
Cet arbriffeau croît naturellement au Malabar,
dans l ’Inde, & félon Miller , dans l’Ifte de T'a~
bago, où les bois en font remplis. On le cultive
en Europe , & on le préfère au précédent à caufe
de la beauté de fes fleurs. "5 . ( v. v. ) Il fleurit
toute l'automne, & pendant une grande partie de
l ’hiver. Comme il eft un-peu délicat, on le tient
dans notre climat en pot ou en caiffe , &: on lui
fait palier l ’hiver dans l ’Orangerie. Oh le multiplie
en le greffant fur le J afin in commun. On fait
avec fes fleurs 8c l’huile de Ben , une huile odorante
qu’ on apporte d’Italie 8c de Provence , fous
le nom à? Huile ou Effence de Jafmin. Les Parfumeurs
en font ufage.
3. J a sm in des Açores, Jafminum A^oricum.
L. Jafminum foliis ovvofiti-s ternatis. Lin. Hort.
Cliff. 5. Kniph. Orig. Cent. 9. n°. 51. Mill. Diét.
n°. 6.
Jafminum A[oricum , flore albo. Tournef, 597.
Jafminum A^oricum trifoliatum, flore albo odora-
tiflimo. Cominel. Hort. 1. p. 1 59. t. 82.. Raj. Suppl.
Dendr. p. 63. Jafminum album trifoliatum , flore
magno. Plufc. Alm. 195. 3 Ia> 'Sed foliola
perperam apice obtufa-.
jS. Jafminum fylvejîre triphyllum , florïbus ru-
bellis umbellatis. Burm. Zeyl. 127. t. 58. f. I.
Jafninummyrjinites triphyllum Malabarienfe, &c.
Pluie. Alm. I95. t. 303. f. 2.
I l forme un arbrifleau toujours v ert, d’un afpeél
fort agréable , & qut eft bien diftingué des autres
Jafmins par lé caraétèrè de fes feuilles. Comme
dans notre climat l ’on eft obligé de le renfermer
l ’hiver dans la ferre-chaude , ou au moins dans
l’Orangerie, 8c par conféquent de le tenir en pot
ou en caiffe , il ne s’y élève qu’à trois ou quatre
pieds de hauteur. Ses rameaux font nombreux ,
cylindriques, verdâtres, foutiennent un feuillage
brillant, d’un vert un peu foncé. Ses feuilles font
oppofées, pétioiées , compofees chacune de' trois
folioles plus grandes que celles des autres Jafmins,
ovales , élargies & comme en coeur àleur bafe,
pointues à leur fommet , liffes, luifantes, pétioiées
, & dont la terminale eft ,plüs grande que les
deux autres. Les fleurs font blanches, un peu plus
petites que celles du Jafmin commun, & d’une
'odeur douce, très-agréable ; elles viennent aux
extrémités des rameaux, & même dans les aiffelles
des feuilles fupériéures, en cîmes corymbifcrmes ,
prefque paniculées;, 8c affez garnies. Sous les divisons
des pédoncules , on trouve des braâées
courtes y pointues-& étroites. Les dents calicinales
font plus courtes que dans les deux efpèces précédentes.
Ce- Jafmin croît dans les ïfles Açores , & eft
cultivé au Jardin du R o i, où il fleurit abondamment.
L’hiver, il contribue à l’ornement de l’Orangerie
de ce Jardin. On le multiplié en le greffant
fur le Jafmin-commun, fi) . ( v. v. ) La plante &L
qui croît au Malabar & dans l’ Inde , nous paroi t
former au moins une variété de celle que nous
vehons de décrire ; les folioles de fes feuilles ne
font point élargies à leur bafe comme celles du
Jafmin des Açores.
4. J a sm in à feuilles de Troè’ne , Jafminum
ligufirifolium. Jafminum foliis oppofîtis Jîmplicibus
■ lanceolaùs craffiufculis. N.
Ç’eft une nouvelle efpèce fort remarquable par
fon feuillage , étant ja(qvu’à préfeht la feule connue
qui n’ait point de feuilles compofees. Elle eft
différente du Jafminum Capenfe n . 7 de Miller,
qui n’eft point un Jafmin, mais qui eft la Gardènc
; nv. 1 de ce Diélionnaire.
Ses tiges font droites, ligneufes, branchues,
un peu lâches, & hautes de trois pieds ou environ
; elles s’éleveroient vraifemblablement davantage
fi l ’on pouvoit rie point tenir la plante en pot,
& la mettre en pleine terre comme dans fon lieu
natal. Ses rameaux font cylindriques, verdâtres,
glabres , plians, feuilles, & n’ont point aux noeuds
de ftipules , comme les Gardènes, les Caffeyeps,
& les autres plantes de la famille des Rubiacéès,
qui ont des ftipules interfoliacées bien diftinéies.
