
croyons pas devoir attribuer à une irritation. Leurs
filets font pliés en arc, 8c maintenus dans cette
fituation au moyen des parois du calice qui les
compriment latéralement. Si l’on dilate tant foit
peu ces mêmes parois, ou fi l’on fouléve légèrement
les étamines avec la ■ pointe d’une épingle ,
elle fe redreflent fubitement, & lancent au loin
un jet de pouffières. Il n’en eft pas de même des
mouvemens que nous avons cru dépendans d’une
caufe irritante 3 ici les étamines font dégagées de
tout obftacle, & leur contraction eft fi marquée
8c fi confiante , qu’il eft bien difficile de ne pas y ,
reconnoître un principe d’ irritabilité.
Ce principe , il eft vrai, ne fe manifèfte pas
dans toutes les plantes -, il en eft un grand nombre
dont les étamines n’ont offert à nos recherches
aucun figne d’irritation ; telles font celles qui,
parleur pofition naturelle, avoifinentde très-près
le ftyle & le ftigmate , comme dans les Compos
e s , dans la plupart des Labiées, des Perfonnées,
des Verveines, des Pervenches, des Phlox , des
Primevères, des Borraginées, desPapilionacées,
&c. Nous, n’avons aufii obfervé que des mouve-
mens élaftiques dans celles des plantes dioïques
& monoïques , encore y font-ils affez rares -, enfin
il exifte plufieurs plantes, même hermaphrodites,
dont les étamines , quoique naturellement éloignées
des ftyles, ne laiffent cependant appercevoir
aucun mouvement fenfible. Celles des Crucifères ,
dss Pivoines, des Pavots , des Renoncules , des
Millepertuis , 8cc. font de ce nombre.
Les anthères des plantes dioïques renferment
des poufiières dont les globules, obfervés' à la
loupe , nous ont paru en général beaucoup plus
fins que ceux des plantes fiermaphrodites. Le vent
les enlève avec facilité , & c’eft par ce moyen que
la fécondation de ces plantes fe fait quelquefois à
de grandes diftances.
Des mouvemens des organes fexuels femelles 3
Apres avoir expofé les phénomènes les plus inté-
reflans que nous ont offert les divers mouvemens
des organes fexuels mâles ,-nous allons faire con-
noitre ceux que nous avons découverts dans les
ftyles, 8c même dans quelques ftigmates -, ils font
moins univerfels & moins apparens en général que
ceux des étamines ; comme fi la loi qui porte pref-
que tous les maies des animaux à rechercher les
femelles , s*étendoit aufii jufqu’aux fexes des
plantes.
On peut cependant établir pour principe général
que ü les étamines égalent le piftil en longueur ,
alors elles fe meuvent vers cet organe;fi au contraire
elles font fixées au-deflbus des ftyles , ceux-
ci sabaiffent plus ou moins fenfiblement du côté
des étamines : nous allons en citer quelques exemples.
Si l’on obferve les ftyles des paffiflom auffitot
que la fleur eft épanouie, on voit qu’ils font droits
& rapprochés les uns des autres au centre de là
corolle. Au bourde quelques heures, ils s’écartent
de s’abaiflent enfemble vers les étamines , de
manière que chaque ftigmate touche l’anthère qui
lui correspond. Us s’en éloignent fenfiblement
après avoir été fécondés. Ceux des Nigella ont
encore un mouvement à peu près femblable, &
même plus marqué. Avant la fécondation, leurs
ftyles font droits comme ceux des P aj.fifora , &
réunis en un paquet au milieu de la fleur. Auffitot
que les anthères commencent à laiffer fortir leurs
pouffières, les ftyles fe fléchiffent en arc , s’abaif*
font, & préfentent leur ftigmate aux étamines
qui font fituées au-deffous d’eux -, ils fe redreffent
enfuite , 8c reprennent la même fituation verticale
qu’ ils avoient auparavant. Ces mouvemens font
très-faciles à appercevoir. Linnceus les avoit déjà
reconnus dans le Nigella arvenfis'cornuta. C. B.
