
du Frililtaria perjîca. L. nous y découvrirons
encore une irritation plus fenfible que dans celles
dont nous venons de parler j les lix étamines de
cette plante font écartées du ftyle à la diftance de
quatre ou cinq lignes avant la fécondation , mais
cette, fituation change en peu de temps *. on les
voit prefqu’au/Titôt après l’epanouiflëment de la
fleur, s’approcher alternativement du ftyle , &
appliquer immédiatement leurs anthères contre le
fligmate; elles s'en éloignent après l ’éir.iflion des
pouffières , 8c vont ordinairement dans l’ordre où
elles s’étoient approchées , reprendre la place
qu’elles occupoient auparavant. Ce phénomène fe
pâile quelquefois dans l’efpace de vingt-quatre
heures. On obferve encore des mouvémens analogues
dans les étamines du Buiomus umbelîatus.
L. & même dans celles de plufieurs efpèces d’Ails ,
d’Ornithogales & d’A fpirges, où ils font, à la
vérité, très-peu apparens.
Nous n’avons découvert aucune irritation dans
les organes fexuels de la Couronne impériale, Fri-
ùllaria imceriolis. L. & de la Frit il la-ire , Friiilla-
ria melcagris. L. mais ces deux plantes nous font
çonno'tre dans leur fécondation un ph norcène
d’un autre genre , & quin’efl pas moins intéreflant
que ceux qui viennent d’ctre expofés. Leurs éra-
mines font naturellement rapprochées du ftyle , 8c
le fligmate les furpaflè en longueur ; il paroifloit
donc inutile que la nature leur éfît donné un mouvement
particulier -, aufïi s’eft-elle fervi d’un autre
moyen pour favorifer la fécondation de ces plantes
: leurs fleurs refient pendantes jufqu’à ce que
les pouffières foient forties des loges, afin que,
dans cette fituation, elles puiflent facilement tomber
fur le fligmate , & Je féconder. Ce qui ajoute
un nouveau degré de force à cette explication ,
c ’eft qu’acffitôt que la fécondation efl opérée , Je
pédoncule qui ibutient la fleur fe redrefle, & le
germe devient vertical. La même chofe a encore
lieu dans les An colles 3 les Campanules , & pîu-
fieurs autres donr Linnaus avoit déjà fait mention.
Les plantes de la clafle des Liiîacées que nous
venons d’indiquer, ne font pomr les feules dont
les étamines nous aient donné des Agnes 8 irritabilité
: nous les avons encore obfervés dans celles,
de plufieurs efpèces qui appartiennent à des familles
fort éloignées les unes des autres^par leurs
rapports. le s Rues vert d’abord nous en offrir un
exemple très frappant & facile à vérifier. Toutes
les plantes du genre qui porte ce nom ont, cdmme
l’on fa it , huit à dix étamines dont les unes font
alternes avec les pétales, les autres leur font oppo-
fc-es. Si en les obferve avant l’émifllcn des poufliè-
res , on voit qu’elles fonc toutes un angle droit
avec le piftll , 8c qu’elles font renfermées deux à
deux dans la concavité de chaque pétale. Lcrfque
l ’ir.ftant favorable à la fécondation efl arrivé ,
elles fe redreflent feules , deux à deux ou môme
trois à trois, décrivent un quart de cercle entier,
approchent leurs anthères contre le fligmate , 8c
| après l’avoir'fccondé , elles s’en éloignent s’a-
baiflent, & vent quelquefois fe renfermer de
rechef dans la concavité des pétales. Nous avons
pareillement remarqué dans celles duZigophyllum
I febago, des mouvemens a fiez fenfibles ; elles s’alon*
| gent l’une après l’afutré hors dq la corolle pour
venir préfenter leurs anthères au Commet du fligmate.
Les étamines du Dïdamnus albus. L. genre
qui appartient aufïi à la famille des Rues, nous
offriront encore une observation curieufe & favorable
à no: re opinion. Avant la fécondation les
filets font abaiflès vers la terre, de manière qu’ils
touchent, pour ainfi d i r e l e s pétales inférieurs.
Auflitôt que les bourfts font prêtes à s’ouvrir , &
que l ’aôion du piflil irrite les étamines , leurs
filets lé courbent en are vers lé ftyle les uns après
les autres -r par ce mouvement les anthères viennent
fe placer immédiatement au deflus du fligmate
, & les pouffières féminales ne peuvent manquer
de tomber lur cet organe 8c de le féconder.
