ç,
Cet arbre eft élevé, laftefcent, très -, rameux,
• Il le, rapproche un. peu du Poirier par fon port &.
par fon feuillage..Les rameaux font glabres, fou-
■ vent ternes & revêtes.d’une ecorce. grisâtre., unie«.
! Les feuilles, font alternes , éparfes-, pétiolées
nombreufes, ovales, pointues, prefqp’en.coennà;
A la bafe, légèrement, dentées en feie,, y erres > roD
* des , un peu.épailïesr luifantes ,.n£ryée&,tranfver-
falement. y veinées, longues, cie. trois, à quatre,
pouces fur, environ deux pouces de. largeur. Leur,
extrémité eft fenfiblement réfléchie en bas. Lesr
pétioles- font iongSi de quinze à.v-ingç lignes, au;
moins» ^ &; munis, de ftipules courtes ovales^.
po in tue s , cad u q u e s . Ils 'offrent .fu p c 'r ieu rem en t,
du c ô t é in tern e t im m éd ia tem en t au-deffous de
le u r in fe r tio n à la b a fe des f e u i lle s , une p e t ite
glan de .- Les fleu rs fon t p e t i t e s , m o n o ïq u e s , &
v ien n en t fur des épis d ro its , terminaux , peu g a r n
is . S e lo n C a te lb y , leu r c o u le u r eft ja u n e : elle
eft d ’ un pou rpre f o n c é , fé lo n P lum ie r . Les fleurs
mâ le s l’ont raflem b lé e s , au nombre de. tre n te ou
e n v ir o n , dans de s é c a ille s c o n c a v e s , cad u q u e s ,
éparfes dans prefque to u te la lo n g u eu r des épis.
C e s é c a ille s ca licin .a les . o n t leu r b a fe a c com p a gn
é e d e deux g ro fle s g lan d e s la t é r a l e s , orbicu-
I ai r e s , déprimé es. Le s fleu r s fem e lle s fo n t feffilés,
fo l i t a i r e s , & p a re illem en t ac com p a gn ées d e deux
corps glanduleux» O n en v o i t une eu d eux dans le
b a s des épis mâles . E lle s naiffent au fli fur d e jeu n
es rame au x qu i ne p o r t e n t'p o in t d’epis. Les
f r u i t s , au rapp o rt d e la p lu p a r t des V o y a g e u r s ,
o n t t e llem e n t la fo rm e , la c o u le u r & l’ od eu r
d ’ une petite pomme q u ’on y fe ro it a ifément t rom pé.
I ls ont une é c o r c e lu i f a n t e , d’ un v e r t ja u n â t
re , d e i’ épa iffeur de l’o n g le . L e u r p u lpe e ft blanch
e & la iteu fe . L a n o ix q u ’e lle r e c o u v r e a des appen
dices ou ap op h y fe s q u i tra v e r fen t c e t t e pulpe
en pa rtie & s’a v an c en t p refqu e ju fq u ’ à l’ é c o rc e .
L e s fleurs n ’o n t p o in t de c o ro lle .
Chaque fleur mâle, fé lo n M . J a c q u in , o ffre
1 ° . un c a li c e t r è s -p e t i t , m o n o p h y lle , a r r o n d i,
v e n t r u , b if id e & co n n iv en t au foramet. 20. Un
f ilam en t g r ê l e , d r o i t , une fo is plus lo n g q u e le
c a lic e , & ch a rg é de q u a tr e an thè res arron d ies ,
dilpo fée s en c ro ix fu r le s pa rtie s la té ra le s de fon
e x tr ém ité . |
Chaque fleur femelle e f t compofée 10. d’un cal
ic e tr ip h y ile , m a r c e f c e n t , â fo lio le s a r r o n d ie s ,
c o n c a v e s , o b tu fe s , co n n iv e n te s . 2 °. D ’un o v a ire
fu p é r ie u r , o v a le , auffi lo n g q u e ‘le c a l i c e , & fur-
monté d ’ un f ty le d r o i t , p ro fon démen t m u itifid c,
le plus fo u v e n tà fept d iv ifion s fubulées,- p o intue s,
lo n g u e s , ro id è s | ré flé ch ie s .
L e / ru/r co n fifte en un drupe g ro s , charnu ,
la& e f c e n t , a r ro n d i, un peu déprimé , lé g è rem en t
om b iliq u é , dans le q u e l on t ro u v e une no ix dure ,
lig n eu fe , prefqu’o rb ic u la ir e , d e la g ro fieu r d’ un
M a r ro n , o b fcurém en t h e p ta g o n e , filion n ée profon
d ém en t , o b tu fe à la b a fe , & a cum in ée au
fom m e t par une p o in te in é g a le , c om m e tron qu ée .