Le ftyle du Lilium fuperbum , L,. fe réfléchit vers
les étamines , puis il s’en écarte après qu-’il a été
fécondé. Le même phénomène a encore lieu dans
les Scrophulaires ; le ftyle s’abaiffe fur la lèvre
inférieure de la corolle , 8c fe recourbe en bas peu
de temps après qu’ il a reçu.les pouffières fémi-
nales. Celui de VEpilobium angufhfolium, L. & de
YEpilobium fpicatum , Lam. eft abaiffé perpendiculairement
vers la terre entre les deux pétales inférieurs
, de manière qu’il forme un angle d’environ
quatre-vingt-dix degrés avec les étamines lorfque
la fleur eft nouvellement épanouie 5 mais peu de
temps après il commence, à s’élever vers les étamines,
&lorfqu’il eft parvenu à leur niveau , fes
quatre ftigmates, qui avoient été rapprochés juf-
qu’alors, s’écartent & fe.recourbent en forme de
corne de Bélier du côté des anthères. Cette tendance
du ftyle vers le&Jftamines^eft fi forte dans
les deux efpèces à'Epilobium dont je viens de
parler, que des corps légers que j’y avois fufpen-
dus , n’ont point empêché leur élévation.
Les trois ftigmates de la Tulipe des jardins,
Tulipa -Geftieriaria , L. font très-dilatés avant la
fécondation, & m’ont paru fe refferrer fenfiblement
après l’émiffion des pouffières. Linnceus avoie
fait une obforvation femblable dans la Gratiole 3
Gratiola ( dit cet Auteur ) cejlro venereo agitata,
pifldlum jligmate hiat nil niji mafeulinum pulverem
affectans, at faîiata riclum Claudit. Hort. Cliff. 9t
Les divers mouvemens des organes fexuels des
plantes dont nous avons rapporté des exemples fi
frappans & fi multipliés , nous paroiffent tenir à
leur vie même , & on ne peut, félon nous , leur
refufer le nom d? Irritabilité. Cette force motrice
a été généralement reconnue & avouée dans les
feuilles d’un grand nombre de plantes , pourquoi
nel’admettroit-onpas auffi dans les organes fexuels
dont les mouvemens font auffi marqués 8c auffi
conftans que çeux’des feuilles. Les uns & les autres
nous paroiffent dépendre d’une caufe commune,
qui eft la vie végétale ; comment concevoir
même qu’une plante quelconque puiffe êu'0
fécondée, fans reconnoître un principe à'irritabilité
dans les "organes deftinés à fa reproduction?
On pourroit demander maintenan t pourquoi les
organes fexuels ne donnent des lignes d?irritabilité
que dans le temps de la fécondation , tandis que
cette force eft toujours prête à fe maniféfter dans
les feuilles , par exemple,, ou dans toiité autre
partie , lorfqu’elle y rende? U me femble qu’il eft
facile de' répondre à cette queftion : 01T fait que
les parties fexuelles n’arrivent au terme de leur
développement parfait qu’après l ’épanouiffement
de la.fleur, 8c quelles fe flétriffent dès que la
fécondation a été opérée 3 tandis que les feuilles
cônfervent leur état de perfection pendant longtemps;
il n’eft donc pas étonnant que Y irritabilité
foitr toujours prête à s’y maniféfter. Les organes
fexuels des plantes ont même en cela quelque'rap-
port avec ceux des animaux dont le développement
ne fe fait qu’après celui des autres parties , & dont
l ’aCtion s’anéantit auffi beaucoup plus promptement.
Vo'udrott-on expliquer mécaniquement la contraction
des parties fexuelles en admettant, par
exemple du côté du filet ou du ftyle desVaiffe^ffic'
plus larges que ceux du côté oppofé , dans lefquels
les fucs circuleroient plus, rapidement au rnpment.
de la fécondation. Dans cette fuppofitionle filet
de l’étamine pourroit facilement fe porter pu fe
plier vers le ftyle , & vice versa ?.Nous répondrons
a cette objection, i°. que tous les vaiffeauxex-,
ternes 8c internes , vus à-la loupe , ont un diamètre
fenfiblement égal; i ° . que quand bien .même
ceux d’ un côté auroient une ouverture plus large
que les autres, on feïoit toujours forcé d’admettre
lin mouvement d irritation pour expliquer l’im-
pulfion fubite des fluides dans les mêmes vaiffeaux.