Si l’on obferve les étamines des Capucines ( Tro-
paolum ) , lorfqüe les loges font fur le point de
.s’ouvrir, on appercevra facilement que l’extrémité
de chaque filet fe fléchit en-arc , 8c qu’il
porte fo-ri anthère du côté du ftyle. Ce rapprochement
e ft, à la vérité, beaucoup, moins prompt
& moins fenfible que dans le Dt clam nus albus. L.
Enfin , le Géranium fufeum , le Géranium Alpi-
num , L. le Géranium rejlexum, L. vont encore
nous faire connoître un phénomène analogue à
ceux que nous venons de rapporter, & qui ne doit
pas être paffé fous filence; les étamines de çes
plantes, avant l’ouverture des anthères, font.toutes
fléchies de manière que leur Commet regarde
le centre de la corolle. Dès l’inftant où les loges
commencent à- s’ouvrir , les filets qui les Contiennent
s’élèvent vers le fty le , & chacune d’elles
vient ordinairement toucher le fligmate qui lui
correfpond. Celles des Ancolres fe redreflent à peu
près de la même manière peu de temps après l’épanoui
fiement de la fleur.
A quelle caufe voudroit-on attribuer ces fortes
de .mouvemens, fi ce n’eft à l ’aéiion du piflil
même , qui excite dans chaque étamine urtorgafme
analogue en quelque forte à celui que nous con-
noifions dans les parties fexueiles des animaux. En
effet', fi ces mouvemens ne dépendent pas d’une
irritation, pourquoi chaque étamine ne s’approche
t-elle du ftyle qu’au moment où les anthères
vont s’ouvrir? & .pourquoi s’en éloigne-t-elle ordinairement
auflitôt après qu’elle a répandu fes
“pouffières fur le fligmate ? Nous allons encore
rapporter plufieurs faits relatifs à ceux que nous
venons de faire connoître ; ils ferviront à prouver
de plus en plus que les mouvemens des parties
fexueiles des plantes ne dépendent point d’une caufe
mécanique. Prenons pour premier exemple lès
Saxifrages : immédiatement après l’ouverture de
la corolle , les dix étamines de la plupart de ces
plantes font écartées du ftyle à la diftance de
quelques lignes ; elles s’en rapprochent enfuîte
crdinai le ment deux à deux, 8c s’en éloignent dans
Je mêrpe ordre après que les pouffières font forties
des loges des anthères. Les étamines dé plufieurs
plantes de la famille dès Caryophyllées , & en-
tr’autres celles des Stellaria , de VAlfine media,
du Moerlingia mufeofa, L. nous ont aufïi laiflé
aepercevoir des mouvemens très diftinéïs vers le
piflil. Celles .du Polygonum Tataricum , L. du
Polygonum P enfyhamcum , L . 8c de la plupart
des autres efpèces qui compôfent ce genre nombreux
, ont des mouvemens prefque femblables à
ceux des Saxifrages -, ils en diffèrent feulement en
ce que leurs étamines ne s’approchent ordinairement
des ftyles que les uns après les autres. Nous
avons pareillement obferve la même contraélion
dans celles du Swertia perennis , L. Les étamines
du ParnaJJïa paluftris f L. s’ alorçgent très-promptement
, leurs filets fe courbent même de manière
que chaque anthère vient fe placer immédiatement
au-defius des ftigmates, 8c après les avoir
fécondés , elles s’en éloignent & s’inclinent vers
la terre.
Si l’on jette les yeux fur la fleur du Sherardia
arvenjis ) L. auflitôt après qu’ elle efl épanouie ,
on appercevra aufïi que les quatre étamines de
cette plante vont les unes apres les autres verfer
leurs pouffières fur le fligmate , & que hon-feule- -
lement elles s’en écartent au bout de quelques
jours, mais qu’elles fe recourbent même & s’abaif-
fent en décrivant une demi-circonférence de cercle.
.Celles de plufieurs Véroniques s’approchent
fenfibjenaent du centre de la corolle immédiatement
au-defius dû ftyle , de manière que les pouffières
tombent perpendiculairement fur le fligmate;
ceci s’obferve très-bien dans le Veronica ervenjis,
L. & dans le Veronica agrejlis , L. Les filets des
étamines des Valérianes font droits & rapprochés
du.ftyle pendant lémiffion des pouffières; dès
qu’elles font forties des loges ,ces filets fe recourbent
en bas comme dans le Sherardia arvenjîs.