Ses feuilles font oppofées ( à oppofi trions fou vent
imparfaites ) , toutes très-fimples , lancéolées ,
pointues, entières , un peu charnues, verdâtres,
glabres, prefque trinerves , 8c portées for des pétioles
courts. Elles ont deux pouces & demi à
trois pouces de longueur , fur une largeur de huit
à dix lignes. Les fleurs font blanches , difpofées
comme celles du Jafmin commun , en un corymbe
terminal & médiocrement garni. Leur calice eft à
cinq dents courtes , & le limbe de leur corolle a
cinq lobes , comme dans les vrais Jafmins. Cet
arbufte eft cultivé^depuis peu au Jardin du Roi :
on le dit originaire du Cap de Bonne-Efpérance,
T?* (v- '
* * Feuilles alternes,
5. J a sm in à feuilles de Cytife , Jafminum fru-
ticnns. L. Jafminum foliisaltérais ternatis fimpli-
cibufque , ramis angiàdtis. Lin. Hort. Cliff. 5 Mill.
Dich n«. 3. Hort. Angl. t. 6. Kniph. O ig. Cent. 1.
n°- 4*- ' ; . 7 ;
Jafminum lùtèiïm , vulgo diezum bacciferum.
Bauh. Pin. 398. Tournef. 597. Raj. Hift. 1600,
n°. 4. Trifolium friiticans , quib ufda m.pole mon iu ni
flore lùtéo. J. B. I. p. 374. Trifolium frutkans.
Dod. Pempt. 571. Folèmomum Monfpelienjïupi.
L o b . J e . 1. p . 5 2 .
Lorfque ce Jafmin n’eft point garni de fleurs ,■
on pourroit le prendre pour un Cytife , ou pour
un Genêt très-analogue au Genêt à balais n°. 2^
de ce Dictionnaire ; àùfii Jean Bâubin l’a-t-il place
dans fon Hiftoire des plantes^ parmi les Cytifos qui
y font mentionnés.
Il pouffe de fa racine quantité de tiges ligneufes
droites .pour la plupart , fort ram eu fes , menues
y 8c qui s'élèvent.à la hauteur de cinq ou fus
j A S
pieds Ses rameaux font grêles , effiles, verts ,
anguleux & flexibles. Ses feuilles font petites.,
alternes , nombreufes, la plupart ternees , mais
fimples vers le fbmmet des rameaux. Les feuilles
tetnées ont leurs folioles oblongues , prelqu obtu-
fés & portées fur un pétiole commun : ces folioles
font glabres , vertes, un peu fermes ou coriaces,
jges fleurs font jaunes , prefqu inodores, terminent
les grands & les petits rameaux des côtés, & font
difpofées deux ou trois enfemble fur des pédoncules
courts. Leur calice eft divifé au-delà de moitié
en cinq découpures linéaires , très-étroites. Cet
arbriffeau croît dans les Provinces méridionales de
la France , le Dauphiné , les régions auftrales de
l’Europe , & le Levant, dans les haies : on le cultive
comme ornement dans les Jardins, fi) . ( v. v.)
Il forme d’affez jolis buiffons , & fleurit dans le
mois de Mai. Les baies noires que fes fleurs pro-
duifent peuvent fervir à le multiplier j mais il eft
plus cô'urt & plus ailé de le faire par les rejetons
nombreux qui naiffent de fa racine.
6. Jasmin d’Italie v Jafminum humile. L. Jafminum
f oliis altérais ternatis & quinato-pinnatis^, ,
foliole ter min ali fubacuto , ramis angulatis. N. j
Jafminum f . gelfeminum liiteum. J . B. 2. p.' 102. j
Tournef. 507. Raj. Hift. 1599. n°. 2. Jafminum j
humile ïuteutn. Bauh. Pin. 397. J fminum luteum.
Lob. Ic. 2. p. 106. Befl. Eyft. Æftiv. t. 40. f. 2.
Jafminum Mill. Diét. n°. 2. Knipn. Orig. Cent- 5»
n". 45..- Knorr. Del, Hort. 1. t.