Tel , eft le réfultat des obfervations que nous
avons faites for les fexes d’un nombre de plantes
fort confidérable. Nous avons rapporté avec exactitude
les faits fimplës tels qu’ils fe font préfentés
h nos recherches 5 ils nous ont paru d’autant plus
intéreffans, qu’ils'fervent encore à confirmer la
fécondation des plantes , & qu’ils étahliffent de
nouveaux rapports emr’elles 8c les animaux-. Nous
penfons' que ces obfervations méritent d’être fui-
vies , & qu’elles peuvent offrir un champ vafte à
la fag^cite des Naturaliftes. »
’ I s c h æ m u m y genre de plante
uni obee , de la famille des Graminées , qui paroît
avoir des rapports avec le Spinier , 8c qui comprend
des herbes exotiques, à fleurs difpofées en épi
germinal, 8c dont le çaraâère effentiel eft d’avoir ,
, ^ es caliçes à deux fleurs dont une eft hermaphrodite,
munie d’une bâle bivalve, de trois
tatfunes, & de deux ftyles ; & l’autre eft mâle,
vec une baje auffi bivalve , & trois étamines.
C a r a c t è r e g é n é r i q u e .
&sfleurs font polygames y elles offrent des baies
botanique. Tome I I I ,
caîicinales, bivalves , tranfverfes , roides , acu-
minées , 8c qui renferment deux fleurs, dont une
eft mâle , & l ’autre hermaphrodite.
' La fleur mâle confifte en une bâle bivalve , 8c
en trois étamines, dont les filainens capillaires
. portent des anthères oblongues.
La fleur hermaphrodite offre, comme la fleur
mâle, une bâle bivalve, 8c trois étamines 5 en
outre un ovaire fupérieur, oblong, chargé de
deux ftyles * à ftigmates plumeux.
Le fruit eft une femence oblongue , linéaire ,
convexe d’un côté f 8c enveloppée par la bâle florale.
-\
E s p e c e s .
I. I scheme mutique, Ifchcemum muticum. L.
Ifchcemum f 'eminibus muticis. Lin.
Tagadi. Rheed. Mal. 12. p. 91. t. 49.
Les tiges de cette Graminée font menues, cylindriques
, fouillées, articulées, d’un vert blanchâtre
; les fciiilies l'ont alternes, graminées, arun-
dinacées, ftriées , chargées de longs poils blancs ;
elles enveloppent les tiges par leur gaîne , & les
recouvrent jufqu’à la naiflance des fleurs. L’épi eft
terminal, petit ou médiocre , feffilé, quelquefois
fimple, quelquefois double ou partagé en-deux.
Cette plante croît dans iTncje & à la côte de Malabar.
Elle aime les lieux bas &_enfoncés. Ses
femeneçs font mutiques, c ’eft-à-dire dépourvues
de barbes. Tp,
1 . I scheme barbup , Ifchcemum arijlatum. L.
Ifchcemum’ feminibus anfiatis. Lin.
Elle reflembJe à la précédente par la ftruchire
de fon épi 8c de fes fleurs ; mais fes tiges font plus
élevées , fon épi eft plus long , & foutenu fur un
pédoncule nu. Les femences font munies chacune
d’une barbe torfe , plus longue que la bâle florale.
Cette efpèce croît à la Chine.
ISNARDE des marais , I sN A R D IA palufïris.
Lin. Fl. Fr. n°. 938. Aftion^ Fl. Ped. r.°. ao66.
G taux major palufïris , flore herbaceo. Morif.
Præl. 261. Raj. Hift. 1102." 8c Suppl. 635. Bocc.
Muf. 105. t. 84. f. 2. Dantia palufïris. Pet. Gen.
49* 49* Dnntia foliis fubovatis pediculatis , y?oribus
in foliorum alis fejjilibi^s. ' Guett. Stanip. 1 .
p. I I 5. Alfine palufïris ro lundi folia repens , foliis
portulacce pinguibus. Lind. Alfat. 114. t. a. Ocy- ’
mophyllum. Buxb. Aéf. 4. 277. t. 27.
Plante de la famille des Salicaires, qui ref-
femble beaucoup par fon port à la Péplide portu-
lace'e; mais dont les feuilles font plus grandes &
moins arrondies. Elle conftitue un genre particulier
, dont le'caraélère effentiel eft d’avoir ,
Un calice quadrifidc • point de corolle y quatre
étamines ; une capfuie quaariloculaire, entourée
par le calice.
Les tiges de cet te-.pl an te font herbacées menues
, cylindriques, glabres , fouvent rougeâtres,
R r