Celles du Rkamnus paliurus, L. fe réfléchiflent
encore de la même -manière après la fécondation.
Obfervons maintenant les étamines du Kalrnia.
Chaque fleuq, dans ce genre, en renferme dix.;
elles font maintenues dans une fituation horizontale
au moyen d’un nombre égal de follettes creu-
fées dans la partie moyenne de la|corolle., où le
fomtriet de chaque anthère eft enfoncé. Lorfque
les loges doivent s’ouvrir, on voit les filets fe
courber en arc avec effort pour que l ’anthère puifle
vaincre l’obftacle qui .la retient, & venir répandre
fes pouffières fur le ftyle. -
Les étamines de toutes les plantes que nous
avons obfervées jufqu’i c i , s’approchent du ftyle
les unes après les autres, quelquefois deux à deux
©u même trois à tfois ; celles dû Nicotiana taba-
Clfm , L. vont fouvent toutes enfemble féconder le
piflil, de manière que fi on les obferve dans le
temps où elles tranfmettent leurs pouffières , op
les voit toucher le fligmate , 8c former une couronne
.auteur de cet organe-; elles s’en éloignent
auflitôt après la fécondation. Celles des Delphinium
, des Aconitum 8c du Garidella, nous offrent
encore une particularité qui.mérite d’ être remarquée.
Avant la fécondation , 8c pendant qu’elle fe
fa it , toutes les étain jri es font fléchies 8c ferrées
étroitement contre les. ftyles, elles fe redreflent
enfuite , & s’ éloignent du piflil à mefure qu’elles
lai fient échapper leurs pouffières.
I.çs deux plus courtes étamines des Stachys ont
aufïi une forte de mouvement très-marqué, & qui
paroît avoir du rapport avec celui que nous venons
de faire connoître dans 1 es Delphinium ; avant
l’ouverture des anthères , elles font enfermées
dans la concavité de la lèvre fupérieure de la corolle
, & pofées latéralement contre le ftyle. Auffi-
tôt apres l’émiflion des pouffières, elles s’écartent
l’une à droite & l’autre à gauche, 4 e manière
que l’extrémité du filet déborde même de beaucoup
les-parois latérales de la fleur. Cet écartement
des .étamines eft fi fenfible 8c fi confiant,
que Linnaus a établi le genre des Stachys fur ce
caractère , qui eft abfolument nul avant la fortie
des pouffières féminales. Le m$me phénomène
s’obf'ërve aufïi 'dans quelques efpèces de Leonurus.
Les mouvemens des ctam’ines des Âfarum méri-
ritent d’être rapportés,- elles font , comme l’on
fait , au nombre de douze dans chaque;fleur , &
le ftyle eft un cylindre couronné de fix ftigmates.
Lorsque la corolle eft nouvellement épanouie , les
filets des.étamines font pliés en deux , de manière
que le femmet de chaque anthère eft ppfé fur le
réceptacle de la fleur. Dès que lè temps deftiré à
la fécondation eft arrivé, ces mêmes filets fe
redreflent ordinairement deux à deux, les anthères
deviennent verticales, 8c vont toucher le fligmate
qui leur "correfpond.
Enfin, celles du Scrophularia donnent« encore
des fignes très-fenfibles d'irritabilité. Toutes les
fleurs de ce genre renferment quatre étamines dont
les filets font roulés fur eux-mêmes dans l’intérieur
de la corolle avant la fécondation ; ils fe développent
enfuire, fe redreflent les uns après les
autres , 8c approchent leurs anthères du fligmate.
Nous fommes d’au tant plus portés à reconnoî-
tre l’irritabilité comme caufe des mouvemens qui
viennent d’être indiqués , que dans quelques efpc-
ces, telles que l ’Epine-Vinette , 1’ y uni i a , &
prçfque tous, les C ille s , ils peuvent être accélérés
à volonté en irritant les étamines avec la pointe
d’une épingle.
Nous ne diflimulerons cependant pas qu’il y a
des mouvemens dans les étamines de certaines
plantes qui dépendent abfolument d’une,-aSioni
mécanique ; tels font ceux que l’on a obfervés dans
la Pariétaire 8c dans le Forskalea • la caufe en eft
parfaitement connue. Nous avons aufïi découvert
un mouvement très-prompt & très-fenfible dans
celles des Mûriers & des Orties r que nous n«