Petit arbriffeau de trois pu quatre pieds , dont
les tiges font droites , rameufes, & qui a un
feuillage d’un vert agréable , brillant ou comme
glacé. Ses rameaux font menus, verdâtres,. un peu
anguleux, droits , & feuilles. Ses feuilles font plus
grandes 8c moins nombreufes que celles de l’efpèce
ci-deflus : elles font alternes, pétioiées , & les
unes font pinnées à cinq folioles ( ce que nous
affurons d’après les pieds vivans au Jardin du R oi,
& d’après les exemplaires de notre Herbier ) , les
autres font fimplement ternées , & quelques-unes
fituées au fommet des rameaux fleuris, fe trouvent
tput-à-fait fimples. Les folioles de ces feuilles font
ovales, entières , glabres, larges de fjx à neuf
lignes, &: ia terminale, qui eft un peu plus grande
que les autres , eft en même temps plus pointue.
Les fleurs font jaunes , prefque fans odeur, petites,
& difpofées trois ou quatre enfomble au
fommet des rameaux, fur des pédoncules courts.
Les calices font petits, & ont des dents extrêmement
courtes. Les corolles ont les divirions de
leur limbe obtufés. Ce Jafmin eft cultivé au Jardin
du Roi, où il fleurit plus tard que le précédent.
T7 • ( v. v. ) On lui donne communément le nom
de Jafmin jaune d’ Italie, parce que, dit-on, les
Italiens qui apportent des Orangers dans nos climats,
apportent aufïi de ces Jafmins.
Il paroît, d’après ce que dit M. Willich ( Obf.
n°* 96* ) > qu’ il en exifte une variété qui n’a que
J A S 21^
dés feuilles ternées 8c des feuilles fimples. Tl y a
même apparence que cette variété eft ancienne ; car
Jean Bauhinie repréfènte avec des feuilles pinnees ,,
comme nous le voyons ici maintenant, & Lobel
le figure avec des feuilles uniquement ternées.
7. J a sm in Jonquille , Jafminum odoratiffimumi
Lin. Jafminum foliis altérais obtufis ternatis pin-
natifque , ramis teredbus. Lin. Hort. Upl. 5- Mill.
Diéî. n°. 5.
Gclfiminum Indicum flayum ’odorat’fjimum,
Ferr. Cuit. 393. Raj. Hift. 1600. n°. 3. Gdjemi-
num trifolium odoranjjimum fempervirens exoti-
cum f Indicum. Barrel. Ic. 62.
g. Idem foliis ternatis ,‘ fummis Jîmplicibus.
C ’eft un bel arbriffeau q u i, par la nécefiité où
l’on eft de le tenir en pot ou en caiffe dans ce climat
, ne s’élève qu’à quatre ou cinq pieds. Sa
tige eft ligneufe, ferme, droite, & garnie de
beaucoup de rameaux qui foutiennent un feuillage
d’un vert brillant & perenne. A i’occarion des
feuilles, je dirai de ce Jafmin ce que Willich a
dit de l’efpèce ci-deflus •, favoir, que les individus
vivans actuellement au Jardin du Roi, ni les rameaux
defféchés de mon Herbier, n’ont aucunes
feuilles pinnées , comme l’indiquent la phràfe ca-
radériftique de Linné & la figure citée de Ferrare *,
& cependant la plante figurée par Ferrare appartient
véritablement à l’efpèce dont je traite'ici,
qu’il faut peut-être diftinguer en deux variétés ,
comme dans l’ efpèce précédente.
Au refte , le Jafmin Jonquille que j’ai maintenant
fous les yeux , a fes rameaux glabres, cylindriques
, moins anguleux que ceux des efpèces
ci-deflus , néanmoins munis de quelques angles ou
lignes relevées 8c courantes , qui proviennent de
la décurrence des pétioles. Les feuilles font alternes,
pétioiées, la plupart ternées , & quelques-
unes très-fi triples ri tuées au fommet des rameaux.
Les folioles font affez grandes , ovales , obtufes
! ( plus obtufes que dans la variété qui a des feuilles
pinnées ) , uiï peu fermés ou coriaces, luifantes ,
& d’un beau Vert j leur pétiole eft légèrement
margirié’. Les . fleurs font jaunes , répandent une
odeur de Jonquille tfès-agréable, & naiffent au
fommet des rameaux, en bouquets corymbifor-
mes , fur des pédoncules courts 8c rameux. Les
calices ont des dents, courtes ; les divifions du
limbe de la corolle font obtufes, & deux fois plus
courtes que le tube.
Cet arbrifleau pafle pour originaire de l’ Inde ,
c’eft au moins le fentiment de Miller , qui peut
être fondé ; mais cela n’eft pas exclurif, car j’en
ai trouvé des rameaux dans l’Herbier du Cap de
Bonne-Efpérance que m’a communiqué M. Son-
nerat. Au Jardin du Roi , on le tient l ’ hiver dans
l’Orangerie, . ( v . v .) Il fleurit pendant tout
l’été & une grande partie dp l’automne. On le
multiplie par marcottes.