C e t t e no ix e ft o rd in a irem en t à l’ept v a lv e s & à
fep t lo g e s monofpermes . Son p o u r to u r e f t armé
d ’ ap op hyfe s p o in tu e s , tran ch an tes , ir ré gu liè re s .
C e t a rb re fe p la ît dans le s lieu x fab lon neux .
I I c ro ît n a tu re llem en t fu r le s bords dé la mer
dans les A n t ille s , & fu r le s c ô t e s du co n tin en t
q u i a v o if in e c c s île s . Q u e lq u e fo is , pendant la
f le u r a i fo n , i l e f t p re fq u e dénué d e feu ille s , .
p p f K L e s f ru it s du M an c en illie r fe d é ta ch e n t fpon-
tan ém en t lo r s de leu r m a tu r i té . L eu r ab on d an c e
e f t t e lle q u ’ ala rs le f o l , q u e r e c o u v r e P a rb fe
q u i le s a p ro d u it s , en eft to u t jo n c h é . C e s amas
de fruits, laifles ain(i . à cux-m'.rncs,, ne fè putréfient
pas, mais leur écorce fe c on fumé-, èé
leur chair devient sèche, brune, fpongieul’c ,
crevaffée.
Le fuc laiteux que rendent toutes les parties
du Manç.çniliier, eft très'blanc, très-abondant,
très-cauftique & conl’cquemment tre s-vénéneux.
Uiîé goutte de ce fuc, reçue fur. le dos de la
main, y produit bientôt une ampoule pleine de
féVofité, comme feroit un charbo.n ardent -, ce
qui peut donner une idée des ravages qu’il cau-
feroit fi on en prenoic à l’intérieur. Les Indiens
trempent dedans, les bouts, de leu s flèches
qu’ils veulent empoifonner , pour s’en fervir dans
les combats, 8c ces flèches c.011 fervent très-
long - temps leur qualité vénéneufe. On a dit
le Mancenillier dangereux j.ufques dans’ fon ombre
& dans la pluie qui avoit été en contaâ
avec fon feuillage-, ce qui ne parole pas jui-
qu’à préfent confirmé par des expériences certaines..
Il eft même arrivé à quelques Voyageurs,
& particulièrement à M. Jacquin, de fe repo-
fer fous cet arbre durant l’efpace de trois heures
fans en éprouver le moindre accident. Le
même auteur a reçu aufli, fans incommodité
& fur le corps nud, la pluie qui tomboit â
travers la cîme du Mancenillier. Mais ces ob-
fervàtions, à mon avis, prouvent feulement qu’on
avoit exagéré les effets malfaifans de ce végétal
, & ne nous autorifent pas fuffifamment à
regarder fes émanations comme innocentes dans
tous les cas. Il eft en effet difficile d’imaginer
que, pétri pour ainfi dire de venin, il ne communique
pas aux vapeurs qu’il exhale ( fur-touc
lorfque les chaleurs’ font exceflives, & dans
les momens où il tranfpire davantage ) d’affez
malignes influences pour caufer quelquefois,
foit des maux de tête, foit des inflammations
aux yeux, des cuiffons aux lèvres, 8cc. chez les
perfonnes qui refteroient long - temps plongées
dans fon atmofphère. Quant à la pluie reçue
dégouttant de fes-rameaux, peut-être ne nuiroit-
elle qu’autant qu’ elle auroit été mêlée par des
eau fes quelconques avec le fuc laiteux dont il
eft plein.
Les Crabes font communément très-abondans
dans les lieux ôù croît le Mancenillier : mais
vrailemblablement ce ne font pas, comme l’a-
voîent avance plufieurs perfonnes, les fruits de
cet arbre qui les attirent} car M. Jacquin remarque
qu’il n’a jamais vu qu’aucune efpèce
d’animal attaquât ces fruits. Il obferve en outre
que, fi les Crabes pris à la Martinique,
dans les forêts de Maricenillièrs, paflent peur
vénéneux, & font très-certainement quelquefois
aliment nuifible, il faut attribuer ces effets à
d’autres caufes, puifqu’on mange impunément
& fans crainte, les mêmes infeâes pris à la
Grenade dans des lieux femblables.
Le Manceifiller fournit un bois dur, compaéte,